Chroniques sur la question palestinienne (3)


Les soldats israéliens, bourreaux ET victimes ?

Dans un article du 21 juin 2024, Ilan Pappe considère que « l’effondrement d’Israël est désormais prévisible »1. Il précise 6 indicateurs : la fracture de la société juive israélienne ; la crise économique israélienne ; l’isolement international croissant d’Israël ; le profond changement observé chez les jeunes juifs du monde entier ; le regain d’énergie de la jeune génération palestinienne et la faiblesse de l’armée israélienne. Concernant ce dernier indicateur il écrit : « Il ne fait aucun doute que Tsahal demeure une force puissante, dotée d’un armement de pointe. Pourtant, ses limites ont été révélées le 7 octobre. De nombreux Israéliens estiment que l’armée a eu beaucoup de chance, car la situation aurait pu être bien pire si le Hezbollah avait participé à une offensive coordonnée. Depuis lors, Israël a démontré sa dépendance désespérée à une coalition régionale, menée par les États-Unis, pour se défendre contre l’Iran, dont l’attaque d’avertissement d’avril a vu le déploiement d’environ 170 drones ainsi que de missiles balistiques et guidés. Plus que jamais, le projet sioniste dépend de l’acheminement rapide d’énormes quantités de fournitures par les Américains, sans lesquelles il ne pourrait même pas combattre une petite guérilla dans le sud.
La perception du manque de préparation et de l’incapacité d’Israël à se défendre est désormais largement répandue au sein de la population juive du pays. Cela a conduit à une forte pression pour supprimer l’exemption militaire accordée aux Juifs ultra-orthodoxes – en vigueur depuis 1948 – et commencer à les enrôler par milliers. Cela ne changera guère grand-chose sur le champ de bataille, mais cela reflète l’ampleur du pessimisme à l’égard de l’armée, ce qui a, à son tour, creusé les divisions politiques au sein d’Israël ».

En fait, nous allons le voir, l’armée, comme d’ailleurs la société israéliennes, sont des géants aux pieds d’argile.

Le 20 mars 2024 Franck Barat recevait Eylal Sivan2 qui expliquait au sujet de l’obéissance à l’ordre donné par Yitzhak Rabin « cassez les membres (des jeunes palestiniens) » par les jeunes soldats israéliens durant la 1ere intifada. « Comment c’est possible que des gens qui ont été élevés dans l’héritage du génocide, qui sont issus d’un peuple avec une tradition de souffrances et d’opprimé arrivent à se conduire de la sorte ? Je pense que là il faut réfléchir à deux choses. On sait bien que sur le plan individuel, les enfants battus ne sont pas forcément des parents cléments. Donc on peut dire qu’il y a ici une forme de répétition psychologique. Mais je ne crois pas que la psychologie individuelle peut s’appliquer au collectif.
L’autre chose, c’est peut-être qu’on a un rapport faussé avec la notion de mémoire. C’est-à-dire, nous prenons la mémoire et nous disons qu’elle est opposée à l’oubli. Il y a cette idée que la mémoire serait un vaccin contre le crime. C’est-à-dire si on se rappelle du crime on va [inaudible]
Eh bien je pense que justement il faut se rappeler que la mémoire n’est pas opposée à l’oubli. La mémoire, elle englobe l’oubli. Là où il y a mémoire, il y a oubli. Et d’une certaine manière l’éducation israélienne, c’est une éducation qui insiste sur l’aspect que nous sommes la victime, nous sommes toujours la victime. Et nous sommes héritiers de la position de victime. Rappelons que « victime » est associée à l’idée d' »innocence », tout ce que nous faisons, tout ce que fait l’israélien, est un acte d’une victime innocente qui se défend. Et à partir de là la mémoire ne devient pas ce qui empêche de commettre le crime mais dévient la permission accordée de commettre le crime. C’est-à-dire elle devient permissive. Et on l’a vu très bien dans les discours d’après le 7 octobre qui étaient : puisque nous sommes les victimes nous avons le droit de tout faire. Et nous sommes innocents jusqu’au bout. Tout ce que nous feront est un acte en réalité d’innocence et d’autodéfense, y compris le processus génocidaire qui se déroule aujourd’hui à Gaza. Ce n’est pas nous, disent les israéliens, c’est le Hamas. C’est-à-dire, nous sommes du côté de l’innocence. Et dans cette période dans laquelle Israël perd sur le plan international, en tout cas les populations, peut-être pas les dirigeants dans lequel le 7 octobre a été profané en réalité par les autorités israéliennes, ma crainte profonde, serait que les israéliens vont chercher à retrouver leur position de victime pour justement retrouver leur innocence. Et ça c’est un processus extrêmement dangereux ».

La thèse d’Eylal Sivan est très intéressante, « les israéliens vont chercher à retrouver leur position de victime pour justement retrouver leur innocence ». Mais, pourquoi ne pas penser AUSSI « que la psychologie individuelle peut s’appliquer au collectif^ » et qu’il y a quand même une « forme de répétition psychologique » ? Nous allons voir comment il existe clairement une «  forme de répétition psychologique » collective ou sociale et comment elle peut s’articuler avec cette question de la mémoire et de l’innocence.

Le 18 novembre 2024 le journal Le Monde publiait un article sous la plume d’Isabelle Mandraud (Sitria, Tel-Aviv, envoyée spéciale) « Des soldats israéliens, bourreaux et victimes, soignés pour des troubles de stress post-traumatique : « Pour vous, nous sommes des monstres, n’est-ce pas ? » »3, dans lequel il était question qu’« après plus d’un an de guerre dans la bande de Gaza, de nombreux appelés et réservistes israéliens, témoins et acteurs de la destruction de l’enclave palestinienne, développent des troubles de stress post-traumatique. Soignés dans un ranch près de Tel-Aviv, deux d’entre eux se sont confiés au Monde ».

Puis j’ai trouvé ce commentaire sur Facebook : « Soldats israéliens, des victimes ? Non.
Ces salopards se vantent de leur crimes sur les réseaux, ils posent tout sourire en se déguisant avec les vêtements de leurs victimes Palestiniennes ou Libanaises, ils formulent clairement des apologies du génocide et de la colonisation sur leurs vidéos en déshumanisant les arabes… et vous voudriez me faire pleurer avec leurs troubles de stress post-traumatique et leur « ouin-ouin » ? Jamais je ne verserai une larme pour ces génocidaires. JAMAIS ».

En effet, les vidéos ne manquent pas du côté des militaires israéliens, qui filment leurs exactions, brandissent leurs forfaits, avec la complicité de leur hiérarchie4. Et des soldats, même des franco-israéliens commencent à se trouver mis en cause devant les tribunaux5. « Une nouvelle plainte pour torture, crimes de guerre, génocide et complicité à l’encontre d’un soldat franco-israélien qui serait l’auteur d’une vidéo montrant dans des conditions dégradantes des hommes présentés comme des prisonniers palestiniens a été déposée à Paris, ont annoncé ce mardi 17 décembre 2024 des organisations de défense des droits humains ».

Mais, est-ce si étonnant que les soldats israéliens « filment leurs exactions, brandissent leurs forfaits, avec la complicité de leur hiérarchie » ? Je reprendrais ici les analyses de Muriel Salmona concernant les personnes psychotraumatisées6.

Toute violence extrême qui agresse ou menace la vie ou l’intégrité physique ou psychique d’une personne, produit sur le coup – je rajouterais : aussi bien sur la victime que sur le bourreauune sidération, un débordement émotionnel extrême qui pourrait être fatal s’il n’y avait pas une dissociation, une disjonction de « l’articulation âme-corps, une dés-association de la pensée et des ressentis , souvent par anesthésie des sensations »7.

La personne agressée, et son ou ses agresseurs, entrent alors en état de stress post-traumatique, dont ils peuvent sortir progressivement s’ils ont été élevés dans un contexte sécurisant et s’y retrouvent ensuite, ou s’ils sont soignés.

Si ce n’est pas le cas, ces personnes vont alors être psychotraumatisées et développer une mémoire traumatique, « véritable bombe à retardement, avec des réminiscences intrusives faisant revivre sans fin les violences [subies ou infligées]8 avec la même souffrance et la même détresse ».

Les personnes psychotraumatisées vont alors tenter de se garantir des flambées de leur mémoire traumatique en mettant en place des conduites de contrôle et d’évitement pour tenter de désactiver des déclencheurs. Ces dernier sont des éléments ou des situations qui peuvent raviver des souvenirs douloureux ou des émotions liées à un événement traumatique passé. Ils peuvent varier d’une personne à l’autre et sont souvent liés à des stimuli sensoriels ou contextuels. Voici quelques exemples de déclencheurs :

  • Stimuli sensoriels : Sons, odeurs, images ou lieux qui rappellent l’événement traumatique.

  • Situations sociales : Interactions avec des personnes ou des groupes qui évoquent des souvenirs de l’événement.

  • Émotions : Ressentir des émotions similaires à celles vécues lors du traumatisme, comme la peur ou la colère.

  • Événements de la vie : Des situations stressantes ou des changements majeurs dans la vie, comme un déménagement, une séparation ou un deuil, peuvent également agir comme des déclencheurs.

  • Célébrations ou anniversaires : Les dates anniversaires d’événements traumatisants peuvent raviver des souvenirs douloureux.

Non seulement les conduites de contrôle et d’évitement alimentent de plus en plus la mémoire traumatique de ces personnes et entraînent une souffrance psychique et une détresse de plus en plus importantes, mais elles ne sont pas toujours efficaces ou ce n’est pas toujours possible de les mettre en œuvre. Par exemple certains déclencheurs comme les dates anniversaires sont impossibles à contrôler ou à éviter, et il suffit quelquefois d’une situation, d’un bruit, d’un son ou d’une odeur inattendus, pour que la mémoire traumatique flambe.

Et, lorsque les personnes psychotraumatisées n’arrivent pas à se garantir des flambées de leur mémoire traumatique par des conduites de contrôle et d’évitement, elle sont forcées de mettre en place des conduites dissociantes.

Comme l’explique Muriel Salmona, lorsque la mémoire traumatique flambe, « Il s’agit de recréer l’état de dissociation et d’anesthésie vécu lors du traumatisme, solution transitoire efficace mais qui à moyen terme va s’avérer catastrophique (car ces solutions vont faire perdurer et augmenter tous les symptômes liés à la déconnexion : troubles de la mémoire, mémoire traumatique, troubles de la personnalité, vulnérabilité au stress, image de soi très négative…).

‏Il y a deux manières de recréer cet l’état de dissociation et d’anesthésie :

− Par le survoltage : il faut augmenter le niveau de stress soit par des conduites dangereuses qui reproduisent le traumatisme initial, soit par des conduites auto-agressives (se faire mal : automutilations, se mettre en danger, tentatives de suicide…), soit par des conduites hétéro-agressives (système agresseur).

− Par un effet “déconnexion-like” : grâce à des drogues ayant un effet dissociant : alcool, cannabis et hallucinogènes (effet antagonistes de la NMDA), héroïne (effet sur les récepteurs opiacés endogènes) ou psychostimulants (effet stress extrême par augmentation des cathécolamines, l’anorexie produit le même effet) ».

Recréer cet l’état de dissociation et d’anesthésie n’est pas non plus sans risque. Nous l’avons vu plus haut, cela conduit à faire empirer tous les symptômes liés à la déconnexion : troubles de la mémoire, mémoire traumatique, troubles de la personnalité, vulnérabilité au stress, image de soi très négative…, mais aussi à créer des possibilités de sur-accidents, c’est-à-dire un ou des traumatismes supplémentaires ou aggravés, et ainsi d’ajouter des traumatismes aux traumatismes pour devenir de plus en plus polypsychotraumatisé.

Lors d’un traumatisme, si la personne n’est pas protégée et secourue, son moi va exploser et se scinder. Une partie de sa psyché deviendra protectrice le plus souvent en s’identifiant à l’agresseur9. Ou, comme l’écrit Ferenzi : « au moment de l’épuisement total du tonus musculaire (crise épileptiforme généralisée , opisthotonos), tout espoir d’un secours extérieur ou d’une atténuation du trauma est abandonné. La mort, qui pour ainsi dire est déjà là, n’est plus redoutée ; disparaissent aussi, bien entendu, tous les scrupules moraux ou autres, au regard de la fin inéluctable, l’individu renonce à toute attente d’une aide extérieure et survient une dernière tentative désespérée d’adaptation, en quelque sorte comme chez l’animal qui fait le mort. La personne se clive en un être psychique de pur savoir qui observe les événements de l’extérieur, et un corps totalement insensible. Dans la mesure où l’être psychique est encore accessible aux sentiments, il porte tout son intérêt vers le seul sentiment qui subsiste du processus, c’est-à-dire le ressenti de l’agresseur. Tout se passe comme si le psychisme, dont la seule fonction est de réduire les tentions émotionnelles et d’éviter les douleurs au moment de la mort de sa propre personne, reportait sa fonction d’apaisement de la souffrance automatiquement sur les souffrances, tensions et passions de l’agresseur, la seule personne à ressentir quelque chose – c’est-à-dire s’identifiait à elles »10.

Que sa mémoire traumatique flambe et elle risque de se comporter envers les autres comme s’est comporté son agresseur envers elle. Et, si elle subit un nouveau traumatisme, cette partie de sa psyché devenue protectrice va exploser et se scinder, et une autre partie deviendra protectrice, le plus souvent en s’identifiant à l’agresseur et ainsi de suite. Nous aurons alors affaire à un « trouble dissociatif de l’identité ou TDI [qui] est une forme grave de dissociation, un processus mental dans lequel il y a un manque de connexion entre les souvenirs, les pensées, les sentiments ou les actions qui donnent un sens à l’identité d’une personne. C’est la raison pour laquelle de nombreuses personnes qualifient ce trouble de « dédoublement de la personnalité », même si les identités peuvent être multiples. Les recherches indiquent que la cause la plus fréquente de ce trouble de l’identité provient d’un traumatisme. La raison en est que l’aspect dissociatif peut être un mécanisme d’adaptation à une situation ou une expérience trop violente, traumatisante ou douloureuse pour être traitée consciemment »11.

Nous faisons aussi l’hypothèse que la perversion narcissique est une manière par excellence de tenter de se garantir des flambées de sa mémoire traumatique. Là encore nous suivrons Muriel Salmona : « C’est une structure, une organisation de personnalité. Elle touche principalement des personnes qui ont des troubles psychotraumatiques de départ. C’est-à-dire qu’elles ont vécu des violences ou elles ont été témoins de violences extrêmes dans le cadre de leur univers familial. Mais ensuite elles choisissent de se traiter en attaquant des victimes et en instrumentalisant autrui. Ils sont conscients et leurs actions sont intentionnelles. Tout est construit avec une préméditation tellement incroyable que les victimes ont du mal à y croire.
L’autre traitement, c’est de gérer son angoisse seul avec des conduites d’évitement ou avec des violences exercées contre soi, des conduites dissociantes où on s’anesthésie soi-même. Il faut traiter les troubles psychotraumatiques. Plus on les traite chez les enfants, moins on risque d’avoir une évolution vers une perversion narcissique »12.

Jean-Charles Bouchoux, dans son livre : Les pervers narcissiques13, nous explique : « Le pervers narcissique structurellement accompli utilise le lien familial, professionnel ou amoureux pour assujettir l’autre. Il a besoin de cette proximité pour exercer son emprise et ne permettre pas à sa victime de prendre de la distance. Il est froid intérieurement, ne connaît pas la culpabilité et n’hésite pas à culpabiliser les autres. Ses valeurs, ses sentiments et son comportement changent en fonction des gens et du contexte qui l’entourent. Extérieurement, il est aimable et peut feindre la compassion et la sympathie. Il est séducteur et, si nécessaire, peut être ponctuellement très serviable, surtout si cela lui permet d’atteindre ses objectifs, bien souvent aux dépends des autres. Il ne prend jamais en compte les besoins et les sentiments des autre, sauf pour s’en servir, manipuler sa victime, l’isoler et l’amener à faire ce qu’il veut. Il est égocentrique, exige de l’autre la perfection. C’est aussi un menteur. Généralement habile avec la parole, il se sert largement du double sens des mots pour manipuler, se positionner en victime pour se faire plaindre ou rendre l’autre volontairement mal à l’aise. Même s’il n’a aucune valeur propre, il utilise la morale et les valeurs des autres pour arriver à ses fins. Il peut mettre en avant des raisons apparemment très logiques pour justifier ses passages à l’acte, il peut être jaloux et infidèle. Il ne supporte pas la critique mais critique sans cesse. Pour se revaloriser, il se nourri de l’image de sa victime : plus il dévalorise, plus il se sent fort ». Pour Anne-Clotilde Ziégler, in Pervers narcissiques14 : « Le pervers narcissique […] n’est pas conscient de ses mécanismes de défense du moi :
– la projection, qui consiste à attribuer à l’autre ses propres pensées, émotions et comportements, parce que les reconnaître comme siens mettrait en danger sa fragile cohérence ;
– le déni de la réalité, qui consiste à méconnaître tout ou partie d’une réalité qui le dérange parce qu’elle menace, là aussi la cohérence de son moi ;
– la distorsion cognitive, qui consiste à exagérer certains aspects de la réalité, à en minimiser d’autres et à mentir pour que celle-ci soit conforme à la lecture qui lui sied ;
– le clivage du moi, qui consiste à ne pas intégrer les aspects de soi dans un tout cohérent, mais de vivre de façon que « la main droite ignore ce que fait la main gauche ». »

Une autre caractéristique du pervers narcissique c’est qu’il est dans la toute-puissance. Comme un enfant de trois ans, il n’a pas de limites. Il est remarquable que c’est de cette dernière dont parle Eylal Sivan, à propos d’Israël, dans son entretien avec Franck Barat recevait du 20 mars 2024 (déjà cité)15 : « [ 17mn00] Je voudrais revenir à quelque chose. Cette question de seuil de violence, de son acceptation, qui permet à Israël à chaque fois de recommencer là où ça s’est arrêté. En hébreu le mot frontière et le mot limite bizarrement c’est le même mot. Israël, je l’ai écrit quelque part, est le seul pays des Nations Unies qui n’a pas déclaré ses frontières, alors que c’est une condition pour être membre. […] Israël n’a jamais déclaré ses frontières, et si on le traduit en hébreu, Israël n’a jamais déclaré ses limites. Israël est un pays, en hébreu, qui n’a pas de limites [17mn56] »

La perversion narcissique est donc une forme de schizophrénie, une psychose blanche. Le pervers narcissique n’a pas conscience de l’être et ne consulte quasiment jamais un thérapeute. En effet, l’identification projective dont il souffre, le conduit à se débarrasser de son côté obscur en le projetant sur sa victime qu’il cherche alors à détruire comme pour le faire disparaître magiquement. Et, ceux qui nous gouvernent de Macron à Netanyahou, en passant par Trump et Poutine, en souffrent clairement. Concernant Macron, Marc Joly a exposé magistralement son cas dans La pensée perverse au pouvoir16.
Et, concernant Netanyahou, c’est encore plus évident. On peut se référer utilement à l’article :
« Le narcissisme de Netanyahou »17 : « • Égocentrisme – […] Netanyahou « n’hésite pas à exploiter autrui, y compris ses collègues, pour réussir. Son attitude envers ses proches collaborateurs est égocentrique » et le conduit à « manipuler ses collègues ». De plus, « il se considère plus perspicace que les autres et ceux qui ne sont pas d’accord avec lui ne comprennent pas correctement les processus historico-politiques. Il estime que sauver sa patrie est sa mission héroïque. »
Ambition et détermination – Ce sont les traits de caractère les plus marquants de Netanyahou. L’ambition s’exprime par son désir d’être le meilleur, d’être le premier, de triompher des autres, d’atteindre le sommet. Il ne désespère presque jamais et n’abandonne jamais. Il fait également preuve d’une « détermination extraordinaire envers et contre tout ». Son professeur d’architecture au MIT, le professeur Leon B. Groisser, a déclaré que Netanyahou « était l’homme le plus ambitieux et le plus déterminé qu’il ait jamais vu, doté d’une incroyable volonté de travailler dur pour atteindre ses objectifs ».
Agression et manipulation – Netanyahou considère que le jeu politique est régi par « la loi de la jungle, où les forts survivent et les faibles sont laissés pour compte ». Pour lui, la réalisation d’un objectif justifie tous les moyens politiques. Dans la plupart des cas, il n’agit pas par agressivité, malveillance ou cruauté. Sa domination et sa manipulation découlent d’un calcul froid et rationnel.
Crédibilité – Les témoignages d’hommes politiques, de journalistes, de dirigeants et de personnalités publiques dépeignent Netanyahou comme « quelqu’un qui fait, et même signe, des promesses qu’il ne tient pas. De ce fait, il est considéré comme indigne de confiance. » Des dirigeants du monde entier – Hosni Moubarak en Égypte, Bill Clinton et Barack Obama aux États-Unis, Nicolas Sarkozy en France et Angela Merkel en Allemagne – l’ont accusé de les avoir trompés, voire de leur avoir menti. « Pour lui, la duplicité est une norme acceptée et convenue en politique. » Par conséquent, « dire des choses différentes à différentes personnes ne s’accompagne d’aucune difficulté psychologique, d’aucun sentiment de culpabilité ou de conscience. Même lorsqu’il dit la vérité, il paraît peu convaincant. »
Relations interpersonnelles – Elles ont tendance à être instrumentales. Il n’est pas doué pour les interactions sociales et ne tisse pas de liens avec les autres. Il est renfermé et renfermé, avec une capacité d’empathie limitée. La plupart des personnes avec lesquelles il entretient des relations sociales sont celles dont il a besoin ou qui l’aident. Nombre de ses relations sont plus clairement fondées sur l’exploitation que sur l’amitié.
Soupçon – « Il a une nature suspicieuse » qui se traduit par une vision du monde du type « le monde entier est contre moi », accompagnée d’un « sentiment de victimisation ». De tels sentiments « mobilisent ses ressources intérieures, lui permettant de se battre et de gagner, dans un effort pour les montrer. » […] Dans l’ensemble, l’étude psychologique de Netanyahu a conclu qu’il avait « une personnalité narcissique avec des tendances paranoïaques et autoritaires », qui ne changera probablement pas ».

Il ne s’agit pas de faire retomber la faute sur un seul homme car, en fait, nous sommes en présence de tout un système. C’est ce qu’analyse Dany-Robert Dufour dans son ouvrage Baise ton prochain, une histoire souterraine du capitalisme18. Il commente l’œuvre de Bernard de Mandeville (1670-1733), philosophe et médecin des passions, qui a écrit un court libelle de 12 pages en 1714, qui s’intitule Recherches sur les origines de la vertu morale. Il accompagnait son texte le plus connu, La Fable des abeilles, et il a été occulté pour une bonne raison : il contient l’art de gouverner qui a permis la création du capitalisme. Selon lui, les vices privés devraient conduire à la vertu publique, et pour se faire, il faut confier la cité aux pires des hommes : les pervers. Cette inversion du réel est au fondement du néolibéralisme actuel, qui transforme la société en profondeur. Les individus n’existent même pas, ils sont esclaves d’une idéologie qui fait d’eux des consommateurs, égoïstes et grégaires, enfermés en eux même, et désespérément attachés à leur référentiel identitaire.

Nous pouvons lire pp 38-39 : « Cette politique de la flatterie, menée par des politiques rusés et par des législateurs avisés (des lawgivers ou « faiseurs de lois »), est donc la seule susceptible de pouvoir faire vivre les hommes ensemble. Il suffit qu’elle fonctionne auprès d’un certain nombre d’hommes pour que l’ensemble social soit tenu.
Il en résulte deux classes. Un petit nombre auprès de qui cette politique n’est pas efficace composeront une classe d’individus courant sans cesse derrière les jouissances immédiates et ne pensant qu’à leurs avantages personnels : c’est la classe dangereuse composée des bandits, des voleurs, des proxénètes, des prostituées, des mendiants, des trafiquants… Mais cette classe d’irréductibles est indispensable à la constitution d’une classe haute composée de créatures qui se targueront d’avoir réussi là où les autres ont échoué. Elle s’érigeront ainsi en modèle en (se) donnant une idée d’elles-mêmes d’autant plus élevée qu’elles s’afficheront comme capables de se modérer et de prendre autrui en considération. […]
Or, Mandeville – c’est là son génie – va en rajouter une couche. Et pas n’importe laquelle. Il existe, affirme-t-il, une troisième classe, composée des pires d’entre tous les hommes (« the very worst of them », des pervers en somme) qui ont pour caractéristique de faire semblant d’obéir à la loi dans un double but : profiter du prestige des vertueux et, surtout, tenir tout le monde tranquille afin d’en tirer tous les bénéfices possible.
Ceux-là simulent l’abnégation (en parlant comme ceux de la classe haute et ils dissimulent leurs propres imperfections (qui les rattachent à la classe basse) en prônant le dévouement au bien public. Ils forment donc cette troisième classe d’ambitieux qui récoltent tous les bénéfices, qui font tourner les affaires et qui, grâce à leur double jeu, pourront gouverner avec facilité. Il leur suffit en effet de prêcher l’esprit de dévouement au bien public pour mieux contraindre à l’abnégation tous les autres et les faire ainsi travailler à leur service ».

La société israélienne n’échappe pas au capitalisme dans sa version néo-libérale, bien au contraire, étant donnée sa nature coloniale, elle le réalise pleinement. En effet, c’est une société perverse narcissique fondée sur un « pacte de violence ». Ezra Nahmad écrit dans un article publié le 7 août 2025 dans OrientXXI : « Israël. Ce pacte de violence qui soude la société »19. « L’occupation de la Palestine connaît un tournant militaire brutal. Le déploiement de force contre les Palestiniens semble ne pas connaître de limite : affamer Gaza, assoiffer la Cisjordanie, accomplir un nettoyage ethnique. Et pourtant. Fondée sur la complicité collective d’une société israélienne divisée, révélant la fragilité du pouvoir, cette violence de l’État israélien pourrait se retourner contre lui ».
« Outre la menace d’un vide au sommet du pouvoir, Israël connaît depuis quelques années une polarisation intense, sociale, culturelle, religieuse, mais qui ne trouve aucun débouché politique. Les luttes israéliennes butent contre un mur : la complicité dans le crime de guerre. À l’arrière de ces fronts armés, la population israélienne, par son déni, sa volonté obstinée de ne rien voir, ne joue pas pour autant un rôle neutre. Israël mène une guerre contre les Palestiniens, tandis que le silence coupable paralyse la société.
Or, il n’y a rien de mieux que le délit commun pour souder un groupe atone. Pour y arriver, il faut déclarer un bénéfice exceptionnel, un ennemi, ou les deux. En Israël l’ennemi était désigné, l’argent est venu avec les technologies, la finance, la spéculation foncière, toutes trois dopées par l’expansion coloniale après 1967. La colonisation, pratiquée par une minorité, est tolérée, consentie, tue par la majorité ; elle devient un péché national. La société israélienne a pris au fil des ans un tour plus violent et criminel, mais par une dynamique lente, allant toujours dans la même direction, celle d’un dividende tiré de cette violence, mais paré de divers atours : la bravoure, l’intelligence, la ruse, la grandeur technologique et militaire. Outre que le triptyque « guerre, argent, colonisation » est nourri d’un mensonge, il est fatal, il nécrose la société de l’intérieur. Il conduit systématiquement à l’échec des revendications ou des espoirs de changement. Fragmentée et conflictuelle, la société israélienne reste cimentée par un pacte diabolique.
Avec l’organisation de l’espace et de la société apportée par la colonisation, les ghettos, les murs, les verrous et les check-points, ce ne sont pas seulement le paysage ou le territoire, des Israéliens comme des Palestiniens, qui ont été réduits en morceaux, mais aussi la société, déchirée en communautés, groupes d’intérêts, identités repliées sur elles-mêmes. […]
On peut dire qu’Israël a intériorisé sur un mode paranoïaque les expériences de la persécution et de la ghettoïsation subies méthodiquement et dramatiquement par les juifs au cours de l’histoire ; qu’il les a transposés sur un mode colonial et qu’il a fini par en faire une obsession pathogène, qui le menace en retour. Certaines psychoses, arrivées à des seuils élevés, sont difficiles ou impossibles à guérir. Mais ce qui vaut pour des individus ne vaut pas nécessairement pour une société : des facteurs extérieurs, des hasards ou des catastrophes peuvent modifier le cours de nations. Cela s’est déjà vu ». Nous y reviendrons plus loin.

D’autre part, nous aurions tendance à considérer que le syndrome de stress post-traumatique concerne exclusivement les victimes. Il est clair que les soldats israéliens sont victimes de traumatismes de guerre. Plusieurs témoignages sont produits dans l’article déjà cité du Monde « Des soldats israéliens, bourreaux et victimes, soignés pour des troubles de stress post-traumatique : « Pour vous, nous sommes des monstres, n’est-ce pas ? » »20. « « Je commandais une unité chargée, en première ligne, d’ouvrir les routes avec des bulldozers et d’aider les chars, c’était comme être dans une cage sous le feu… » Nouvelle pause. « Ils [les Palestiniens] n’ont pas d’uniforme, on ne sait pas qui est l’ennemi, la tension était très forte, on ne se reposait pas, on ne mangeait pas », poursuit-il avec effort. En décembre 2023, à Chadjaya, un quartier de la ville de Gaza rasé par les forces israéliennes au prix de centaines de morts, Adi est blessé par un tir de roquette. Deux semaines plus tard, il est renvoyé à Khan Younès, dans le sud de l’enclave, où l’armée vient de pénétrer. « Le danger est partout, à 360 degrés, vous ne reconnaissez rien, la vigilance est extrême », continue cet investisseur financier dans le civil, svelte et les épaules carrées mais dont les yeux paraissent lutter contre une immense fatigue.

Dans le même article l’histoire de « Dedi, 43 ans, [qui] en est lui aussi convaincu. « Cette guerre n’a rien à voir avec les autres. » Ce n’est pourtant pas la première fois que ce réserviste aux yeux bleus, catogan et tatouages, fréquente le ranch de Danny. Engagé à de multiples reprises depuis le début des années 2000, il porte sur le corps les stigmates de blessures anciennes dues à l’explosion d’une roquette, et il a subi plusieurs traumatismes, comme cette attaque au couteau dont il a réchappé de peu en 2003 »

Témoignage de Yuval Abraham, sur X, le 19 août 2025. Traduit de l’hébreu. Merci à Florence Noël et à Catherine Coquio
« Lors de mes nombreuses conversations avec des soldats, ils décrivent les différentes méthodes qu’ils ont développées pour incendier les maisons à Gaza. L’un d’eux racontait qu’ils récupéraient les oreillers des chambres et les coussins du canapé du salon, les plaçaient au centre de la maison et y mettaient le feu. Un autre racontait qu’ils prenaient des boîtes de thon, les plaçaient sous les meubles et y mettaient le feu. Il y avait aussi la méthode de l’huile d’olive.
« Chaque maison arabe dans laquelle nous entrions contenait de l’huile d’olive », a raconté un soldat de Nahal. « Nous en versions sur les canapés, sur tout ce qui était allumé dans l’appartement, puis nous y mettions le feu ou lancions une grenade fumigène. C’était une pratique courante. Nous brûlions tout l’immeuble. » C’était aussi une pratique banale. Un commandant tenait un téléphone d’une main pour féliciter par vidéo un ami qui se mariait et, de l’autre main, versait de l’huile d’olive dans l’appartement. Un soldat a raconté qu’ils brûlaient des maisons par ennui.
Rien de tout cela n’est nouveau. L’incendie systématique des maisons à Gaza a depuis longtemps cédé la place à la destruction plus efficace de villes entières à l’aide d’engins lourds, bande par bande, avec des sous-traitants payés à la pièce et des unités de soldats des collines. Rafah n’existe plus. Khan Younès est en train d’être détruite.
Et cette phrase : dans chaque foyer arabe, il y avait de l’huile d’olive, j’y pense, à propos de l’utilisation de cette huile, peut-être au cœur du quotidien d’une famille, pour embraser tout ce qu’elle possédait au monde, cette huile qui exprime le lien palestinien avec cette terre, devient entre nos mains un moyen de l’éradiquer. L’huile que nous avons adoptée, symbole de notre identité israélienne, élégamment parfumée au chou-fleur d’Eyal Shani et de sa compagne, Shahar Segal, qui évoquaient fièrement les centres de traitement de la faim à Gaza, où près d’un millier de personnes affamées ont été massacrées ces dix-huit derniers mois.
Avant de les brûler, les soldats ont raconté avoir trouvé des albums photos de famille dans des appartements, des lettres dans des tiroirs, des jeux d’enfants, des livres universitaires. Un soldat a trouvé la carte d’identité d’une personne née avant 1948 à Jaffa, un autre a vu des valises éparpillées, pleines de vêtements, sur le sol, « comme si des gens étaient là il y a un instant et avaient fui rapidement ». Certaines maisons brûlent immédiatement. Il y a des maisons où les soldats vivent pendant des jours, voire des semaines, et qu’ils brûlent seulement à la fin.
Certains l’ont compris dès le début, d’autres ont mis du temps à le comprendre, mais tel est le grand objectif de Gaza : la destruction et l’effacement. Non la sécurité ni la prise d’otages. Cela a toujours été le fil conducteur de ce lieu, en ce qui concerne Gaza, le « nid de frelons », depuis la précédente grande expulsion, en 1948, lorsque les réfugiés du pays y furent concentrés et que cette bande fut créée, en passant par les premiers plans d’expulsion « volontaire » des habitants de Gaza vers les pays d’Amérique latine après 1967, et jusqu’à la politique de bouclage et de séparation de Gaza de la Cisjordanie, qui visait à couper Gaza du reste du pays, à la faire disparaître, afin d’empêcher la création d’un État palestinien. En pratique, cela a ouvert la voie au terrible massacre du 7 octobre.
L’acte criminel du gouvernement aujourd’hui est un génocide, mais son rêve profond est un échange entre les peuples : adopter pour nous-mêmes ce qui leur appartenait. C’est la grande ombre qui hante notre société depuis la Nakba. Nous n’avons pas conçu une existence dans cet espace qui ne se fasse pas à leurs dépens, nous n’avons pas corrigé les injustices du passé, et donc, aujourd’hui, les noms des villes et des montagnes en arabe menacent les noms en hébreu. Nous marchons sur notre terre et nous y accrochons fermement par peur de la grande ombre, sachant qu’elle est la leur. La leur aussi. Et au lieu de penser à ce que cela nous réserve à tous, nous persistons à continuer de les détruire, car si nous nous arrêtons, nous serons obligés de regarder nos actes en face et de réaliser quelque chose de terrible à notre sujet.
Je regarde une vidéo créée par le ministre Gamliel avec l’intelligence artificielle, sur le lendemain à Gaza, qui se transforme d’un camp de la mort en une Riviera israélienne prospère pleine de gratte-ciel, sans corps, sans Arabes, et je pense à la femme qui est née à Jaffa et dont la maison a été incendiée, probablement pour la deuxième fois, et aux gens dans la vidéo de Gamliel, nous, souriants et beaux, assis dans la mer, marchant le long de la nouvelle promenade de Gaza après l’échange de personnes, dégustant du houmous à l’huile d’olive. »

Et, il y a de très nombreux autres témoignages. Par exemple, Jason Blankfield, PDG de Stella Israel, a vécu de près les effets dévastateurs du traumatisme en tant que membre d’une unité d’élite. Il confie : « Dès mon service militaire, j’ai constaté que les personnes que j’aime souffraient de post-traumatismes et d’anxiété en raison de ce qu’elles avaient vu et vécu. Elles souffraient de dépression, d’hyperexcitation, de troubles du sommeil, de flashbacks, d’anxiété et même de pensées suicidaires, sans savoir qu’il s’agissait d’une véritable condition médicale. Elles croyaient que c’était un problème personnel ou un simple épisode émotionnel. »21

Nous comprenons alors qu’il n’est pas étonnant que certains soldats israéliens filment leurs exactions et crimes de guerre, qu’ils s’en vantent sur les réseaux et qu’ils formulent clairement des apologies du génocide, des crimes de guerre et contre l’humanité, et de la colonisation. Ils n’arrivent pas, et pour cause ils participent à une sale guerre, à se garantir des flambées de leur mémoire traumatique en mettant en place des « conduites de contrôle et d’évitement pour tenter de désactiver des déclencheurs », et tentent de « recréer l’état de dissociation et d’anesthésie vécu lors du traumatisme ».

Les troubles psychiques provoqués par le combat sont connus depuis longtemps explique Louis Crocq, dans son livre Les traumatismes psychiques de guerre22. L’exemple le plus fameux est le célèbre « syndrome du vent du boulet» : « La Révolution française et les guerres de l’Empire seront l’occasion de troubles psychiques provoqués par la violence des combats et les « émotions morales » de la terreur ou de la guerre. P. Pinel dans sa Nosographie philosophique (1808) […] établira un inventaire de ces troubles […]. Mais ce sont surtout les chirurgiens des armées napoléoniennes – Desgenettes, Larrey, Percy – qui créeront le terme imagé de « syndrome du vent du boulet » pour désigner les états de sidération stuporeuse aigus déterminés par la seule frayeur chez les combattants qui avaient senti passer les projectiles de près sans avoir été blessés. Larrey cite le cas d’un grenadier qui, effleuré par un boulet à Wagram, tombe au sol, privé de parole et demeure ensuite complètement muet »23.

Or, il faut se rendre à l’évidence, il n’y a pas que les victimes qui souffrent de syndrome de stress post-traumatique, les bourreaux en pâtissent aussi. Ils ont des « conduites hétéro-agressives (système agresseur) » de personnes polypsychotraumatisé en présence de déclencheurs, conduites qui permettent leur dissociation et leur anesthésie et qui expliquent clairement les répétitions et le fait que les victimes peuvent devenir bourreaux à leur tour. Nous retrouvons ces observations chez Franz Fanon : « Depuis l’hôpital de Blida, il est témoin des crimes de l’armée française. Il soigne aussi les victimes de tortures dans une petite salle opératoire. […]
Mais le plus incroyable c’est que Fanon soigne aussi les colons français qui perdent la raison à force de torturer des algériens.
« Ce sont des observations qu’il a faites lui-même. Et, il y a une observation qui est extrêmement frappante sur le cas d’un commissaire de police français, que moi-même j’ai connu comme malade de mon mari, qui torturait des algériens et qui lui même est devenu fou sous l’influence de la pratique de son métier, et qui le soir rentré chez lui, attachait sa femme sur une chaise et commençait à la torturer. C’est quand il en est arrivé là qu’il est venu voir mon mari et qu’il a demandé à se faire soigner. Le tortionnaire qui pratique la torture à l’état de bête, de sous-homme, mais c’est lui même qu’il réduit à l’état de sous-homme ». Josie Fanon in Haïti Inter, Jean Dominique et Josie Fanon, 8 juin 1979 »24.

Cela va bien au-delà des traumatismes de guerre. La peur d’être tué, l’effroi lorsqu’on sent le vent de l’obus ou de la balle, est autre chose que de tuer quelqu’un en quasi état de légitime défense. Mais c’est encore autre chose que de commettre des actes horribles réprouvés par le droit et la morale. C’est dans cette dernière catégorie que l’on trouve les multiples soldats israéliens qui commettent ou sont témoins des atrocités à Gaza et en sont revenus plus ou moins visiblement traumatisés. Les exemples sont légion. Par exemple, celui d’Eliran Mizrahi, relaté dans l’article duMonde déjà cité : « Des soldats israéliens, bourreaux et victimes, soignés pour des troubles de stress post-traumatique : « Pour vous, nous sommes des monstres, n’est-ce pas ? » », par Isabelle Mandraud (Sitria, Tel-Aviv, envoyée spéciale), publié le 18 novembre 202425. « Le sort d’un autre réserviste apporte une lumière plus crue. Eliran Mizrahi, 40 ans, père de quatre enfants, conducteur lui aussi d’un D-9 bulldozer déployé à Gaza, s’est suicidé en juin, après cent quatre-vingt-six jours sur le terrain. Selon le témoignage de sa mère, rapporté par les médias israéliens, il disait ressentir du « sang invisible » s’écouler de son corps. Une semaine après, son copilote, Guy Zaken, avait affirmé, devant une commission parlementaire de la Knesset, le Parlement israélien, que les soldats avaient dû, à de nombreuses reprises, « écraser » des Palestiniens, « morts ou vivants, par centaines » ». Les soldats israéliens ne combattent pas spécialement d’autres soldats ou combattants mais tuent des civils, hommes, femmes, enfants et vieillards, les torturent dans leurs prisons26, et se servent d’eux comme boucliers humains27. Certains de ces soldats israéliens ont sombré dans le syndrome traumatique et dans la perversion narcissique, sont dans le déni et sont clivés. Ils n’ont pas de conscience morale. Par contre d’autres, certainement les plus nombreux, doivent s’arranger avec leur conscience morale. Sauf que c’est bien difficile vu que tout est là sous leurs yeux et sous nos yeux28. « La conclusion revient à un adjudant saisi d’effroi. Il conviendrait que tous les dirigeants sur cette planète la méditent : « Beaucoup d’entre nous y sont allés, j’y suis allé, parce qu’ils (les Palestiniens) nous ont tués et maintenant on va les tuer. Et j’ai découvert qu’on ne faisait pas que les tuer – on les tue eux, leurs femmes, leurs enfants, leurs chats, leurs chiens. On détruit leurs maisons et on pisse sur leurs tombes» »29.

Les témoignages sont terrifiants. Par exemple, des « soldats décrivent des enfants abattus dans le centre de Gaza et qualifiés de « terroristes » à titre posthume »30. Ils « décrivent Gaza comme un endroit où les règles normales ne s’appliquent pas. « Nous avons passé plus d’un an dans un environnement de non-droit où la vie humaine ne signifie rien », a déclaré un commandant supérieur. Les soldats ont admis avoir agi comme une « milice armée » sans surveillance ni responsabilité. Un officier a commenté le pouvoir accordé aux commandants sur le terrain, qui autorisent désormais des frappes qui nécessitaient auparavant l’approbation du plus haut niveau. De nombreux soldats ont exprimé des conflits internes à propos de leurs actions. « Cette guerre ne tue pas seulement les Palestiniens : elle nous détruit aussi », a déclaré un réserviste. Les soldats qui exprimaient des objections étaient souvent réduits au silence ou ridiculisés. « Si je suis rappelé à Gaza, je ne pense pas que j’y retournerai », a-t-il admis »31. Et jusqu’à l’ ancien ministre de la Défense et chef militaire israélien, Moshe Ya’alon, qui a déclaré : « Je suis obligé d’avertir de ce qui se passe là-bas. Des crimes de guerre sont commis. Jamais un État démocratique n’a été jugé devant la Cour pénale internationale de La Haye pour de tels actes »32.

Les israéliens considèrent souvent que les palestiniens sont des nazis. Par exemple suite aux attaques palestiniennes du 7 octobre, « L’ancien premier ministre israélien Naftali Bennett s’est « lâché » devant un journaliste de la chaîne Sky News : « Sérieusement, vous allez continuer à me poser des questions sur les civils palestiniens ? Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? (…) Nous combattons des nazis » »33. Le journaliste, Adam Shatz, continue dans le même article : « La « nazification » des adversaires est une stratégie déjà ancienne qui sous-tend depuis longtemps les guerres et les politiques expansionnistes d’Israël. Lors de la guerre de 1982 contre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) au Liban, Menahem Begin comparait Yasser Arafat à « Hitler dans son bunker ». Dans un discours prononcé en 2015, Benyamin Nétanyahou laissait entendre que les nazis se seraient contentés de déporter les juifs d’Europe plutôt que de les exterminer si le grand mufti de Jérusalem, Hadj Amin Al-Husseini, n’avait pas instillé l’idée de la « solution finale » dans l’esprit d’Hitler. En instrumentalisant effrontément la Shoah et en accusant les Palestiniens d’être des nazis pires que leurs prédécesseurs allemands, les dirigeants israéliens « bafouent la véritable signification de la tragédie juive », comme l’observait Isaac Deutscher au lendemain de la guerre de 1967. Sans compter que ces analogies contribuent à justifier une brutalisation encore plus grande du peuple palestinien ».

Non seulement c’est récurent mais il s’agit d’inversion accusatoire. « « Je me sentais comme un nazi… on aurait dit que nous étions en fait des nazis et eux des Juifs », aurait déclaré un soldat qui souffrait de conséquences mentales. « Un nouveau commandant est venu chez nous. Nous sommes sortis avec lui lors de la première patrouille à six heures du matin. Il s’arrête. Il n’y a personne dans les rues, juste un petit garçon de 4 ans qui joue dans le sable de son jardin. Le commandant se met soudain à courir, attrape le garçon et lui casse le bras au niveau du coude et la jambe ici. Il a marché trois fois sur le ventre et est parti. Nous étions tous là, la bouche ouverte. Le regardant sous le choc… J’ai demandé au commandant : « Quelle est votre histoire ? Il m’a dit : ces enfants doivent être tués dès le jour de leur naissance. Quand un commandant fait cela, cela devient légitime », a déclaré un soldat. »34

Et, nous comprenons pourquoi les tueries par drones ou par bombardement et, dans une moindre mesure, par des tirs de snipers, sont privilégiées35. Elles procèdent à travers la médiation d’un écran et sont de ce fait déréalisées, virtuelles. La brève du 19 juillet 2025 de The Independant, « Des soldats de Tsahal blessent délibérément des enfants à Gaza « comme un jeu », déclare un médecin britannique »36 est édifiante. « Un chirurgien britannique à Gaza a affirmé que les travailleurs médicaux observaient des « schémas clairs de blessures », suggérant que les soldats de Tsahal tirent délibérément sur des enfants de Gaza dans différentes parties du corps selon le jour de la semaine. Le professeur Nick Maynard a déclaré à BBC Radio 4 que lui et ses collègues avaient constaté des cas inhabituellement élevés de victimes de blessures par balle ciblées sur des sites de distribution d’aide – principalement des adolescents – nécessitant un traitement pour des blessures similaires. « Un jour, ce seront toutes des blessures par balle à l’abdomen, un autre jour, ce seront toutes des blessures par balle à la tête ou au cou, un autre jour, ce seront toutes des blessures par balle au bras ou à la jambe », a-t-il déclaré. « C’est presque comme si on jouait à un jeu, qu’ils décidaient de tirer dans la tête aujourd’hui, dans le cou demain, dans les testicules après-demain. » »

Cette tentative de mise à distance a été déjà été historiquement mise en lumière à propos de ce que je nommerais l’émotion d’humanité d’Himmler37. « Les 15 et 16 août 1941, Himmler se trouvait à Baranovitchi et Minsk38 et assistait à une exécution par fusillade dans le domaine d’intervention de l’Einsatzgruppe B3940. Le Höhere SS- und Polizeiführer de Russie centrale, von dem Bach-Zelewski, qui était présent lui aussi, raconta plus tard que Himmler fut visiblement ému par cette scène41. Puis, toujours selon von dem Bach-Zelewski, Himmler visita un asile d’aliénés et immédiatement après, il ordonna à Nebe, chef de l’Einsatzgruppe B, de chercher un moyen d’abréger autant que possible les souffrances de ces personnes42 car, après cette expérience, il en était arrivé à la conclusion que « la fusillade n'[était] tout de même pas la méthode la plus humaine43 ». Il lui demanda donc de lui remettre « un rapport » sur le sujet. Himmler s’adressa à Nebe car le KTI, qui relevait du bureau V, s’était déjà distingué par des expérimentations en matière d’exécutions dans le cadre du projet dit d’« euthanasie », de sorte qu’on pouvait à présent recourir à son expérience »44.

Mais peut-être ne faut-il pas trop exagérer l’émotion d’humanité d’Himler. Une autre référence précise :  « En août 1941, au cœur de la Biélorussie, un événement marquant se déroule, scellant le destin tragique de millions de personnes. Heinrich Himmler, l’un des architectes du régime nazi, a assisté à une scène d’exécution de masse orchestrée par les « Einsatzgruppen », ces unités mobiles de tuerie. Tandis que les balles fusent, abattant sans pitié des prisonniers soviétiques, Himmler, d’ordinaire impassible, vacille. Un morceau de cervelle humaine est venu souiller son pardessus, provoquant chez lui un malaise inattendu. Ce moment de faiblesse physique et psychologique marque un tournant dans l’esprit du Reichsführer SS »45. « Comme la fusillade commençait, Himmler devint de plus en plus agité. À chaque salve, il baissait les yeux… L’autre témoin était le général de corps d’armée von dem Bach-Zelewski… von dem Bach s’adressa à Himmler: « Mon Maréchal, ceux ne sont là qu’une centaine… Regardez les yeux des hommes de ce commando, comme ils ont l’air profondément secoués. Ces hommes sont finis [«fertig»] pour le restant de leurs jours. Quel genre de recrues formons-nous ici? Ou bien des névropathes ou bien des sauvages. » (Arad, Belzec, Sobibor, Treblinka, p. 8)46

Réagissant à cette expérience – le spectacle de 100 êtres humains massacrés de cette façon- Himmler ordonna de trouver une méthode d’exécution plus « humaine » (Reitlinger SS183). Otto Ohlendorf expliqua dans sa déposition à Nuremberg : « Himmler avait donné un ordre spécial pour que les femmes et les enfants ne soient pas exposés à la tension mentale que constituaient les exécutions, et ainsi les hommes des Kommandos, pour la plupart des hommes mariés, ne seraient pas obligés de tirer sur des femmes et des enfants ». Pour exécuter cet ordre, on utilisa d’abord des camions à gaz conçus par le Dr. Becker. Plus tard furent construits les terribles camps d’extermination, où des millions de gens furent gazés et réduits à mourir de faim ».

Ce que fait l’armée coloniale et génocidaire israélienne à Gaza, plus que d’être comparable aux agissements de la Wehrmacht comme Omer Bartov, spécialiste de l’Armée du Troisième Reich et du génocide vivant aux Etats-Unis, l’a postulé à Arrêt sur images47 est plutôt assimilable aux tueries des Einsatzgruppen. Les similitudes dans les conséquences des traumatismes sur les bourreaux sont nombreuses. Si les Einsatzgruppen ont utilisé les « camions à gaz » pour que leurs tueurs puissent souffrir le moins possible des effets traumatisants des « tueries par balles », les israéliens utilisent les bombardements et les drones pour limiter les conséquences traumatisantes des interventions directes de leurs soldats. En effet, c’était anticipé par les observateurs militaires dès avant le début de l’attaque sur Gaza. Voir par exemple : Gérard Chaliand, géopolitologue et spécialiste des conflits asymétriques, qui explique dans l’article « Offensive terrestre sur Gaza : quelles sont les forces et les faiblesses de l’armée israélienne ? », TV5 Monde, le 26 octobre 202348 : « la première phase va consister à bombarder [souligné par nous], détruire au maximum surtout avec le concours de l’aviation pour éviter des pertes trop élevés pour les soldats israéliens sur le terrain49. C’est une véritable épreuve de force. Il faudra combattre sur le sol mais aussi sous le sol et détecter les souterrains des forces armées du Hamas. Sur le terrain, dans Gaza ville, les combats seront lents, durs ». Ou encore dans le même article : « le général français Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue nationale de défense, abonde dans le même sens. Entrer dans Gaza c’est rentrer dans un territoire extrêmement complexe, à la forte densité urbaine et que le Hamas connaît extrêmement bien. « Les unités (les soldats israéliens) vont essentiellement travailler de nuit pour infliger un maximum de perte et avec des bombardements systématiques » explique le général. « C’est une opération difficile car il faut rappeler que le Hamas détient un peu plus de 200 otages » ajoute le général français ». Mais pas à ce niveau tout de même, car 8 mois après, nous apprenions, comme le titrait TRTFrançais 4 juin 2024, qu’« Israël largue plus de bombes sur Gaza que celles déployées lors de la 2ème Guerre mondiale »50.

Le bilan humain que nous jugeons le plus objectif est celui de Guillaume Ancel publié dans sont Blog, Ne Pas Subir, le 20 juillet 2024 : « Gaza, le bilan « difficile mais essentiel » d’un carnage »51. Cet analyste militaire y fait une hypothèse basse et une hypothèse haute. « En 9 mois ½ d’une offensive militaire contre la bande de Gaza d’une rare ampleur compte tenu de la faible dimension du territoire concerné (365 km2), le bilan humain est dramatique. A ce stade, les estimations varient entre 80 et 180 mille morts, auxquels il faut rajouter un coefficient de 3,5 fois plus de blessés. La population de la bande de Gaza était estimée au début de cette guerre à un peu moins de 2,4 millions d’habitants.
hypothèse basse : […] 80,000 morts et 280,000 blessés, soit 360,000 victimes de cette guerre (15% de la population) est l’hypothèse basse que j’avance, sur la base d’une estimation des dommages directs des bombardements (bomb damage assessment).
Tsahal, l’armée israélienne, a conduit en moyenne 300 bombardements par jour jusqu’à début juin puis elle aurait diminué son rythme de moitié ce dernier mois, faute de cibles… Avec un trend de 9,000 bombardements par mois (artillerie, missiles et bombes), le bilan sur la durée du nombre de morts est de cet ordre : 9,000 morts / mois avec une réduction au mois de juin, soit plus de 80,000 morts à mi-juillet.
Avec un effectif de miliciens du Hamas (toujours difficile à estimer) de moins de 30,000 combattants, cela veut dire que l’offensive Netanyahou a fait environ 90% de dommages collatéraux (près 300 mille morts et blessés pour 30 mille cibles), ce qui n’est pas étonnant dans une opération qui a consisté principalement à bombarder un camp de réfugiés de forte densité et sans aucune possibilité d’échappement pour la population civile.
Hypothèse haute : […] 180,000 morts et 630,000 blessés, soit 810,000 victimes de cette guerre (33% de la population) est l’hypothèse publiée dans la très sérieuse revue médicale The Lancet52 qui intègre les victimes indirectes liées à la situation de guerre et à la catastrophe humanitaire engendrée par cette opération militaire ».

Maintenant, actualisons les chiffres de Guillaume Ancel une année après la rédaction de son article. Au 19 juin 2024, le ministère de la santé de Gaza évaluait à 37 396 le nombre de tués. Au 6 juillet 2025 c’était 57 418. Donc l’hypothèse basse : 120 000 tués et 420 000 blessés soit 540 000 victimes dont plus de 270 000 femmes et enfants53. Et, soit plus de 22% de la population de Gaza soit 95 % de dommages collatéraux. L’hypothèse haute : 260 000 tués 910 000 blessés soit 1 110 000 victimes, dont plus de 550 000 femmes et enfants. Soit près de 50% de la population de Gaza, soit 97 % de dommages collatéraux.

Comme avec les Einsatzgruppen allemands envers les juifs dans les pays d’Europe de l’Est en 1941-1942, nous avons donc affaire à Gaza à des tueries de masse, à une extermination impitoyable des palestiniens par des juifs. En utilisant la Shoah par balles puis les « camions à gaz » en 1941-1942 et en utilisant les bombardements massifs à Gaza. Mais, dans un cas comme dans l’autre, et concernant l’impact du traumatisme sur les tortionnaires, ces techniques sont particulièrement inefficaces. Concernant les tueurs des Einsatzgruppen, nous pouvons lire dans l’« extrait d’un rapport du Dr. August Becker, le 16 mai 1942, au SS Obersturmbannführer Rauff » : « Par ailleurs, j’ai ordonné que, pendant les gazages, tous les hommes se tiennent à bonne distance des véhicules afin que dans l’éventualité d’un échappement de gaz, leur santé ne subisse aucun préjudice. A cette occasion, je souhaiterais attirer votre attention sur le point suivant: dans divers commandos, on demande aux hommes de décharger les camions après les gazages. J’ai fait remarquer aux commandants des commandos spéciaux concernés que ce travail pourrait ultérieurement nuire à la santé morale et physique de nos hommes, même si ce n’est pas dans l’immédiat »54. Et, concernant les tortionnaires israéliens, comme il s’agit du premier génocide dont on peut suivre en direct les horreurs, les pilotes des avions et des drones, les artilleurs, ne peuvent pas rester indifférents aux conséquences désastreuses de leurs actes.

C’est précisément explicité dans l’article de Liza Rozovsky dans Haaretz du 27 juin 2024 : « Trois réservistes de l’armée israélienne expliquent pourquoi ils refusent de continuer à servir à Gaza »55. L’un d’eux donne certains détails des bombardements et de son état d’esprit. « Depuis le quartier général de la brigade, il suivait en temps réel les images de drones, qui documentaient également les bombardements de l’armée de l’air israélienne sur Gaza. « C’est loin de chez vous et on a l’impression que ce n’est pas réel », dit-il. « On les voit détruire des véhicules, des bâtiments, des gens. Et chaque fois qu’un bâtiment s’effondre, tout le monde s’exclame : « Waouh ! » Beaucoup, moi y compris, vivent cette expérience : « Waouh, c’est dingue ! » et certains disent : « On les montre, on les nique, on se venge. » C’est l’ambiance qu’on perçoit dans la salle de guerre. »
Il dit qu’il lui a fallu une semaine ou deux avant de réaliser que « chaque fois qu’on le voit, c’est un immeuble qui s’effondre. Si des gens étaient à l’intérieur, ils sont morts. Et même s’il n’y a personne à l’intérieur, tout ce qui s’y trouve – téléviseurs, souvenirs, photos, vêtements – a disparu. Ce sont des immeubles de grande hauteur. Au centre de crise, ils savent quel est le niveau d’évacuation. »
Il note : « Ils n’arrêtent pas de dire, par exemple, que 50 % des habitants ont été évacués de la zone. Je me souviens d’un jour où j’ai entendu dire que 50 % des habitants avaient été évacués du nord. » Le même jour, j’ai vu un immeuble s’effondrer dans la zone et je me suis dit : 50 % des habitants ont été évacués, mais 50 % sont toujours là. » Au même moment, des bombardements ont également lieu dans le sud de Gaza, et nous savons que personne n’a été évacué. Au contraire, tout le monde s’y est réfugié » ».

Sans compter les tueries de masse et les charniers façon Einsatzgruppen découverts au printemps 2024. « En avril 2024, plus de sept mois après le début de l’attaque génocidaire d’Israël contre Gaza, les secouristes palestiniens ont découvert plusieurs fosses communes à l’hôpital Nasser de Khan Younès et à l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, ce qui a attire l’attention des medias56 La défense civile de Gaza a indiqué que près de 400 corps de femmes, d’hommes, d’enfants et de personnes âgées avaient été enterrés dans ces fosses. Les corps portaient les marques d’une violence génocidaire: certains ont été découverts nus, les mains attachées dans le dos, ce qui suggère qu’ils ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires; d’autres corps étaient gravement mutilés, montrant des signes de torture, tandis que d’autres encore avaient des tubes médicaux attachés, ce qui indique que l’armée israélienne a également tué les blessés et les malades. Même des professionnels de la santé, encore vêtus de leur blouse, figuraient parmi les morts. Des rapports laissent penser que les troupes israéliennes pourraient avoir enterré certains Palestiniens vivants »57.
Après ces premières découverte en avril 2024, les secouristes palestiniens ont trouvé des charniers dans toute la bande de Gaza, en particulier autour des hôpitaux que l’armée israélienne avait assiégés et violemment attaqués58. Environ 140 charniers ont été identifiés depuis le 7 octobre 2023, contenant vraisemblablement les restes de milliers de victimes. Faute d’équipement médico-légal, il est difficile pour les équipes d’urgence d’enquêter sur ces fosses et de les documenter. En outre, au moment de la rédaction de cet article, on estime que 7 000 à 10 000 personnes sont portées disparues et on craint qu’elles soient ensevelies sous les décombres, les bombardements israéliens ayant transformé leurs immeubles d’habitation et leurs quartiers en véritables charniers59. Simultanément, les bulldozers israéliens ont détruit et profané de nombreux cimetières de Gaza ainsi que plusieurs cimetières de fortune créés partout par les Palestiniens depuis le début de l’assaut israélien. Les forces militaires israéliennes ont également utilisé des bulldozers pour démembrer et profaner les corps en détruisant et en submergeant les tombes qui se sont ainsi transformée en fosses communes »60.

Et, d’autre part, nous savons que bombarder ne suffit pas pour gagner un conflit et qu’il faut aussi envoyer les troupes au sol. Troupes au sol qui sont soumises aux effets directs de leurs actes inhumains et qui alimente leur mémoire traumatique. Un article récent fait le point sur cette « crise psychique profonde au sein de l’armée, notamment parmi les jeunes conscrits »61. « Selon un rapport publié ce week-end par le quotidien israélien Yediot Aharonot, plus de 10 000 soldats israéliens reçoivent actuellement un traitement psychologique, en raison de troubles mentaux survenus après leur engagement dans la guerre lancée contre Gaza le 7 octobre 2023.
Parmi les chiffres dévoilés, 3 600 soldats souffrent officiellement de troubles de stress post-traumatique (PTSD), diagnostiqués par les services de santé militaire. En parallèle, 9 000 soldats supplémentaires ont saisi le ministère de la Défense en 2024 pour faire reconnaître leur statut de blessés psychiques.
Ces données confirment une hausse inédite des affections mentales chez les militaires israéliens depuis le début du conflit. La majorité des cas concerne des jeunes engagés dans les combats intenses dans la bande de Gaza, où les conditions de guerre urbaine, les pertes humaines et l’exposition directe aux violences laissent des séquelles durables.
Toujours selon le journal israélien, 18 000 militaires ont été recensés depuis octobre 2023 comme souffrant de blessures physiques ou psychologiques liées directement au conflit. Les hôpitaux militaires israéliens ont, de leur côté, accueilli 19 000 blessés, dont un grand nombre souffrant de crises nerveuses aiguës, d’attaques de panique ou de syndromes dissociatifs.
Le traumatisme psychique devient un enjeu central pour la cohésion et l’efficacité de l’armée israélienne, à mesure que les opérations se prolongent. Plus de 12 000 soldats n’ont toujours pas pu être réintégrés sur le front en raison de leur état mental ».

Il s’ensuit d’ailleurs logiquement que, malgré le tabou et l’occultation par les pouvoirs publics62, les suicides de soldats sont en augmentation. RFI faisait le point le 3 janvier dernier dans l’article : « Guerre Israël-Gaza: nombre record de suicides au sein de l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023 »63. « L’armée israélienne a publié, jeudi 2 janvier, les données des pertes subies pour les années 2023 et 2024. Elle annonce que 921 soldats israéliens ont perdu la vie au cours de cette période. Alors qu’au moins 891 militaires ont été tués depuis les attentats du 7 octobre 2023, le nombre de suicides a également atteint un record depuis 13 ans.
L’attaque surprise du Hamas sur les villages entourant la bande de Gaza, ainsi que sur des bases militaires, a fait de nombreuses victimes au sein de l’armée de l’État d’Israël : 329 soldats ont trouvé la mort lors des événements meurtriers survenus ce jour-là. Ensuite, après le début de l’incursion terrestre de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, 390 soldats sont morts lors des combats dans l’enclave palestinienne.
Le conflit avec le Liban a aussi causé des pertes. De part et d’autre de la frontière, 37 militaires ont été tués sur le front nord, que ce soit en raison des combats avec le Hezbollah, mais aussi en résultat de tirs de roquettes et d’attaques de drones. L’armée indique encore que 11 soldats sont morts en Cisjordanie pendant cette même période, soit le nombre le plus élevé de pertes sur le front intérieur hors des zones de combat proprement dites.
Mais ce rapport fait également état d’une augmentation des cas de suicide de soldats : au moins 38 d’entre eux se sont ôté la vie en 2023-2024, soit un nombre record depuis 13 ans. Les motifs de ces suicides n’ont pas été indiqués ; le document indique seulement qu’ils ne sont pas nécessairement liés à la guerre. L’armée attribue notamment ce nombre élevé en partie à la mobilisation massive de réservistes ».

Et cela va crescendo. Le 24 mai 2025, L’Express publie un article d’Enola Richet « Israël : ces suicides de soldats que tente de cacher Tsahal face à la pénurie de combattants »64. « Une enquête du quotidien israélien Haaretz révèle le suicide d’une centaine de soldats israéliens victimes de troubles post-traumatiques depuis le début de la guerre, au moment où Tsahal tente de remobiliser des soldats arrêtés pour troubles psychiques afin de regarnir ses rangs depuis octobre 2023. Selon le média de centre gauche, une centaine de militaires victimes de troubles du stress post-traumatique (TSPT) se sont suicidés depuis le début de la guerre.
En parallèle, un mouvement prend progressivement de l’ampleur depuis quelques mois : selon l’agence Associated Press, « environ 200 soldats ont signé une lettre disant qu’ils arrêteraient de se battre si le gouvernement n’obtenait pas un cessez-le-feu », au moment même où la pression augmente sur Israël et le Hamas pour mettre fin aux combats. Selon AP, ces soldats évoquent comme motivation la manière dont  » les Palestiniens ont été tués sans discernement et les maisons détruites. Plusieurs ont déclaré qu’on leur avait ordonné de brûler ou de démolir des maisons qui ne représentaient aucune menace, et ils ont vu des soldats piller et vandaliser des résidences ». Tous évoquent le poids de la culpabilité.
Les données délivrées au compte-goutte par l’armée israélienne ne prennent en compte que les soldats qui se sont suicidés après avoir été démobilisés. Mais en accumulant les chiffres de 2024 à ceux de 2025 (tenus secrets par Tsahal), les sources du journal elles, décomptent au minimum une centaine de suicides depuis octobre 2023. La majorité d’entre eux issus des « plus de 17 000 réservistes et quelque 9 000 soldats d’active souffrant de TSPT ».

Évidemment, les israéliens et leurs soutiens tentent de faire remonter ces troubles au 7 octobre. « Les soldats israéliens qui se sont suicidés en combattant le Hamas, quelques jours après le 7 octobre » Tom Levinson 12 mai 202465. « Dix officiers et soldats se sont suicidés depuis le début de la guerre, certains alors que les combats faisaient encore rage à la frontière entre Israël et Gaza. Des conversations avec des proches et des professionnels suggèrent que ce qu’ils ont vu sur les lieux des massacres a anéanti leur âme. Ce jour-là, le soleil brillait sur les kibboutz près de Gaza, et tout était visible à l’œil nu. Les maisons incendiées, les tableaux brisés, les vêtements, les objets et tous les signes d’une vie terminée. Les milliers de soldats et d’officiers qui arpentaient les sentiers, entre les buissons et les cours, cherchaient encore des corps, des restes ». Effectivement, un mythe s’est écroulé ce jour là, le mythe de l’« invincibilité » et de la « Toute-puissance ».

« L’article, rédigé par le professeur Yoel Elizur, psychologue israélien spécialisé en santé mentale militaire, explore comment les soldats israéliens, influencés par une culture toxique de haine et de vengeance, ont commis des crimes de guerre à Gaza bien avant le 7 octobre 2023.
Selon Elizur, les soldats qui ont participé à la répression de la première Intifada éprouvent culpabilité, honte, dépression et pensées suicidaires. Les centres de réadaptation arrière (CRR) de l’armée apportent un soutien, mais nombre d’entre eux sont déclarés inaptes au service en raison du traumatisme subi.
Alors que la société israélienne considère l’armée israélienne comme une armée morale, Elizur soutient que les atrocités commises par les soldats ont été minimisées, voire ignorées. Il met en avant les recherches menées par Nuphar Ishay-Krien pendant la première Intifada, qui ont identifié plusieurs groupes de soldats en fonction de leurs réactions à la violence et à la brutalité. Certains soldats se sentaient renforcés par le pouvoir qu’ils détenaient, se considérant comme intouchables à Gaza, ce qui a encouragé leur sadisme. Le témoignage glaçant d’un soldat a déclaré : « C’est comme une drogue… on a l’impression d’être la loi, on impose les règles. Comme si, dès l’instant où l’on quitte Israël pour entrer dans la bande de Gaza, on était Dieu. »66

Et, s’ils ne se suicident pas ou ne sont pas soignés pour un syndrome post-traumatique, les soldats sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir retourner combattre. C’est, là aussi et malgré les censures diverses, assez bien documenté. Huit mois après le 7 octobre 2023, 42 réservistes qui ont servi dans l’armée depuis le 7 octobre, ont signé la première lettre de refus publiée par des réservistes depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza,67. Un an après le 7 octobre 2023, « Des objecteurs israéliens dénoncent l’inefficacité et les exactions des opérations de Tsahal »68. « Netanyahu et son gouvernement, depuis le premier jour, ont instrumentalisé ce traumatisme pour inciter au racisme, à la haine et à cette atmosphère de vengeance ».. Et, ce n’est certainement pas un hasard que la fronde ait vraiment commencé par un appel d’un pilote de guerre69 : « L’objecteur de conscience et pilote démissionnaire de l’armée de l’air israélienne, Yonatan Shapira, a appelé, mercredi, à la fin des massacres israéliens à Gaza, accusant les nations occidentales de soutenir le génocide en cours contre les Palestiniens dans l’enclave.
« Aucune autre force, à l’exception des pilotes israéliens, n’a tué autant de civils innocents dans la région », a déclaré à Anadolu celui qui a démissionné de l’armée israélienne en 2003.
Yonatan Shapira est un ancien capitaine de l’armée de l’air israélienne, membre de l’élite militaire, fils d’un pilote de la guerre de 1973 et petit-fils de victimes du génocide juif, devenu un activiste de la paix.
Ayant servi comme chef d’escadrille dans l’armée de l’air israélienne au milieu de la deuxième Intifada palestinienne (septembre 2000 – février 2005), Shapira a déclaré que les avions de guerre israéliens étaient envoyés à Gaza, en Cisjordanie et au Liban pour tuer des civils.
« J’ai commencé à réaliser qu’il s’agissait là d’actes de terrorisme », a-t-il déclaré.
L’objecteur de conscience se souvient d’une frappe aérienne au cours de laquelle une bombe de 1 000 tonnes a été larguée, à minuit, sur une maison dans l’un des quartiers les plus densément peuplés de Gaza, tuant de nombreux civils, dont la plupart étaient des enfants ».

Puis à partir d’avril 2025, « La manifestation prend de l’ampleur : Des vétérans de diverses unités militaires et de sécurité soutiennent la lettre des pilotes appelant à la fin de la guerre »70, et « En Israël, la contestation et la « fatigue » de réservistes face à la guerre à Gaza »71. « Des réservistes et des retraités de l’armée et des services de sécurité dénoncent l’impasse de la stratégie du gouvernement Nétanyahou dans des lettres ouvertes publiées dans la presse ». Et début juillet, « Gaza : un ex-soldat réserviste de l’armée israélienne dénonce un « nettoyage ethnique » et se dit « trahi » par le gouvernement »72. « Comme 300 autres réservistes, Yotam, 28 ans, sort du silence et dénonce publiquement l’action de l’armée dans l’enclave palestinienne ». et, « Les soldats de Tsahal refusent de combattre à Gaza : « Cette guerre a franchi toutes les limites morales, sécuritaires et éthiques » » 73. « Les Réfractaires de Gaza : Dans un rare acte de dissidence, cinq réservistes israéliens expliquent pourquoi ils refusent de combattre à Gaza et exigent la fin de la guerre destructrice de Netanyahou. « Je sais que le seul but de cette guerre est la survie du gouvernement, au prix de milliers d’enfants gazaouis, des otages, des soldats et de notre sécurité collective ». ».

Et le 4 août 2025, « près de 600 anciens responsables de l’appareil sécuritaire en Israël ont appelé, lundi, le président américain Donald Trump à faire pression sur Benjamin Netanyahu pour mettre fin à la guerre à Gaza. « Traquer les derniers hauts responsables du Hamas peut être fait plus tard », mais les « otages ne peuvent pas attendre », insistent-ils. »Arrêtez la guerre à Gaza ! » : 550 anciens responsables israéliens sollicitent l’aide de Trump »74.

Toutefois, rappelons-le une nouvelle fois, il semblerait que « Le problème n’est pas Nétanyahou mais l’ensemble de la société israélienne »75. « Pour Mairav Zonszein, journaliste israélo-américaine et spécialiste d’Israël à l’International Crisis Group, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, est un “bouc émissaire bien pratique” dans les déboires de la guerre à Gaza. En fait, le problème est qu’une majorité d’Israéliens soutient la machine de guerre, écrit-elle dans “Foreign Policy” ». « Ce rapport, désormais intitulé « Le problème ne vient pas seulement de Netanyahou, mais de la société israélienne », était initialement intitulé « Netanyahou est un bouc émissaire. Le problème, c’est l’insensibilité d’Israël [souligné par nous] »76.

De la même façon, suite au traitement médiatique de la gréve générale israélienne du 17 août 202577, « L’équipe de Yaani a déjà montré à plusieurs reprises cette erreur – souvent délibérée – des médias français, qui ignorent sciemment le soutien quasi unanime au génocide commis par Israël à Gaza, y compris au sein de l’opposition à Netanyahou. Ils préfèrent répéter une lecture erronée : celle d’une société démocratique, morale, humaniste, libérale, opposée à un gouvernement autoritaire et corrompu.
Les sondages publiés par des institutions, organisations et médias israéliens révèlent pourtant la réalité :
– 76,5 % des Juifs israéliens considèrent qu’il ne faut pas prendre en compte la souffrance des Palestiniens dans « la planification de la poursuite des opérations militaires d’Israël dans la bande de Gaza » (Institut israélien de la démocratie, mai 2025).
– Alors que 59 % du public expriment leur soutien à l’initiative incluant notamment « la libération de l’ensemble des otages et l’instauration d’un gouvernement technocratique à Gaza sans implication du Hamas », 64,5 % de la société affirme ne pas être préoccupée par la situation humanitaire à Gaza (INSS, mai 2025).
– 64 % des Israéliens considèrent qu’« il n’y a pas d’innocents à Gaza », dont 67 % des électeurs du centre et 30 % des électeurs de gauche — c’est-à-dire ceux qui participent aux manifestations contre le gouvernement (Accord, juin 2025).
– Enfin, selon différents sondages, entre 69 % et 82 % des Israéliens sont favorables à l’expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza (Chaîne 12, Haaretz, 2025).
Il est important de préciser que, tandis que de nombreux sondages distinguent l’opinion des Juifs israéliens de celle des Palestiniens citoyens de l’État, ces trois derniers sondages ne font pas cette distinction. On peut donc considérer que les chiffres sont en réalité encore plus dramatiques, les opinions étant alors “mélangées”.
Ce que les médias français refusent de montrer, c’est la réalité nue : une société israélienne où le soutien massif au génocide contre les Palestiniens de Gaza traverse gouvernement et opposition, droite et gauche, « libéraux » et « extrémistes ». Une société qui, dans sa grande majorité, ne voit ni victimes innocentes ni catastrophe, et n’appelle à la fin de la guerre que comme prix à payer pour sauver les otages et les soldats. Continuer à travestir cette réalité en récit d’une démocratie assiégée et morale, c’est participer à l’occultation du génocide en cours »78.

Il s’ensuit que, comme l’a écrit James Ray dans Mondoweiss le 7 janvier 2025 : « Israël ne peut perdre une “humanité” qui lui a toujours fait défaut »79. « Le 22 décembre, quelques jours seulement avant Noël, le comité de rédaction de Haaretz a publié un éditorial intitulé “Israël perd son humanité à Gaza”. Ce court article met en évidence une ancienne crainte omniprésente parmi les sionistes libéraux, à savoir que les crimes perpétrés à Gaza trahissent les valeurs d’une colonie de peuplement par ailleurs intègre et morale. Pour eux, le projet sioniste est en quelque sorte un État légitime qui ne parvient pas à respecter les normes de conduite qu’il est censé s’engager à respecter.
L’article, qui se veut à la fois un aveu de culpabilité et un appel à mieux faire n’est en fin de compte rien d’autre qu’un récit fictif de l’histoire coloniale – un récit faisant appel à une époque prétendument meilleure et plus morale. En détournant l’attention de l’histoire coloniale violente, et en brossant un tableau révisionniste d’un projet moralement intègre (bien que parfois problématique) et finalement légitime, voire amendable, ils ont fait ce que de nombreux sionistes libéraux tentent de faire depuis des décennies : esquiver une vérité tant inconfortable qu’inéluctable sur un projet auquel ils s’accrochent et qu’ils soutiennent avec tant de ferveur ».

Israël, tout comme l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid, est une société perverse. En effet, non seulement les soldats ou ex-soldats israéliens souffrent de troubles post-traumatiques mais toute la population est atteinte. La grande majorité des israéliens et même, systémiquement, la société israélienne elle-même, sont des polypsychotraumatisés chroniques. D’abord de part leur passé, la communauté juive a été persécutée puis génocidée, mais aussi de part l’histoire de conquête violente de leur pays. L’histoire d’Israël est jalonnée d’exactions, de massacres, de viols, de tortures, de purifications ethniques, de crimes de guerre et contre l’humanité. La mémoire traumatique, individuelle et collective, déjà alimentée par des siècles de violences subies, continue de l’être par les violences contre les palestiniens qui vont crescendo. Pour terminer aujourd’hui par un génocide80.

Nous avons vu plus haut, Ezra Nahmad écrit dans un article publié le 7 août 2025 dans OrientXXI : « Israël. Ce pacte de violence qui soude la société »81. « Outre la menace d’un vide au sommet du pouvoir, Israël connaît depuis quelques années une polarisation intense, sociale, culturelle, religieuse, mais qui ne trouve aucun débouché politique. Les luttes israéliennes butent contre un mur : la complicité dans le crime de guerre. À l’arrière de ces fronts armés, la population israélienne, par son déni, sa volonté obstinée de ne rien voir, ne joue pas pour autant un rôle neutre. Israël mène une guerre contre les Palestiniens, tandis que le silence coupable paralyse la société.
Or, il n’y a rien de mieux que le délit commun pour souder un groupe atone. Pour y arriver, il faut déclarer un bénéfice exceptionnel, un ennemi, ou les deux. En Israël l’ennemi était désigné, l’argent est venu avec les technologies, la finance, la spéculation foncière, toutes trois dopées par l’expansion coloniale après 1967. La colonisation, pratiquée par une minorité, est tolérée, consentie, tue par la majorité ; elle devient un péché national ».

Le professeur Mooli Lahad, l’un des plus célèbres psychothérapeutes du pays, spécialiste du syndrome de stress post-traumatique et expert internationalement reconnu, l’avait déjà bien expliqué le 3 décembre 2012 à Entre les Lignes/Rapport mensuel dans l’article « Dix pour cent des Israéliens sont atteints du syndrome de stress post-traumatique »82 :  « Nous Juifs sommes profondément attachés à nos souvenirs et à notre histoire et il est très intéressant qu’un peuple tellement orienté sur sa mémoire fasse tout pour retrouver le plus vite possible le chemin de la normalité. Nous sommes en présence d’une combinaison unique : garder présent en mémoire le souvenir de ceux que nous avons perdus et simultanément nous tourner résolument vers le présent et l’avenir ».

Les propagandistes israéliens et leurs soutiens occidentaux, n’ont pas compris, ou font semblant de ne pas comprendre, l’énorme bombe à retardement qui risque de détruire la société israélienne. Ils semblent être dans un déni profond. « Israël a une longue histoire de déni, de force, de fonctionnement et d’absence de relation avec [le traumatisme] », a déclaré M. Brom, notant que ce n’est qu’en 1987 que la première organisation visant spécifiquement à aider les survivants de la Shoah a été créée en Israël »83. Et ils manifestent une arrogance et une toute-puissance rares.

C’est pour ces raisons que les propagandistes israéliens et leurs soutiens occidentaux s’acharnent à faire remonter l’origine des syndromes de stress post-traumatiques au 7 octobre en cherchant à les limiter à ceux qui ont été attaqués par les palestiniens84, ce qui leur permet d’occulter voire de dénier leur histoire inacceptable. L’article de Robin Prudent de France Info du 15/12/2023 : « C’est aussi une guerre psychologique » : en Israël, la mobilisation générale a sonné pour soigner une population traumatisée »85 est emblématique de ce déni du passé voire du négationnisme ambiants. « Dans tout le pays, des psychologues, des associations et des particuliers tentent de venir en aide aux personnes marquées par les attaques du 7 octobre. « Il faut que l’on reconstruise toute une génération », expliquent-ils », faisant comme si les traumatismes du passé avait été réglés « Si l’ampleur des traumatismes est historique, beaucoup d’Israéliens ont déjà affronté des conflits terribles dans le passé. « Quand on nous demande : ‘Quelle est votre arme secrète pour surmonter cela ?’ Je réponds : ‘C’est une question de survie pour nous. Il n’y a pas d’autre choix' », explique Daniel Shneidman. « L’intensité de la guerre nous rappelle que nous sommes tous Israéliens, complète Yoav Rodniki, psychologue à l’assurance médicale Meuhedet. Cette appartenance va aider à la reconstruction. » ». Ou pas.

Pourtant Robin Prudent précise : « D’après une étude publiée début décembre, 34% des personnes interrogées en Israël ont décrit des symptômes correspondant à un état de stress post-traumatique après les attentats du 7 octobre »86. Et cela le 3 décembre 2023, 2 mois après ! Combien sont-ils un an après, après le génocide en cours à Gaza, la guerre avec le Liban, en Syrie et avec l’Iran ?

« Une nouvelle étude révèle qu’un demi-million d’Israéliens pourraient souffrir du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) » à la suite des massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre et de la guerre en cours peut-on lire le Média All Israël le 26 mars 202487. Et même « selon d’autres études citées par les auteurs, entre 15 % et 35 % des Israéliens vivant en Israël même ont signalé des symptômes de SSPT après le 7 octobre » peut-on lire sur le site de RadioJ88. Ce qui fait quand même entre 1 et 3 millions de personnes !

Toujours dans ce dernier article nous pouvons lire : « Une nouvelle étude menée par l’Université de Haïfa a révélé que 66,4 % des Israéliens vivant à l’étranger ont signalé des symptômes de trouble de stress post-traumatique (TSPT) dans les deux mois qui ont suivi le déclenchement de la guerre qui a débuté avec l’attaque brutale du Hamas le 7 octobre ». Compte tenu qu’il y aurait 1 000 000 d’israéliens vivant à l’étranger89 cela représenterait 650 000 personnes.

i24NEWS titrait le 17 février 2025 : « Un tiers des Israéliens souffrent de stress post-traumatique depuis le 7 octobre, révèle une enquête »90. « 51 % des partisans de Netanyahou qui sont devenus ses adversaires après le 7 octobre présentent des symptômes de stress post-traumatique. Une étude menée au Zefat Academic College et publiée lundi a présenté la profondeur de la crise mentale dans la société israélienne depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, et a souligné un lien surprenant entre le traumatisme et les changements de positions politiques, a rapporté Kan lundi. L’étude, menée auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 Israéliens parlant hébreu, confirme les conclusions du rapport du contrôleur de l’État : plus d’un tiers de la population (36 %) présente des symptômes de stress post-traumatique (SSPT)91 ».

Le climat est tellement délétère que même les animaux de compagnie des israéliens sont stressés. « Les sirènes des raids aériens, les avions de combat assourdissants et les explosions consécutives à l’interception de missiles rendent les animaux de compagnie et autres animaux anxieux – au point même de nécessiter des médicaments psychiatriques. Les vétérinaires recommandent aux propriétaires de projeter chaleur et calme, ou d’offrir une friandise, pour aider à désamorcer les craintes ». Peut-on lire dans l’article « Sédatifs en caisse » : comment les Israéliens peuvent aider leurs animaux de compagnie à faire face à l’anxiété de la guerre » de Moshe Gilad dans Haaretz le 30 novembre 202492.

36% de la population israélienne ! c’est carrément énorme. Compte tenu que c’est un tabou « En Israël déserter l’armée est un tabou, comme souffrir de stress post-traumatique »93, les chiffres seraient bien supérieurs, cela fait a minima 3,4 millions de personnes.

Nous sommes visiblement en présence d’une véritable « épidémie » de syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Ou plutôt de syndrome de stress traumatique, Car ils nous faut parler de polypsychotraumatisés chroniques. En effet, certains psychiatres israéliens ont tendance à éluder le problème de la continuité des traumatismes pour les israéliens, en parlant de syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Mais, comme l’expliquait le professeur Mooli Lahad, l’un des plus célèbres psychothérapeutes du pays, spécialiste du syndrome de stress post-traumatique et expert internationalement reconnu, le 3 décembre 2012 à Entre les Lignes/Rapport mensuel dans l’article « Dix pour cent des Israéliens sont atteints du syndrome de stress post-traumatique »94, « Le plus grand défi est que la désignation POST-traumatique ne s’applique pas à Israël. En effet, la situation normale devrait être la suivante : quand je traite une personne, son trauma devrait faire partie de son passé. En Israël nous n’en arrivons jamais au point où nous pouvons dire : maintenant, nous avons affaire à un syndrome de stress POST-traumatique. Ici, les événements graves se succèdent pratiquement sans interruption. Les gens n’ont pas le temps de se remettre ».

Et les psychologues israéliens se rassurent comme ils peuvent ; « Notre pays est tout petit et le massacre a eu une telle ampleur, que tout le monde ici a une proximité avec ce qu’il s’est passé », explique Daniel Shneidman, directeur du département de santé mentale de Meuhedet95. Même le professeur Mooli Lahad, dont nous avons parlé plus haut, dit le 3 décembre 201296 : « Mais si grande que soit cette souffrance, elle s’accompagne d’une résilience qui ne lui cède en rien. La situation influence de nombreux aspects de notre société. C’est ainsi que les Israéliens ont coutume d’examiner les situations en „mode de survie“. Par ailleurs, nous sommes aux petits soins pour nos enfants, nous réagissons à tout, sommes constamment aux aguets et facilement irritables. Parallèlement toutefois, mes études montrent que notre société est extrêmement stable et résistante. Bien entendu, ces considérations ne s’appliquent pas à chaque individu, mais elles valent pour l’ensemble de la population ».

Et ces psychiatres croient avoir trouvé la solution : « Face à l’augmentation des cas de syndrome de stress post-traumatique, certains soldats sont envoyés dans un ranch près de Tel-Aviv pour suivre une thérapie avec les chevaux. Ces séances visent à les préparer à retourner sur le front »97. Israël est à la pointe des recherches concernant le traitement de SSTP (syndrome de stress post-traumatique)98. Mais il y a fort à parier que ces derniers soient assez inefficaces pour soigner les personnes polytraumatisées. Car, faire remonter les troubles au 7 octobre c’est occulter toute l’histoire de conquête violente de leur pays.

Judah Ari Gross expliquait déjà en 2021 les difficultés auxquelles se heurtaient les israéliens99. « Après l’immolation d’un ancien combattant atteint de TSPT dans une présumée protestation contre le ministère de la Défense, les options de traitement font l’objet d’examen.
Les personnes ayant vécu un ou plusieurs événements traumatisants ne développent pas toutes un trouble de stress post-traumatique à part entière, qui se caractérise généralement par des flashbacks intrusifs et récurrents, une hypervigilance, l’évitement des éléments déclencheurs et divers symptômes émotionnels, comme la colère ou la dépression.
Certaines personnes ne développeront que quelques symptômes moins intenses, dont elles ne se rendront peut-être même pas compte qu’ils sont dus au stress post-traumatique : éviter de s’asseoir le dos tourné à une porte, difficultés à dormir ou consommation accrue de drogues et d’alcool.
À la place de l’unité de stress au combat de l’armée israélienne et du centre de réadaptation du ministère de la Défense, deux grandes organisations non gouvernementales ont pris le relais pour proposer un traitement aux anciens combattants : Le Natal Israel Trauma and Resiliency Center et le Metiv de Brom.
« Israël a une longue histoire de déni, de force, de fonctionnement et d’absence de relation avec [le traumatisme] », a déclaré M. Brom, notant que ce n’est qu’en 1987 que la première organisation visant spécifiquement à aider les survivants de la Shoah a été créée en Israël.
«  » Il y a beaucoup de points de vue ‘noir et blanc’ sur les traumatismes. Si vous sortez de l’armée et que vous avez vécu beaucoup de choses, soit vous avez un TSPT, soit vous n’avez rien. Telle est l’idée. Mais la réalité, bien sûr, est qu’il s’agit d’un continuum », a déclaré Danny Brom, le directeur fondateur de Metiv : Centre israélien de psychotraumatisme, qui traite les personnes souffrant de TSPT. » Et, encore en 2024, le problème n’était pas réglé100.

Car, il faut se rendre à l’évidence, l’augmentation dramatique des syndromes traumatiques n’est qu’un symptôme de l’état de déréliction de la société israélienne. Déréliction venant de l’une de ses contradictions fondamentales101 qu’Ilan Pappé à pointé dans le film documentaire Tantura102 : « Je pense que l’image qu’Israël a de lui-même, en tant que société morale est une chose que je n’ai vue nulle part ailleurs. A quel point c’est important pour lui d’être une exception, « nous sommes le peuple élu », cela fait partie de l’auto-identification d’Israël, en tant que peuple particulièrement moral. Et j’ai grandi avec cette idée d’armée la plus morale du monde », et les israéliens ont beaucoup de mal à admettre qu’ils commettent des crimes de guerre parce que fondamentalement, le projet sioniste a un problème. En un sens c’est une tragédie. Les juifs ont dû fuir l’Europe pour se trouver un refuge sûr, mais vous ne pouvez pas créer un refuge sûr en créant une catastrophe pour un autre peuple ».

Ce déni généralisé, cet inconscient ou mieux cette mémoire traumatique inconsciente collective, taraude la société israélienne dans son ensemble. Ce n’est pas réservé à la seule entité sioniste, tous les états coloniaux ont développé un tel inconscient collectif. La France n’y échappe pas avec par exemple l’Algérie. Le retour du refoulé peut être particulièrement douloureux pour certains, même près d’un siècle plus après. Le parallèle établi par Jean-Michel Aphatie entre le massacre d’Oradour-sur-Glane et les exactions commises par l’armée française lors de la colonisation en Algérie a par exemple déclenché une grosse polémique : « « Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? » s’interrogeait Jean-Michel Aphatie, le 25 février 2025 sur RTL103.

Mais il y quelque chose d’encore plus dramatique qui se joue en Israël. L’historien Omer Bartov, qui a connu la guerre comme jeune réserviste dans l’armée israélienne en 1973, et est devenu l’un des plus grands spécialistes du génocide. Son dernier livre, Anatomie d’un génocide. Vie et mort dans une ville nommée Buczacz, a été publié en poche le 30 octobre 2024. En novembre 2023, sous le choc du 7 octobre, il a publié, dans le New York Times, un texte intitulé « Ce que je crois en tant qu’historien du génocide »104, dans lequel il estime n’avoir « aucune preuve qu’un génocide soit en train de se dérouler actuellement à Gaza ». Neuf mois plus tard il publie dans le Guardian : « En tant qu’ancien soldat des forces armées israéliennes et historien du génocide, j’ai été profondément troublé par ma récente visite en Israël », où il fait un virage à 180° et pense qu’il y a des « actions génocidaires systématiques à Gaza ». Ce texte magistral sera publié en français par Orient XXI le 5 septembre sous le titre : « Un historien du génocide face à Israël »105.

Dans une interview de François Bougon dans Médiapart publiée le 4 octobre 2024, « Les Israéliens sont intoxiqués par leur propre traumatisme du 7-Octobre »106, à la question du journaliste :

« Peut-on comparer ce moment à ce qu’ont vécu les États-Unis avec la guerre du Vietnam ? »

Omer Bartov répond :

« C’est une question compliquée, mais je ne crois pas que l’analogie avec les États-Unis soit pertinente. Car ce qui a mis fin à la guerre, c’est le recours à des appelés, comme en Algérie pour la France, et pas simplement aux militaires professionnels. Quand vous appelez des jeunes pour une guerre impopulaire qui a été menée par des soldats professionnels, les gens se disent : « Je ne sais pas si cette guerre est bonne ou non, mais je ne vais pas me faire tuer là-bas. » Puis leurs parents s’impliquent aussi, et c’est toute la société qui se mobilise.

En Israël, la société a toujours été mobilisée. Ce qui se passe actuellement renforce considérablement les sentiments des Israéliens. Mais, contrairement à la France, aux États-Unis et à d’autres pays qui ont mené des guerres coloniales, il existe en Israël après le 7-Octobre un énorme sentiment d’insécurité qui n’a pas disparu et qui est utilisé par le gouvernement et par l’extrême droite pour mobiliser les gens, mais en se basant sur la peur.

Et c’est là encore que l’Holocauste s’insinue, car c’est comme s’il allait y avoir un autre Auschwitz. Si ce discours sur un nouvel Holocauste est associé à des sirènes aériennes, à des roquettes et à la mort de personnes, il engendre l’indifférence à l’égard du sort de ceux que l’on détruit et il produit une volonté de destruction ».

Je vois donc un autre critère discriminant plus pertinent. La spécificité des guerres coloniales israéliennes est que ce ne sont pas des gens qui ont été dominants qui colonisent à leur tour mais un groupe social plus ou moins homogène qui a été dominé, discriminé, persécuté, bouc-émissarisé et, a subi un génocide. La spécificité des guerres coloniales israéliennes c’est qu’elles sont menées par des anciennes victimes. Et pas n’importe quelles victimes. Il est remarquable que ce soit ce peuple qui ayant subit un génocide en commette un à son tour.

 

_____________________

1« L’effondrement du sionisme », Ilan Pappe, 21 juin 2024. https://newleftreview.org/sidecar/posts/the-collapse-of-zionism

2« Eyal Sivan : « Israel est un pays qui n’a pas de limites » » https://www.youtube.com/watch?v=6Z4JZrUmESE [8mn 37s – 11mn 59s]

4Voir par exemple : « À Gaza, les soldats israéliens mettent en scène leurs crimes en vidéo », par Fatma Ben Hamad, 14 février 2024 https://orientxxi.info/magazine/a-gaza-les-soldats-israeliens-mettent-en-scene-leurs-crimes-en-video,7062

5Voir par exemple : « « Il est urgent que la France enquête » : un soldat franco-israélien visé par une plainte pour torture, crimes de guerre et génocide » Publié le 17/12/2024 à 09:51 https://www.midilibre.fr/2024/12/17/il-est-urgent-que-la-france-enquete-un-soldat-franco-israelien-vise-par-une-plainte-pour-torture-crimes-de-guerre-et-genocide-12397147.php

7Saverio Tomasella, La folie cachée, Albin Michel, p. 193

8Rajouté par nous.

9Voit Ferenzi, Ana Freud

10Sandor Ferenzi, Le traumatisme, Petite Biblio Payot, 2006, pp. 110-111.

13Pocket, 2011, pp. 11-12.

14Pocket, 2021, p. 23.

15« Eyal Sivan : « Israel est un pays qui n’a pas de limite » https://www.youtube.com/watch?v=6Z4JZrUmESE [8mn 37s – 11mn 59s]

16Anomosa, 2024.

17Par Yossi Melman 29 mars 2019 13:24 « Selon les profils psychologiques, le Premier ministre « considère comme sa tâche héroïque de sauver sa patrie » ». https://www.jpost.com/jerusalem-report/netanyahus-narcissism-584857

18Actes sud, 2019, réédité chez Babel, 2021.

21« Le couteau est toujours là, Mais plus tranchant : Le traitement Israélien pour les SSPT » par Claudine Douillet, le 28 août 2024 https://www1.alliancefr.com/actualites/le-couteau-est-toujours-la-mais-plus-tranchant-le-traitement-israelien-pour-les-sspt-6119917

22Odile Jacob, 1999, p. 31

23Louis Crocq, Les traumatismes psychiques de guerre, p. 35.

24« L’histoire de Frantz Fanon » Histoires Crépues 30 mars 2025 https://www.youtube.com/watch?v=MLGy2QWnUgs [21mn21s]

25https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/18/bourreaux-et-victimes-des-soldats-israeliens-soignes-pour-des-troubles-de-stress-post-traumatique-pour-vous-nous-sommes-des-monstres-n-est-ce-pas_6399694_3210.html
Voir aussi : « « Il est sorti de Gaza, mais Gaza n’est pas sorti de lui » : les soldats israéliens de retour de la guerre luttent contre le traumatisme et le suicide » Par Nadeen Ebrahim et Mike Schwartz, CNN Mis à jour 13h20 HAE, lundi 21 octobre 2024 https://edition.cnn.com/2024/10/21/middleeast/gaza-war-israeli-soldiers-ptsd-suicide-intl/index.html, ou encore : « “On a écrasé des Palestiniens avec un bulldozer”, les témoignages glaçants de soldats israéliens » TRTFrançais 22 octobre 2024. Des soldats israéliens revenus du front, souffrent de troubles psychologiques, après avoir commis des crimes d’une barbarie sans précédent à Gaza, à tel point que certains d’entre eux en viennent à se suicider. https://www.trtfrancais.com/actualites/on-a-ecrase-des-palestiniens-avec-un-bulldozer-les-temoignages-glacants-de-soldats-israeliens-18223269
Et, « Elon Mizrahi avait piloté un bulldozer israélien à Gaza, il sentait du sang invisible couler de son corps… » Publié le lundi 18 novembre 2024 https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-revue-de-presse/la-revue-de-presse-du-lundi-18-novembre-2024-6916871

26Voir : « Pourquoi Israël peut torturer les enfants palestiniens qu’il arrête en toute impunité » Miranda Cleland Jeudi 7 décembre 2023 https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/guerre-israel-palestine-droits-enfants-torture-detention-droits-impunite
« Israël : un soldat condamné pour « mauvais traitements » sur des détenus palestiniens » Le Parisien avec AFP Le 6 février 2025 à 16h19. « Plusieurs enquêtes ont été ouvertes au centre de détention de Sde Teiman, dans le désert du Neguev, dans le sud d’Israël, où sont retenus des Gazaouis soupçonnés d’activités terroristes ». https://www.leparisien.fr/international/israel/israel-un-soldat-condamne-pour-mauvais-traitements-sur-des-detenus-palestiniens-06-02-2025-TFXLYDESSBGKXAHJDSN6PKCXUY.php
« Prolongation de la détention de 5 réservistes soupçonnés d’abus sexuels à l’encontre d’un suspect palestinien » Par Emanuel Fabian 7 août 2024, 09:42 « Au total, dix soldats ont été placés en garde à vue dans cette affaire ; les procureurs n’ont pas demandé le maintien en détention de cinq d’entre eux, à la suite de nouveaux éléments de preuve dans l’affaire ». https://fr.timesofisrael.com/prolongation-de-la-detention-de-5-reservistes-soupconnes-dabus-sexuels-a-lencontre-dun-suspect-palestinien/
« Le recours croissant à la torture par Israël contre les Palestiniens en détention est un crime contre l’humanité évitable, selon des experts de l’ONU » 05 août 2024 https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2024/08/israels-escalating-use-torture-against-palestinians-custody-preventable
« Des législateurs israéliens tentent de bloquer des poursuites dans une affaire de torture » Bill Van Esveld Directeur adjoint pour la région MENA, div. Droits des enfants31 juillet 2024 4:34PM EDT. « Les autorités devraient plutôt mettre fin aux graves abus contre des détenus palestiniens, ainsi qu’à l’impunité pour ces abus ».
https://www.hrw.org/fr/news/2024/07/31/des-legislateurs-israeliens-tentent-de-bloquer-des-poursuites-dans-une-affaire-de

« Israël : torture “généralisée et systématique” des prisonniers palestiniens » 9 juillet 2025 « Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, s’insurge contre la torture “généralisée et systématique” des Palestiniens emprisonnés en Israel ». https://trt.global/fran%C3%A7ais/article/8aae7d0b981b
« Gaza: des chiens utilisés pour commettre des agressions sexuelles sur les Palestiniens » TRTFrançais 10 juillet 2024. « L’armée israélienne aurait utilisé des chiens pour commettre des agressions physiques, psychologiques mais aussi sexuelles sur des détenus palestiniens dans ses prisons, selon une ONG ». https://www.trtfrancais.com/actualites/gaza-des-chiens-utilises-pour-commettre-des-agressions-sexuelles-sur-les-palestiniens-18182253
« Les “Guantanamos israéliens”: l’enfer des prisonniers palestiniens » TRTFrançais 4 juin 2024. « Yeux bandés, dévêtus, torturés, amputés sans anesthésie, les prisonniers palestiniens détenus par Israël vivent l’enfer dans le camp de Sdei Teiman. Un camp comparé à Guantanamo par une ONG israélienne ». https://www.trtfrancais.com/actualites/les-guantanamos-israeliens-lenfer-des-prisonniers-palestiniens-18169676

27« À Gaza, presque chaque peloton de Tsahal possède un bouclier humain, une sous-armée d’esclaves palestiniens » Anonyme 30 mars 2025 https://www.haaretz.com/opinion/2025-03-30/ty-article-opinion/.premium/in-gaza-almost-every-idf-platoon-keeps-a-human-shield-a-sub-army-of-palestinian-slaves/00000195-e627-deaf-a397-f6674e390000
« Tsahal aurait utilisé des Palestiniens comme boucliers humains » 24 octobre 2024. « L’armée israélienne aurait forcé des Palestiniens à entrer dans des bâtiments potentiellement piégés dans la bande de Gaza, afin de protéger ses propres troupes. Une action systématique, selon les témoignages d’un soldat israélien et de cinq ex-prisonniers palestiniens ». https://www.blick.ch/fr/monde/temoignage-choc-dun-soldat-israelien-tsahal-aurait-utilise-des-palestiniens-comme-boucliers-humains-id20256595.html

28« Une base de données massive de preuves, compilée par un historien israélien, documente les crimes de guerre d’Israël à Gaza » Nir Hasson 20 décembre 2024 https://investigaction.net/une-base-de-donnees-massive-de-preuves-compilee-par-un-historien-israelien-documente-les-crimes-de-guerre-disrael-a-gaza/
« Le quotidien israélien « Haaretz » continue de dénoncer les exactions de l’armée à Gaza, malgré les attaques du gouvernement » Par Samuel Forey (Jérusalem, correspondance) Publié 29 décembre 2024 Le journal israélien est l’un des rares médias du pays à montrer la réalité de la guerre du côté palestinien. Une approche critique qui lui vaut d’être en première ligne face aux attaques du gouvernement contre les médias. https://www.lemonde.fr/international/article/2024/12/29/israel-cible-du-gouvernement-le-quotidien-haaretz-continue-de-denoncer-les-exactions-de-l-armee-a-gaza_6471883_3210.html

29Récit d’un adjudant israélien revenu de Gaza, publié dans le Guardian et repris dans Le Soir: « Gaza : les terribles états de service de « l’armée la plus morale du monde » » Par Baudouin Loos, 7/04/2025 à 17:28. « L’épisode récent des quinze secouristes gazaouis froidement abattus par l’armée israélienne à Rafah illustre les dérives de cette armée dans le territoire de Gaza sur lequel planent la mort et l’annihilation ». https://www.lesoir.be/667333/article/2025-04-07/gaza-les-terribles-etats-de-service-de-larmee-la-plus-morale-du-monde

30« Des centaines de Palestiniens abattus sans discernement par des soldats israéliens dans la « zone mortelle » de Gaza » 19 décembre 2024 https://www.middleeasteye.net/news/hundreds-indiscriminately-shot-dead-israeli-soldiers-gaza-kill-zone

31« Une « ligne de cadavres » dans « Gaza sans loi » : les soldats israéliens dénoncent les assassinats arbitraires et les crimes de guerre » Équipe QNN 18 décembre 2024 https://qudsnen.co/a-line-of-corpses-in-lawless-gaza-israeli-soldiers-expose-arbitrary-killings-and-war-crimes/

32« « Des crimes de guerre sont commis » : Moshe Yaalon affirme que les forces israéliennes commettent un « nettoyage ethnique » dans le nord de Gaza » Équipe QNN 1er décembre 2024 https://qudsnen.co/war-crimes-are-being-committed-moshe-yaalon-asserts-israeli-forces-committing-ethnic-cleansing-in-northern-gaza/

 

33« Gaza. Pathologies de la vengeance » Adam Shatz, OrientXXI, 31 octobre 2023. « Comment penser ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 et ses suites ? Comment mesurer le poids de l’histoire coloniale ? Comment sortir de l’impasse ? S’appuyant en particulier sur les écrits de Frantz Fanon, l’intellectuel Adam Shatz répond à ces questions dans une longue analyse ». https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/gaza-pathologies-de-la-vengeance,6829

34« Dénoncer l’armée israélienne : témoignages de sadisme et d’atrocités commises par des soldats en Palestine » par Quds News Network 24/12/2024 https://countercurrents.org/2024/12/exposing-israels-army-testimonies-of-sadism-and-atrocities-committed-by-soldiers/
Voir aussi : « « Lorsque vous quittez Israël et entrez à Gaza, vous êtes Dieu » : dans l’esprit des soldats de Tsahal qui commettent des crimes de guerre » Yoel Elizur 23 décembre 2024 https://www.haaretz.com/opinion/2024-12-23/ty-article-opinion/.premium/when-you-enter-gaza-you-are-god-inside-the-minds-of-idf-soldiers-who-commit-war-crimes/00000193-f2a4-dc18-a3db-fee62b540000
« L’inquiétude pour la sécurité des membres de la famille servant dans l’armée fait partie intégrante de la vie familiale en Israël. Comme mes contemporains, j’étais un père inquiet lorsque mes enfants servaient dans l’armée israélienne, et je suis un grand-père encore plus inquiet. Je suis horrifié par les massacres de civils à Gaza et préoccupé par l’impact de cette brutalité sur la santé mentale des soldats. Nos soldats sont mis en danger par la rhétorique incendiaire du gouvernement et par l’affaiblissement des systèmes judiciaires civil et militaire. Ces politiques sapent le code de conduite de Tsahal, soutiennent les atrocités ».

35On peut se demander quand même comment les snipers peuvent occulter les assassinats d’enfants. Voir : « Gaza: une enquête de la BBC révèle qu’Israël a tué 95 enfants, par tir à la tête ou la poitrine » 2 août 2025. « Une enquête de la BBC révèle qu’Israël a tué 95 enfants majoritairement âgés de moins de 12 ans depuis le début de la guerre, en leur tirant une balle dans la tête ou la poitrine.
La BBC a rassemblé des preuves concernant plus de 160 cas d’enfants abattus par les forces israéliennes à Gaza, révélant que dans 95 de ces cas, l’enfant a été touché à la tête ou à la poitrine. Selon l’enquête, la plupart des victimes avaient moins de 12 ans. Ces cas, qui s’étendent des premières semaines du conflit jusqu’à juillet 2025, dressent un tableau glaçant du prix payé par les enfants gazaouis dans cette guerr
e » https://trt.global/fran%C3%A7ais/article/ba0bfcf986ca
Ou encore : « « Je suis certain que c’était un sniper » : 95 enfants palestiniens tués d’une balle dans la tête ou dans la poitrine à Gaza, selon la BBC » Clémentine Eveno, 6 août 2025.
« La chaîne anglaise a reconstitué comment Layan al-Majdalawi, deux ans, et Mira Tanboura, six ans, ont été abattues à Gaza en novembre 2023, dans des zones où opérait l’armée israélienne. L’enquête s’appuie sur 168 cas d’enfants tués par balle. Parmi eux, 95 enfants ont été atteints à la tête ou à la poitrine ». https://www.humanite.fr/monde/bande-de-gaza/je-suis-certain-que-cetait-un-sniper-95-enfants-palestiniens-tues-dune-balle-dans-la-tete-ou-dans-la-poitrine-a-gaza-selon-la-bbc
Et, AJ+ français https://www.facebook.com/photo/?fbid=1178636724293184&set=a.640738651416330 « En novembre 2023, Layan al-Majdalawi, 2 ans, et Mira Tanboura, 6 ans, ont été tuées par l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Layan était dans les bras de son père Mohammed qui tentait de fuir une zone bombardée par Israël. Mira, elle, fuyait avec sa famille sur une route désignée comme un couloir d’évacuation.
Les deux fillettes ont été abattues par un tireur d’élite israélien. Des images montrent Layan et son père touchés par des tirs dans Hamid Street. Mira est quant à elle touchée d’une balle dans la nuque, alors qu’aucun affrontement n’était signalé dans la zone. “Je suis certain que c’était un sniper”, déclare son père.
Les cas de Layan et Mira sont loin d’être isolés. La BBC a recueilli des témoignages concernant 168 enfants tués à Gaza : 95 l’ont été d’une balle dans la tête ou la poitrine, plus de deux tiers des victimes recensées avaient moins de 12 ans.
Pour pouvoir enquêter, les journalistes de la chaîne britannique ont interrogé “30 médecins et infirmiers et examiné des centaines de photos et de vidéos, ainsi que des scanners, des notes médicales et des extraits de journaux qu’ils ont partagés”.
L’armée israélienne affirme que les cas de Layan et Mira seront “examinés par les autorités compétentes”, déclarant que les “dommages intentionnels aux civils, en particulier aux enfants, sont strictement interdits
” ».

37Homme politique allemand, Heinrich Himmler est un haut dignitaire nazi. Il a dirigé la SS, la Gestapo et mis en place les camps de concentration et d’extermination. Il se suicide le 23 mai 1945 à Lunebourg.

38Journal de campagne de Bach-Zelewski, Bundesarchiv, Sign. R20/45b, Copie ZSL, Findmittelschrank Nr 37. Donc Himmler se trouvait à Baranovitchi le 30 juillet 1941 et les 15 et 16 août à Baranovitchi et à Minsk. On fit appel à Bach le 15 août, de sorte que c’est probablement au plus tôt ce jour-là que Himmler assista à la fusillade. Voir à ce sujet la déposition du médecin russe N.N. Akimova qui parle de la visite de Himmler dans un hôpital psychiatrique en août 1941 ; A Ebbinghaus/G. Preissler, « Die Ermordung psychich kranker Menschen in der Sowjetunion. Dokumentation », in Aussonderung und Tod. Die klinische Hinrichtung der Unbrauchbaren, Berlin, 1985, p. 188.

39À propos de l’Einsatzgruppe B, voir H. Krausnick/H.H. Wilhelm, Die Truppe des Weltanschauungskriegs. Die Einsatzgruppen der Sicherheitspolizei und des SD 1938-1942, Stuttgart, 1982, p. 179 sqq.

40Les Einsatzgruppen (pluriel de Einsatzgruppe, littéralement « groupes d’intervention ») étaient les unités mobiles d’extermination du IIIe Reich allemand. Créés dès l’Anschluss, à partir de l’invasion de la Pologne, ces unités de police politique militarisées étaient chargées de l’assassinat systématique des opposants réels ou supposés au régime nazi, particulièrement des Juifs. Les Einsatzgruppen ont été l’instrument de ce qu’on nomme également la « Shoah par balles ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Einsatzgruppen

41Déposition de Bach-Zelewski in Aufbau (New York), 23.8.1946, p. 2. Le même récit de cette scène nous est livré par Karl Wolff, aide de camp de Himmler, lui aussi présent, StA Munich, Az 10a Js 39/60 acte d’accusation [ZSL, Sammelakte 137, f. 140 sqq.] Sous cette cote se trouvent aussi d’autres dépositions de témoins sur cet événement.

42Ibid, voir aussi la déposition de N.N. Akimova (note 29).

43Déposition de Bach-Zelewski (note 30). Voir aussi à ce sujet la déposition du chimiste H. Hoffmann datée du 27.1.59, StA Dusseldorf, 8 Js 7212/59 [ZSL, Az. 439 AR-Z 18a/60, f. 28].

44« Les camions à gaz : leur mise au point et leur utilisation dans le meurtre des Juifs » Par Mathias Beer, Traduit de l’allemand par Carole Daffini Revue d’Histoire de la Shoah 2003/3 N° 179Pages 101 à 119 https://shs.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah1-2003-3-page-101?lang=fr#re31no370

46« Les Einsatzgruppen. Une introduction » Un essai de Yale F. Edeiken, traduit et adapté en français par Gilles Karmasyn. https://phdn.org/histgen/einsatzgruppen-shoah-par-balles/einsatzintro.html#parXIV

47« Tsahal et la Wehrmacht : mêmes mécanismes ? (Historien israélien) » 20 août 2024 https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/tsahal-et-la-wehrmacht-memes-mecanismes-historien-israelien

49Voir par exemple : « Le quartier de Chadjaya à Gaza écrasé sous les frappes d’Israël » Par Clothilde Mraffko (Jérusalem, correspondance) et Samuel Forey (Jérusalem, correspondance), publié le 04 décembre 2023 à 11h30, modifié le 04 décembre 2023 à 13h41
Une série de bombardements a détruit près d’une cinquantaine d’immeubles d’habitation, l’un des pires massacres depuis le début de la guerre à Gaza. L’armée israélienne a déclaré avoir éliminé un cadre du Hamas visé.
https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/04/le-quartier-de-chadjaya-a-gaza-ecrase-sous-les-frappes-d-israel_6203831_3210.html

52« Compter les morts à Gaza : difficile mais essentiel » The Lancet, Volume 404, Numéro 10449 p237-238 20 juillet 2024. Rasha Khateeb un , b rasha.alkhatib@aah.org ∙ Martin McKee c ∙ Salim Yusuf, https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)01169-3/fulltext

53« Bande de Gaza: le nombre de morts dépasserait largement les chiffres officiels » Publié le : 08/07/2025. Cinquante-six pour cent des tués étaient soit des enfants de moins de 18 ans, soit des femmes. Les données exposent également que la proportion de femmes et d’enfants tués par mort violente à Gaza est plus de deux fois supérieure à celle observée dans presque tous les autres conflits récents, qu’il s’agisse du Kosovo (20%), de la Syrie (20%), du Soudan (23%)… https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250708-bande-de-gaza-le-nombre-de-morts-d%C3%A9passerait-largement-les-chiffres-officiels

54Le camion à gaz – «Trouver un système de mise à mort plus efficace» – Les hommes des Einsatzgruppen éreintés par le rythme des exécutions. Extrait de Pour eux «c’était le bon temps», la vie ordinaire des bourreaux nazis, Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess. Traduit de l’allemand par Métais-Bührendt. Éditions Plon, 1989 © Éditions Plon 1989. https://phdn.org/histgen/lebontemps/lbt-10-1941-camionsagaz.html

56« Mass graves in Gaza show victims’ hands were tied, says UN rights office », UN, 23 avril 2024, https://news.un.org/en/story/2024/04/1148876

57« Découverte de 392 cadavres à proximité de l’hôpital Nasser à Khan Younès, et certains enterrés vivants », Al Jazeera, 25 avril 2024. https://tinyurl.com/3afchwtt

58« Gaza’s mass graves: Is the truth being uncovered », Al-Jazeera, 11 mai 2024. https://tinyurl.com/5atxs2jm

59« 10 000 personnes craignent d’être enterrées sous les décombres à Gaza », ONU, 2 mai 2024 https://news.un.org/en/story/2024/05/1149256#:~:text=In%20another%20worrying%20development%2C%20OCHA%20reported%20late%20Wednesday,land%20and%20sea%2C%20the%20UN%20aid%20office%20said
« Israël et les territoires occupés: Key Facts and Figures from 7 October 2023 to 31 March 2024 », Comité international de la Croix-Rouge, 8 avril 2024.

60Voir aussi : « Personnes enterrées vivantes dans les fosses communes autour des hôpitaux ». Témoignage du docteur Mark Perlmutter (qui a été en mission au petit hôpital Shuhada al-Aqsa de Deir al-Balah, en avril 2024) à propos de 2 enfants. Il corrobore les découvertes du printemps 2024 : 7 fosses communes autour des hôpitaux al-Chifa, al-Nasser à Khan Younès et Kamal Adwan. Et parmi les plus de 500 corps retrouvés, nombre avaient les mains attachées dans le dos. https://www.instagram.com/reel/DM8i3XUs_y0/?igsh=MWxyODd5dXJuejBtNg==
« Guerre à Gaza : au moins 49 corps découverts dans une nouveau charnier à l’hôpital al-Chifa » Par MEE, 9 mai 2024 – 10:31. « Plus de 520 corps ont été retrouvés dans les sept fosses communes des hôpitaux al-Chifa, al-Nasser et Kamal Adwan, selon le bureau des médias de Gaza ». Exécutions génocidaires. Personnes enterrées vivantes et d’autres décapitées à qui on a volé des organes, d’après les corps retrouvés dans des fosses communes. Avril 2024. 7 charniers ont été découverts : 3 à al-Chifa, 3 à l’hôpital al-Nasser à Khan Younès au sud de Gaza et 1 à l’hôpital Kamal Adwan au nord. Au total, 520 corps ont été retrouvés dans ces fosses. https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-gaza-au-moins-49-corps-decouverts-dans-une-nouveau-charnier-lhopital-al
« Guerre à Gaza : des centaines de corps découverts dans des charniers dans l’hôpital de Khan Younès » Par MEE, 21 avril 2024 – 15:43. « Au moins 200 corps, dont ceux d’enfants, de femmes âgées et de jeunes hommes. avaient été retrouvés dans deux fosses communes en milieu de journée. Alors que les recherches se poursuivent, les sauveteurs estiment qu’il y aurait au moins 400 corps. Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déclaré que certains des corps retrouvés avaient été décapités et que leur peau et leurs organes avaient été prélevés. » https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-gaza-des-centaines-de-corps-decouverts-dans-des-charniers-dans-lhopital-de
« Conflit. Gaza : plus de 200 corps exhumés d’une fosse commune à Khan Younès » Courrier international, le 22 avril 2024 à 13h40. « La défense civile à Gaza poursuit ses recherches de corps et de restes humains enterrés dans un charnier découvert dans la ville de l’enclave palestinienne, d’où les troupes israéliennes se sont retirées le 7 avril. Il s’agit de la deuxième grande fosse commune découverte en une semaine. »
Premiers charniers découverts, à côté de l’hôpital Nasser, à Khan Younès. La défense civile à Gaza poursuit ses recherches de corps et de restes humains enterrés dans un charnier découvert dans la ville de l’enclave palestinienne, d’où les troupes israéliennes se sont retirées le 7 avril. Il s’agit de la 2e grande fosse commune découverte en une semaine. Les équipes continuent d’exhumer des dépouilles et des restes humains d’une fosse commune découverte, le samedi 20 avril, dans l’enceinte de l’hôpital Nasser, dans la ville de Khan Younès. https://www.courrierinternational.com/article/conflit-gaza-plus-de-200-corps-exhumes-d-une-fosse-commune-a-khan-younes

61« Armée israélienne : plus de 10 000 soldats sous traitement psychologique depuis le début de la guerre à Gaza » Par balkis T 27 juillet 2025 https://www.tunisienumerique.com/armee-israelienne-plus-de-10-000-soldats-sous-traitement-psychologique-depuis-le-debut-de-la-guerre-a-gaza/

62« Enquête. En Israël, le tabou du suicide des soldats » Courrier international Publié le 17 mai 2024. Au moins dix soldats israéliens se seraient donné la mort depuis le 7 octobre, certains le jour même du massacre du Hamas sur le sol israélien. Les chiffres officiellement reconnus seraient en deçà de la réalité, estime le quotidien israélien “Ha’Aretz”. Une illustration du caractère encore tabou de ce sujet. https://www.courrierinternational.com/article/enquete-en-israel-le-tabou-du-suicide-des-soldats

63https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250102-guerre-isra%C3%ABl-gaza-nombre-record-de-suicides-au-sein-de-l-arm%C3%A9e-isra%C3%A9lienne-depuis-le-7-octobre-2023?utm_slink=go.rfi.fr%2FYtw
Voir aussi : « Les soldats israéliens subissent des traumatismes psychologiques après le conflit à Gaza, 43 se suicident » 09 Juli 2025, 06:00 | Équipe éditoriale https://voi.id/fr/berita/493498
« L’armée israélienne fait état d’une « hausse » des cas de suicide dans ses rangs » OLJ / le 2 janvier 2025 à 14h25. « Des milliers de soldats israéliens ont cessé de servir dans des rôles de combat en raison de « détresse mentale » depuis le 7 octobre 2023.
Entre 2023 et 2024, 38 militaires israéliens, tous des hommes, feraient « l’objet d’une enquête pour suspicion de suicide ». Parmi eux, 28 se seraient donné la mort après les attaques sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 ayant déclenché la guerre toujours en cours.[…]
En parallèle, des milliers de soldats israéliens auraient cessé de servir dans des rôles de combat en raison de détresse mentale depuis le 7 octobre 2023, selon un article publié jeudi par le quotidien israélien
Haaretz, citant un rapport de l’armée.
Avec plus de 5 569 blessés, l’institution militaire a déclaré dans son rapport que 891 de ses membres ont perdu la vie en 2023 et 2024, dont certains en dehors des combats. Ce chiffre inclut 329 décès lors de l’attaque du 7 octobre, au moins 390 lors des combats à Gaza, 37 dans des attaques dans le nord d’Israël, 50 lors des affrontements au Liban et 11 en Cisjordanie. En 2023, 558 soldats sont tombés en service régulier, permanent et de réserve, dont 329 le 7 octobre, contre 44 martyrs en 2022.
Depuis le 7 octobre 2023, la santé mentale des Israéliens est mise à rude épreuve. Plus d’un tiers des hommes retirés du combat souffriraient de problèmes de santé mentale, selon le ministère israélien de la Défense cité par la chaîne américaine CNN. De plus, un Israélien sur quatre ressent le besoin de recevoir une aide psychologique et 50 % d’entre eux disent moins bien dormir qu’avant le 7 octobre, affirmait en avril dernier le média israélien i24news
.
https://www.lorientlejour.com/article/1441820/larmee-israelienne-fait-etat-dune-hausse-des-cas-de-suicide-dans-ses-rangs.html

66« Dénoncer l’armée israélienne : témoignages de sadisme et d’atrocités commises par des soldats en Palestine » par Quds News Network 24/12/2024 https://countercurrents.org/2024/12/exposing-israels-army-testimonies-of-sadism-and-atrocities-committed-by-soldiers/
Voir aussi : « « Lorsque vous quittez Israël et entrez à Gaza, vous êtes Dieu » : dans l’esprit des soldats de Tsahal qui commettent des crimes de guerre » Yoel Elizur 23 décembre 2024 https://www.haaretz.com/opinion/2024-12-23/ty-article-opinion/.premium/when-you-enter-gaza-you-are-god-inside-the-minds-of-idf-soldiers-who-commit-war-crimes/00000193-f2a4-dc18-a3db-fee62b540000
« L’inquiétude pour la sécurité des membres de la famille servant dans l’armée fait partie intégrante de la vie familiale en Israël. Comme mes contemporains, j’étais un père inquiet lorsque mes enfants servaient dans l’armée israélienne, et je suis un grand-père encore plus inquiet. Je suis horrifié par les massacres de civils à Gaza et préoccupé par l’impact de cette brutalité sur la santé mentale des soldats. Nos soldats sont mis en danger par la rhétorique incendiaire du gouvernement et par l’affaiblissement des systèmes judiciaires civil et militaire. Ces politiques sapent le code de conduite de Tsahal, soutiennent les atrocités ».

« 

67« Israël va-t-il faire face à une nouvelle vague de refus de servir dans son armée ? » Tom Mehager, Haaretz, 30 avril 2024 https://www.haaretz.com/opinion/2024-04-30/ty-article-opinion/.premium/will-israel-face-another-wave-of-refusal-to-serve-in-its-army/0000018f-2fde-d8c4-afef-2ffe1aee0000
Voir aussi l’article (déjà cité) de Liza Rozovsky dans Haaretz, 27 juin 2024 : « Trois réservistes de l’armée israélienne expliquent pourquoi ils refusent de continuer à servir à Gaza » https://www.haaretz.com/israel-news/2024-06-27/ty-article-magazine/.premium/three-israeli-army-reservists-explain-why-they-refuse-to-continue-serving-in-gaza/00000190-5014-d3c0-a5d4-737644c90000
L’article en entier : « Trois réservistes de l’armée israélienne expliquent pourquoi ils refusent de continuer à servir à Gaza » https://portside.org/2024-06-27/three-israeli-army-reservists-explain-why-they-refuse-continue-serving-gaza

69« Un ancien pilote de guerre israélien appelle à la fin du génocide à Gaza et à poursuivre les génocidaires » Mohammad Sıo, 26.03.2025 https://www.aa.com.tr/fr/monde/un-ancien-pilote-de-guerre-isra%c3%a9lien-appelle-%c3%a0-la-fin-du-g%c3%a9nocide-%c3%a0-gaza-et-%c3%a0-poursuivre-les-g%c3%a9nocidaires/3520865?sfnsn=mo

74« « Arrêtez la guerre à Gaza ! » : 550 anciens responsables israéliens sollicitent l’aide de Trump » Publié le : 04/08/2025 – 09:23Modifié le : 04/08/2025 – 21:18 https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20250804-arr%C3%AAtez-la-guerre-gaza-550-anciens-responsables-isra%C3%A9liens-sollicitent-aide-donald-trump-benjamin-netanyahu-arm%C3%A9e-shin-bet-mossad

75Publié le 15 avril 2024 à 05h00, mis à jour le 22 avril 2024 à 18h49 https://www.courrierinternational.com/article/opinion-le-probleme-n-est-pas-netanyahou-mais-l-ensemble-de-la-societe-israelienne
« Le problème ne vient pas seulement de Netanyahou. C’est la société israélienne » par Mairav Zonszein, analyste principal sur Israël à l’International Crisis Group, 2 avril 2024, 17h32. « Bien qu’ils accusent le Premier ministre, une grande majorité des citoyens juifs israéliens soutiennent sa politique destructrice à Gaza et au-delà ». https://foreignpolicy.com/2024/04/02/netanyahu-gaza-palestinians-war-israeli-society/
« Le problème ne vient pas seulement de Netanyahou. C’est la société israélienne » – par Mairav Zonszein », par admin, 2 avril 2024. « Bien qu’ils accusent le Premier ministre, une grande majorité des citoyens juifs israéliens soutiennent sa politique destructrice à Gaza et au-delà ». « Faire porter toute la responsabilité au Premier ministre revient à passer à côté de l’essentiel. C’est ignorer le fait que les Israéliens ont depuis longtemps favorisé, permis ou accepté le système d’occupation militaire et de déshumanisation des Palestiniens mis en place par leur pays ». https://dingo.news/voice/the-problem-isnt-just-netanyahu-its-israeli-society-by-mairav-zonszein/

76« Les problèmes d’Israël résident dans la société israélienne, pas seulement chez Netanyahou, selon un rapport de Foreign Policy » Al Mayadeen | 3 avril 2024 https://alethonews.com/2024/04/03/israels-problems-lie-in-israeli-society-not-just-netanyahu-foreign-policy-report/

77Voir par exemple : « En Israël, une grève inédite depuis le 7 Octobre pour réclamer la fin de la guerre » Amnon Brownfield Stein Publié le 17 août 2025 ; À l’appel du Forum des familles des otages, 90 municipalités ont été bloquées. Si l’effacement du massacre des Palestiniens prévaut, le mouvement Hadash tente de porter le refus de la conscription militaire et de rendre visibles les crimes de guerre commis contre les populations civiles à Gaza. https://www.humanite.fr/monde/bande-de-gaza/en-israel-une-greve-inedite-depuis-le-7-octobre-pour-reclamer-la-fin-de-la-guerre

80Voir l’article : « Nouveau centre pour la recherche sur les traumatismes psychologiques » Publié le 9 mai 2018 dans Entre les Lignes/Sciences & Médecine. « Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) est un trouble psychique hélas bien connu en Israël – un pays qui, depuis sa renaissance, a subi de nombreuses guerres et vit sous la menace permanente de ses voisins, sans parler des ravages subis sous le 3ème Reich par les milliers de survivants de la Shoah ». https://israelentreleslignes.com/2018/05/nouveau-centre-pour-la-recherche-sur-les-traumatismes-psychologiques/
Il faut quand même garder à l’esprit que le génocide des palestiniens est toutefois présent dans l’histoire d’Israël depuis les massacres de Sabra et Chatila. « L’Assemblée générale, Rappelant sa résolution 95 (I) du 11 décembre 1946, Rappelant également sa résolution 96 (I) du 11 décembre 1946, dans laquelle elle a notamment affirmé que le génocide est un crime de droit international que le monde civilisé condamne et pour lequel les auteurs et les complices – qu’il s’agisse de particuliers, de fonctionnaires ou d’hommes d’État, et que le crime soit commis pour des motifs religieux, raciaux, politiques ou autres – sont punissables, Se référant aux dispositions de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l’Assemblée générale le 9 décembre 1948, 6 / Rappelant les dispositions pertinentes de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, 2 / Consterné par le massacre à grande échelle de civils palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila situés à Beyrouth, Reconnaissant l’indignation et la condamnation universelles de ce massacre, Rappelant sa résolution ES-7/9 du 24 septembre 1982, 1. Condamne dans les termes les plus fermes le massacre à grande échelle de civils palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila ; 2. Détermine que le massacre était un acte de génocide ». https://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/37/123 [https://www.jewishvirtuallibrary.org/un-general-assembly-resolution-37-123-december-1982 ]

83« Une prise en charge défaillante des anciens combattants israéliens traumatisés » par Judah Ari Gross, 15 avril 2021 Après l’immolation d’un ancien combattant atteint de TSPT dans une présumée protestation contre le ministère de la Défense, les options de traitement font l’objet d’examen https://fr.timesofisrael.com/une-prise-en-charge-defaillante-des-anciens-combattants-israeliens-traumatises/

84« « J’ai envie de tout oublier » : un mois après les attaques du Hamas en Israël, rescapés et proches d’otages sont plongés dans une « anxiété sans fin » » par Valentine Pasquesoone, France Télévisions. Publié le 07/11/2023. Les attentats commis par le Hamas ont fait plus de 1 400 victimes dans l’Etat hébreu, selon les autorités. La souffrance psychologique qu’ils ont laissée est « immense », alerte l’OMS. https://www.franceinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/j-ai-envie-de-tout-oublier-un-mois-apres-les-attaques-du-hamas-en-israel-rescapes-et-proches-d-otages-sont-plonges-dans-une-anxiete-sans-fin_6161583.html

86« Un Israélien sur trois présente des symptômes de SSPT un mois après l’attaque meurtrière du Hamas, selon une étude » Selon les résultats, 34 pour cent des personnes interrogées sur l’étendue de leur exposition aux événements du 7 octobre ont décrit des symptômes compatibles avec le syndrome de stress post-traumatique. https://www.haaretz.com/israel-news/2023-12-03/ty-article/.premium/study-one-in-three-israelis-exhibits-ptsd-symptoms-a-month-after-hamas-deadly-attack/0000018c-2f74-dc03-a9ec-3f7f185a0000

88« Deux tiers des Israéliens à l’étranger ont présenté des symptômes de stress post traumatique après les événements du 7 octobre ». Publié le 09/07/2024 – Par Gabriel Attal
https://www.radioj.fr/actualite-23345-deux-tiers-des-israeliens-a-l-etranger-ont-presente-des-symptomes-de-stress-post-traumatique-apres-les-evenements-du-7-octobre https://docs.un.org/fr/S/res/2735(2024)

89« Un million d’Israéliens vivent à l’étranger », Shani Guidalia i24NEWS, 27 avril 2023 https://www.i24news.tv/fr/actu/international/1682614145-un-millions-d-israeliens-vivent-a-l-etranger

91Voir : « Selon le contrôleur de l’État, 3 millions d’Israéliens souffrent de traumatismes depuis le 7 octobre » Par Diana Bletter 11 février 2025. « 580 000 PERSONNES SOUFFRIRAIENT D’AU MOINS UN SYMPTÔME SÉVÈRE DE SSPT. Engelman reproche au ministère de la Santé d’avoir « épuisé  » le système de santé ; Le ministre de la Santé, Uriel Buso, annonce le doublement des services de santé mentale. Dans son rapport sur le système de santé mentale, le contrôleur de l’État, Matanyahu Engelman, explique que depuis le pogrom commis le 7 octobre par le Hamas et la guerre qui s’en est suivie, près de 3 millions d’adultes souffrent ou ont souffert d’anxiété, de dépression et de symptômes de troubles de stress post-traumatique » https://fr.timesofisrael.com/580-000-israeliens-souffrent-de-grave-tspt-suite-au-7-octobre-controleur-de-letat/.

93« Israël : l’équithérapie pour soigner les soldats traumatisés par la guerre » • FRANCE 24 https://www.youtube.com/watch?v=Zdce2NMmbkU

95« C’est aussi une guerre psychologique » : en Israël, la mobilisation générale a sonné pour soigner une population traumatisée » Robin Prudent, France Info, 15/12/2023 https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/reportage-c-est-aussi-une-guerre-psychologique-en-israel-la-mobilisation-generale-a-sonne-pour-soigner-une-population-traumatisee_6232761.html

96Entre les Lignes/Rapport mensuel dans l’article « Dix pour cent des Israéliens sont atteints du syndrome de stress post-traumatique » https://israelentreleslignes.com/2012/12/dix-pour-cent-des-israeliens-sont-atteints-du-syndrome-de-stress-post-traumatique/
„Nous sommes un peuple de survivants – agités, rudes, cyniques et hypersensibles“

97« Israël : l’équithérapie pour soigner les soldats traumatisés par la guerre » • FRANCE 24 https://www.youtube.com/watch?v=Zdce2NMmbkU

98 La première étude israélienne au monde montre que l’oxygénothérapie peut réduire considérablement les symptômes du SSPT 18 septembre 2022 David Marzenstein (https://www.lalettresepharade.fr/la-premiere-etude-israelienne-au-monde-montre-que-loxygenotherapie-peut-reduire-considerablement-les-symptomes-du-sspt/4631/ ) Un nouveau traitement israélien non invasif pour guérir le stress post-traumatique. « L’obtention de l’autorisation de la FDA confirme la valeur de cette technologie non invasive innovante et cliniquement prouvée », Caroline Haïat le 21 mars 2023 (https://www.i24news.tv/fr/actu/international/1679418390-un-nouveau-traitement-israelien-non-invasif-pour-guerir-le-stress-post-traumatique ).

99« Une prise en charge défaillante des anciens combattants israéliens traumatisés » Times of Israël, 15 avril 2021https://fr.timesofisrael.com/une-prise-en-charge-defaillante-des-anciens-combattants-israeliens-traumatises/

100« Jérusalem : ouverture d’un service hospitalier dédié au stress post-traumatique des anciens soldats » i24NEWS, 14 février 2024 à 14:24, dernière modification 14 février 2024 à 14:30. « « Notre centre est à la pointe en termes d’approche thérapeutique de la santé mentale et de thérapie systémique intégrative » » https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/1707915250-israel-ouverture-d-un-service-hospitalier-dedie-au-stress-post-traumatique-des-anciens-soldats

101Une autre « contradiction fondamentale » étant celle soulevée par Eyal Sivan dans : « « Israel est un pays qui n’a pas de limites » » https://www.youtube.com/watch?v=6Z4JZrUmESE [8mn 37s – 11mn 59s] dont nous avons parlé au début de cette publication : « les israéliens vont chercher à retrouver leur position de victime pour justement retrouver leur innocence »

102Pour obtenir le film : https://www.tantura-film.com/ Concernant ce film, voir : « Nakba : la preuve par « Tantura » » Dominique Vidal 15 février 2023. « « Tantura » est un film documentaire qu’on ne peut pas oublier. Même moi qui écrivis, en 1998, le premier livre de synthèse des travaux des « nouveaux historiens israéliens », sa vision m’a sidéré par le rythme haletant de son alternance de films de l’époque et de témoignages, sans oublier les intervention d’historiens spécialisés ».
Ilan Pappé, qui s’inscrit depuis longtemps en faux contre le négationnisme étatique, résume : « C’était un nettoyage ethnique. Il n’y avait pas de grand programme, pas d’ordre supérieur de Ben Gourion. Vous vous assurez juste que les gens comprennent que moins il y aurait d’Arabes dans ce qui deviendrait l’État juif et mieux ce serait. Il n’y avait pas de “Guide du débutant de la purification ethnique”. Si vous pouvez le faire en les intimidant, deux jours avant, par des histoires d’horreur, c’est bon. Si ça ne marche pas, et que vous tirez sur deux ou trois d’entre eux et qu’ils partent, très bien. Si ça ne marche pas non plus parce qu’ils résistent et qu’il faut massacrer, alors vous massacrez. » https://blogs.mediapart.fr/dominique-vidal/blog/150223/nakba-la-preuve-par-tantura
Voir aussi « Israël ne peut plus enterrer le massacre de Tantura » Ilan Pappe, 5 février 2022. « Tantura participe du crime global contre l’humanité commis par Israël en 1948 et qui continue à ce jour – un crime qui est encore largement nié. Les films ou les thèses de juifs israéliens consciencieux ne suffisent pas à le rectifier ». https://www.middleeasteye.net/fr/opinionfr/palestine-israel-massacre-tantura-nakba-crime-pappe-katz-histoire
« Israël, 1948. Le massacre de Tantoura a bien eu lieu » Sylvain Cypel, 2 février 2022. « Révélé en 2000, le meurtre de plus de deux cents civils palestiniens par les forces israéliennes dans le village de Tantoura a longtemps été contesté et l’auteur des révélations calomnié, ostracisé, marginalisé par l’université. Vingt ans plus tard, un film confirme ses travaux : le massacre de Tantoura a bien eu lieu ». https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/israel-1948-le-massacre-de-tantoura-a-bien-eu-lieu,5338

103Sur la polémique voir : »Des centaines d’Oradour en Algérie » : Pourquoi Apathie a raison (Ribo, Samora, Kalée et Escargoog), Le Média 24-7 28 février 2025. 3C’est le sujet qui a enflammé les réseaux et les plateaux télé cette semaine : les déclarations de Jean-Michel Apathie sur la colonisation française en #Algérie. Sur le plateau de RTL, il a comparé les massacres coloniaux perpétrés par l’armée française à ceux commis par les nazis à OradoursurGlane. Cette comparaison a immédiatement déclenché la polémique. De concert, le monde politique et médiatique crie au scandale. Mais l’éditorialiste a-t-il vraiment tort ? Car les massacres de civils, les villages rasés, les exécutions de masse sont une réalité bien documentée. Ce refus d’assumer sa propre histoire, en France, s’inscrit dans un contexte de tensions grandissantes entre la #France et l’Algérie. Le gouvernement français – sur fond de débats sur l’immigration et pour séduire l’extrême-droite – veut remettre en cause les accords franco-algériens de 1968. Les streameurs Ribo, alias Ribo dans la Sauce, Samora, de la chaîne le Mwakast, KaLee et Escargoog étaient les invités d’Amina Kalache pour revenir sur cette actualité. https://www.youtube.com/watch?v=93xHNPY3LK4

105https://orientxxi.info/magazine/un-historien-du-genocide-face-a-israel,7577 Porteur de la double nationalité étatsunienne et israélienne, professeur à l’université Brown de Providence (Rhode Island), éminent historien de la Shoah et des génocides du XXe siècle, Omer Bartov a servi sous le drapeau israélien et connu le feu pendant la guerre d’octobre 1973. De retour d’un voyage dans son pays natal en juin 2024, il s’avoue effrayé par l’évolution et les actions d’Israël et l’aveuglement politique et moral de ses concitoyens, et dénonce l’interminable offensive israélienne à Gaza comme coupable de « crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’actions génocidaires systématiques ».

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