Mary C. LAMIA, Marilyn J. KRIEGER, Le syndrome du sauveur, pp. 250-252   Mise à jour récente !


« Bien qu’il y ait des différences importantes d’une catégorie de sauvé à l’autre, les sauvés dans leur ensemble ont souvent vécu des expériences similaires susceptibles d’expliquer leur condition. Parmi celles-ci, on trouve la maltraitance et le besoin temporaire d’être secouru.

Les sauvés maltraitants et maltraités.

Il existe dans toute relation un potentiel de violence ; cependant, nous avons constaté que ce potentiel augmentait dans une relation entre un sauveur terroriste/terrorisé et un sauvé, ou entre n’importe quel type de sauveur et un sauvé rapace. Selon notre expérience, un homme ou une femme vivant avec un partenaire violent a tendance à manquer d’une estime de soi saine. Dans la mesure où ils ne possèdent pas de perception de lui-même rassurante, rien ne les empêche d’endosser la honte, la vulnérabilité et la méchanceté qui appartiennent de fait à leur partenaire maltraitant. Malheureusement, de nombreuse personnes restent dans ce type de relation et subissent la maltraitance de leur partenaire simplement pour pouvoir se sentir en lien avec quelqu’un.

Les sauvés qu’on maltraite et les sauveurs qui sont maltraités par les partenaires qu’ils ont secourus, se sentent « coincés » dans leur couple, et ce pour de nombreuses raisons. Tout comme les enfants maltraités […] [ils sont] incapables de concevoir qu’une personne qui prétend l’aimer peut l’accabler de violence, de rage et de haine. Pour rendre ces faits acceptables et rester avec son/sa partenaire, la personne maltraitée va modifier sa perception de soi et de la réalité : elle va se dire qu’elle mérite cette violence, minimiser celle-ci, ou encore trouver des excuses à son/sa partenaire. Quoi qu’il en soit, en ne mettant pas fin à cette relation, elle endosse la honte et la méchanceté de son tortionnaire.

L’espoir que le partenaire changera ne fait que fournir la rationalisation nécessaire à la poursuite d’une relation malsaine. Souvent, c’est la peur de se retrouver seule ainsi que la crainte de n’être pas à la hauteur d’un partenaire « sain » qui motivent une personne maltraitée à laisser perdurer sa relation avec son/sa partenaire maltraitant(e). Elle peut également le faire par culpabilité, mais aussi à cause d’un sentiment temporaire de pouvoir si son/sa partenaire exprime du remords ou fait preuve de vulnérabilité. Une profusion d’excuses et de promesses de changement de la part de celui-ci/celle-ci donne au/à la partenaire maltraité(e) un sentiment d’importance, de contrôle et d’espoir aussi passager qu’erroné ».

Mary C. LAMIA, Marilyn J. KRIEGER, Le syndrome du sauveur, Eyrolles pp. 250-252.

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