Le mot du président à l’Assemblée Générale des Centres Socio-culturels des 3 Cités mai 2010   Mise à jour récente !


Les mots successifs que j’ai écrit aux différentes Assemblées générales sont toujours l’occasion de me permettre de théoriser le Centre socio-culturel des 3 Cités et ses actions et de vous en entretenir. La 1ère année ce fût sur le social, la deuxième année sur le culturel la 3ème année sur l’associatif. Je reviendrai cette année sur la question du social, du point de vue non pas du contrôle mais de l’élimination.

Jeudi dernier nous étions quelques uns à participer au débat sur le devenir des associations. Il s’agissait pour nous, un an après l’action collective du 25 mars 2009, de faire ensemble le bilan. A la lumière de ce qui se disait, il a été clair pour moi que nous n’étions plus dans un système de contrôle mais plutôt de sélection sociale. Nous ne sommes plus, comme l’énonce la définition du contrôle social, dans un ensemble de mécanismes sociaux de régulation des comportements d’individus et des groupes d’individus les rendant conformes aux normes et valeurs établies mais dans un système de purification sociale où la concurrence vise non pas à sélectionner les meilleurs mais à éliminer les moins aptes.

Nous sommes au-delà de la perspective d’amélioration de l’homme, de le surveiller et le punir en vue de l’éduquer et de lui donner une morale. Nous sommes dans une perspective de sélection sociale pour éliminer les faibles. Nous avons dépassé le libéralisme qui, en postulant que tout le monde est sur la même ligne de départ, le même chemin doit s’offrir à tous et ce sont les plus forts ou les meilleurs qui arrivent les premiers, cherchait à déterminer ceux qui auraient les meilleures places. Nous avons renoué avec les heures sombres de notre histoire et l’idéologie d’extrême droite. Il s’agit dorénavant de préciser ceux qui doivent être éliminés.

Un documentaire intéressant, « Un monde sans fous », est passé à la télévision sur la Cinquième il y a quelques temps. Les psychiatres étaient unanimes pour dénoncer la criminalisation de la folie. La collusion de la psychiatrie ouverte et du libéralisme à conduit à supprimer de nombreux lits dans les hôpitaux psychiatriques, ce qui a eu comme effet de pousser les malades mentaux dans les prisons et dans la marginalité, ayant pour conséquence une élimination, certes douce, par les suicides en prison et les morts dans la rue, de SDF. Ces psychiatres ont parlé d’une véritable extermination des malades mentaux de la même nature que celle qui a eu lieu, lors de l’occupation, dans les asiles transformés en camps de concentration, qui a coûté la vie à 40 000 personnes.

Nous avons donc affaire aujourd’hui au retour d’une une véritable purification sociale. Elle ne prend pas la place des anciens procédés de répression mais elle les complète. L’amélioration de l’homme (Surveiller et punir), le contrôle et l’élimination s’articulent dorénavant dans une politique de purification sociale.

C’est pour cela que le gouvernement, non seulement continue d’utiliser les associations pour améliorer les hommes et pour faire du contrôle social, mais cherche aussi, leur rendant leur conditions d’existence compliquées, à ce qu’elles n’arrivent plus à tenir leur rôle de redistribution et de soutien aux plus démunis et que ceux-ci, isolés et marginalisés, soient éliminés. Seules les associations acceptant de jouer le jeu de la purification sociale pourront tirer leur épingle du jeu. En clair c’est le désordre social organisé. L’état de nature dans lequel c’est la guerre de chacun contre chacun. l’homme étant un loup pour l’homme. Le libéralisme de façade se transforme tout naturellement en totalitarisme.

L’association des Centres socio-culturel des 3 Cités, reposant sur le social, arrive encore a échapper et à l’amélioration et au contrôle et à l’élimination. Le CSC est bien implanté sur le quartier. Il en est, comme je l’ai développé dans l’un des 4 pages, le Centre de gravité. Car il permet à chacun de renouer avec ses appartenances personnelles et collectives. Il permet aussi de mettre en place des relations entre ces diverses appartenances. Son statut d’association lui permet de pouvoir garantir son indépendance politique et, ses actions se fondant sur les besoins des habitants, cela lui permet de pouvoir garantir son indépendance financière.

Au delà de l’amélioration et de l’élimination il y a l’émancipation. Les principes qui guident nos actions, rappelés dans le contrat de projet tout neuf de cette année, s’appuient sur une solidarité toujours défendue avec véhémence. Le but est l’émancipation et le moyen la participation des habitants. Rien n’est organisé s’il n’est décidé ensemble. Déjà, comme nous sommes une association ce sont les bénévoles élus du conseil d’administration qui décident. Déjà au secteur enfant, au secteur jeune et au secteur adultes-familles, les participants ne sont pas considérés comme des usagers et les activités ne sont pas proposées comme un service mais décidées en commun. Déjà, de la fête de quartier au festival Ecoutez-voir en passant par la semaine des Talents et le Carnaval ce sont les bénévoles accompagnés par les professionnels qui organisent. Et pour finir, les nouveaux projets que sont « Avec l’aide de leur parents, tous les enfants peuvent réussir, « Bien vieillir aux 3 Cités et « L’immeuble intergénérationel de la rue René Amand », sont construits sur la participation des bénévoles et des habitants du quartier. Et tout cela conduit à leur émancipation. Trois projets phares en sont le symbole : l’épicerie sociale Pom’Cassis qui a conquis son indépendance, le projet informatique et les matinées salariés-bénévoles.

Je disais déjà aux précédentes Assemblée Générales que le Centre était un lieu de résistance et de proposition. Bien campé sur ses principes forts et soumettant la liberté à l’égalité et à la fraternité, il faut se rendre à l’évidence c’est aussi un lieu d’émancipation.

Pour finir, je voudrais remercier infiniment ici tous ceux qui se sont investis sans compter pour que toutes les actions menées soient réussies. Je remercie les bénévoles qui ont donné beaucoup de leur temps (sans oublier les administrateurs toujours présents). Je voudrais aussi remercier les salariés toujours impliqués dans leurs multiples activités. J’adresse mes remerciements à tous, ainsi qu’à nos partenaires institutionnels et associatifs. J’adresse enfin mes remerciements à tous les financeurs, entre autres, la Ville de Poitiers, la Caisse d’Allocations Familiales, l’Etat, le Conseil Général et tous les autres.

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