Jules Ferry, Discours au Congrès pédagogique des instituteurs et institutrices de France du 19 avril 1881    Mise à jour récente !


« Ne souffrez pas qu’on fasse jamais de vous des agents politiques ! […]. La politique contre laquelle je tiens à vous mettre en garde, est la politique militante et quotidienne, la politique de parti, de personnes, de coterie ! […]. Nous nous entendons bien, nous ne rééditons pas ici la formule qui fut célèbre dans les dernières années de l’établissement si difficile, si contesté de la République, cette formule du fonctionnaire qui disait : ‘’ Je ne fais pas de politique !’’. Nous ne l’entendons pas ainsi : je ne dirai pas, et vous ne me laisseriez pas dire qu’il ne doit pas y avoir dans l’enseignement primaire, dans votre enseignement, aucun esprit, aucune tendance politique. Pour deux raisons : d’abord, n’êtes-vous pas chargés, d’après les nouveaux programmes, de l’enseignement civique ? C’est une première raison. Il y en a une seconde, et plus haute, c’est que vous êtes tous les fils de 1789 ! Vous avez été affranchis comme citoyens par la Révolution française, vous allez être émancipés comme instituteurs par la République de 1880 : comment n’aimeriez-vous pas et ne feriez-vous pas aimer dans votre enseignement et la Révolution et la République ? Cette politique là , c’est une politique nationale; et vous pouvez et vous devez la faire entrer sous les formes et par les voies voulues, dans l’esprit des jeunes enfants. Mais la politique contre laquelle je tiens à vous mettre en garde, est celle que j’appelais tout à l’heure la politique militante et quotidienne, la politique de parti , de personne et de coterie! Elle se fait, elle est nécessaire, c’est un rouage naturel, indispensable dans un pays de liberté; mais ne vous laissez pas prendre dans cet engrenage: il vous aurait bien vite emportés et déconsidérés tout entiers ».

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