Hobbes, Silence des lois


« Étant donné qu’il n’existe pas au monde de République ou l’on ait suffisamment établi de règles pour présider à toutes les actions et paroles des hommes, il s’ensuit que dans tous les domaines d’activité que les lois ont passé sous silence, les gens ont la liberté de faire ce que leur propre raison leur indique comme leur étant profitable. Car si nous prenons le mot de liberté dans son sens propre de liberté corporelle c’est-à-dire de n’être ni enchaîné ni emprisonné, il serait absurde de la part des hommes de crier comme ils font pour obtenir cette liberté dont ils jouissent. D’autre part si nous entendons par liberté le fait d’être soustrait aux lois, il n’est pas moins absurde de la part des hommes de réclamer comme ils font cette liberté qui permettrait à tous les autres de se rendre maîtres de leurs vies. Et cependant, c’est bien ce qu’ils réclament; ne sachant pas que les lois sont sans pouvoir pour les protéger s’il n’est pas un glaive entre les mains d’un homme pour faire exécuter ces lois. La liberté des sujets ne réside par conséquent que dans les choses qu’en réglementant leurs actions le souverain a passées sous silence par exemple la liberté d’acheter, de vendre et de conclure d’autres contrats avec les autres ; de choisir leur résidence, leur genre de nourriture, leur métier; d’éduquer leurs enfants comme ils le jugent convenable. »

Hobbes, Le Léviathan

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