Jean Jaurès, Revue de l’enseignement primaire et primaire supérieur, octobre 1908   Mise à jour récente !


« La plus perfide manœuvre des ennemis de l’école laïque, c’est de la rappeler à ce qu’ils appellent la  »neutralité », et de la condamner par là à n’avoir ni doctrine, ni pensée, ni efficacité intellectuelle et morale. En fait, il n’y a que le néant qui soit neutre […]. Rien n’est plus facile que cette sorte de neutralité morte. Il suffit de parcourir la surface des choses et des événements sans essayer de rattacher les faits à des idées, d’en pénétrer le sens, d’en marquer la place […]. Le difficile, au contraire, pour le maître, c’est de sortir de cette neutralité inerte sans manquer à la justice […]. Mais qui ne voit que cet enseignement, où l’équité est faite non d’une sorte d’indifférence, mais de la plus large compréhension, suppose chez le maître une haute et sérieuse culture ? Cette façon d’enseigner l’oblige à un perpétuel effort de pensée, de réflexion, à un enrichissement constant de son propre esprit […]. Mais le sentiment même de cette difficulté sera pour l’enseignant un stimulant admirable à l’étude, au travail, au progrès incessant de l’esprit. La neutralité, au contraire, serait comme une prime à la paresse de l’intelligence, un oreiller commode pour le sommeil de l’esprit ».

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