« Selon la théorie indigène, il n’existe pas de désir amoureux qui n’ait été suscité par un charme magique. Les hommes et les femmes font l’amour seulement parce que les hommes sont constamment en train d’exercer leurs pouvoirs magiques sur les femmes et les femmes sur les hommes. Si les pas d’un jeune homme le conduisent la nuit dans une maison étrangère, où de l’intérieur on l’invite à entrer en jouant de la guimbarde ou de la flûte de bambou, quand bien même le jeune homme ne sait pas qui est la fille, ni quelle apparence elle peut avoir, c’est que l’ayant vu, elle a usé de magie envers lui. Sinon pourquoi son désir se porterait-il sur cette inconnue ? Même si, comme c’est souvent le cas, le jeune homme connaît l’identité de la fille de la maison, ce sont ses pratiques magiques envers elle ou celles de la fille sur lui qui frayent son chemin au désir ». (R. F. Fortune, Sorciers de Dobu, Maspéro, 1972 [édition anglaise : 1932], p 276).