Chroniques sur la question palestinienne (4)   Mise à jour récente !


Israël fait-il pire que le nazisme ?

« J’ai vu à Auschwitz que si un groupe dominant veut déshumaniser d’autres personnes, tout comme les nazis voulaient me déshumaniser, ce groupe dominant doit d’abord perdre don humanité lui-même en diminuant son empathie via la propagande et l’endoctrinement pour être capable d’être aussi cruels que d’autres l’étaient. Il en va de même aujourd’hui pour Israël. Je suis consterné de voir à quel point ils sont haineux, sans humanité, au point qu’ils ne voient plus aucune once d’humanité dans aucun palestinien. C’est terrible. Les sionistes n’ont aucun droit d’utiliser l’Holocauste, qu’importe leur but. Ils ont abandonné tout ce qui touche à l’humanité, à l’empathie pour une chose : l’Etat, le sang et le sol, tout comme les nazis.
J’ai reçu une éducation, j’ai appris à l’école ce qu’étaient le sang et la terre, et c’est exactement leur idée aussi. Et l’humain n’y joue aucun rôle.
Le judaïsme, tel que je l’ai appris, est hautement éthique. Et donc vous ne pouvez pas associer sionisme et grande éthique. Vous ne pouvez associer le sionisme qu’aux mots agressif, oppressif, vol pillage, mais pas à « hautement éthique ».
Le sionisme et le judaïsme sont opposé l’un à l’autre parce que le judaïsme est universel et humain, et le sionisme est exactement le contraire. C’est très fermé, très nationaliste, raciste, colonialiste, etc… Il n’existe pas de « judaïsme national ». Il y a d’une part le sionisme et d’autre part le judaïsme, et ils sont complètement différents. »
Hajo Mayer, rescapé d’Auschwitz, est décédé en 2014. Il a toujours lutté contre la politique sioniste d’Israël et pour la défense des droits des palestiniens.1

Au début de l’année 2025, suite au colloque de l’UJFP et de TSEDEK! sur les 80 ans d’Auschwitz2 nous avons assisté à une attaque en règle des sionistes français de gauche contre Rony Brauman. Fin janvier, Le RAAR condamne les propos de Rony Brauman sur la Shoah. Selon eux, « Il s’agit d’une remise en cause de la spécificité du génocide des Juif/ves, avec la volonté de considérer qu’Israël fait pire que le nazisme. Cette aberration aboutit à relativiser ce que fût le nazisme ». Puis, mi-février, une tribune-pétition publiée par Libération : « Défendre la mémoire d’Auschwitz pour les combats d’aujourd’hui », par Robert Hirsch, historien et Alain Policar, politiste publié le 19 février 20253, accuse Rony Brauman d’avoir exprimé « l’idée qu’Israël fait pire que le nazisme ». Une autre tribune, celle-ci parue dans Le Monde4 le 1er mars 2025, attise le feu en écrivant par exemple : « Nous sommes dans la sidération que des professeurs qui occupent des chaires prestigieuses minimisent ou ignorent la nature du Hamas et de ses actions. Ou que d’autres affirment, comme cet ancien président de Médecins sans frontières à l’occasion du 80e anniversaire de la découverte d’Auschwitz, que « la mémoire d’Auschwitz apparaît comme une espèce de crachat à la figure des Palestiniens » ».

Cette attaque médiatique s’inscrit, selon nous, dans le cadre de l’essoufflement voire de l’échec des tentatives de légitimations de la politique israélienne en particulier son attaque de Gaza et du crime génocidaire qui s’ensuit. Mais aussi des tentatives de censures et de réductions au silence des voix critiques d’Israël et/ou pro-palestiniennes. Par exemple, dès le 7 octobre 2023 et dans les jours qui ont suivi une « montée de l’antisémitisme » a été fabriquée par Macron-Darmanin-Dupond-Moretti et le CRIF. Nous ne disons pas bien-sûr qu’il n’y a pas d’antisémitisme en France – particulièrement un antisémitisme d’extrême-droite -, mais qu’une grande partie a été fabriquée et instrumentalisée par les sionistes de tout poils5. Autre exemple, toujours juste après le 7 octobre 2023, la clique sioniste, Carole Delga en tête, était pour l’interdiction des manifestions pro-palestiniennes tout en étant pour autoriser les manifestations pro-israéliennes, en en faisant des événements officiels dans lesquels elle prenait la parole6. Et, pendant ce temps là, les polémistes sionistes déployaient leur propagande sur les chaînes de télévision des milliardaires et du pouvoir politique en place7. Toute cette propagande a été progressivement dégonflée, surtout par les faits et la réalité.

Et donc, en ce début d’année, c’est une nouvelle vague de la propagande qui est montée en première ligne.

Commençons par le communiqué du 30 janvier du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes condamnant les propos de Rony Brauman sur la Shoah.

« La déclaration de Rony Brauman ce week-end selon laquelle « Gaza va supplanter Auschwitz dans ce qui relève de l’horreur et de la cruauté absolue » est d’une extrême gravité. Elle éclaire le projet politique développé par le colloque UJFP-TSEDEK au cours duquel cette déclaration a été faite. Il s’agit d’une remise en cause de la spécificité du génocide des Juif/ves, avec la volonté de considérer qu’Israël fait pire que le nazisme.

Cette aberration aboutit à relativiser ce que fut le nazisme, à l’heure où l’extrême droite menace l’Europe avec le soutien d’Elon Musk, l’homme du salut nazi.

Brauman déclare que « la mémoire d’Auschwitz apparaît comme une espèce de crachat à la figure des Palestiniens« . En disant cela, c’est lui qui insulte la mémoire d’Auschwitz et de ses victimes. Cela n’aide en rien le peuple palestinien en situation effroyable, comme nous l’avons souvent dénoncé.

Le RAAR appelle la gauche, les organisations syndicales, les associations de défense des droits humains à condamner les propos de Brauman et les mouvements qui propagent ces horreurs » [Souligné par nous].

La citation de Rony Brauman est inexacte sur le tract du 30 janvier 2025 et a été corrigée ensuite sur le site8. Rony Brauman ne dit pas, comme le voudrait le RAAR, « Gaza va bientôt supplanter Auschwitz dans ce qui relève de l’horreur et de la cruauté absolue». Mais « Gaza va supplanter Auschwitz dans ce qui relève DE LA METAPHORE de la cruauté absolue ».

Un détail ? Je ne pense pas. Car, pourquoi parle t-il de « métaphore » ? Et pourquoi ses détracteurs ont-ils falsifié (ou mal lu) ses propos ? Parce que sinon, ils ne peuvent pas extrapoler ce qu’il écrivent dans leur tract : « il s’agit d’une remise en cause de la spécificité du génocide des juif/ves avec la volonté de considérer qu’Israël fait pire que le nazisme. Cette aberration aboutit à relativiser ce que fût le nazisme ».

Disons d’abord que c’est l’hebdomadaire Marianne, présent à l’événement, qui titre sur internet le 28 janvier, en tronquant et déformant ce qu’a dit réellement Rony Brauman : « Gaza va supplanter Auschwitz en termes de cruauté absolue » : quand des chercheurs et des assos juives réécrivent l’histoire. Délirant »9.

Curieusement, l’article n’est pas lisible en ligne même pour les abonnés, et on trouvera un autre article (ou le même ?), dans l’édition papier du 30 janvier au 5 février (p. 50-51), par Rachel Binhas et Chloé Elbaz, sous le titre : « Confusionnisme : Le colloque de la honte qui confond Gaza et la Shoah », qui soutient que la « Thèse partagée par la plupart des militants : la Shoah n’est pas une singularité historique, et, à Gaza, l’armée israélienne se livrerait à un génocide comparable à l’extermination des juifs ». Bien-sûr tout génocide est une « singularité » historique. Mais, n’est-ce pas plutôt l’inverse ? En fait, ce que cherchent les sionistes n’est-ce pas de minimiser ou de relativiser ce qui se passe à Gaza en le comparant à Auschwitz ? Au mieux, il y aurait un génocide à Gaza comme il y a eu un génocide des juifs et d’autres génocides, mais la Shoah est le génocide par excellence et indépassable. Au pire, il n’y aurait pas de génocide à Gaza.

Pour mémoire cet article ordurier concernant Rony Brauman est publié après 4 pages de déjections sur la FI et sur Rima Hasan : « La France insoumise, une fuite en avant identitaire » et « Au parlement européen, l’omniprésente Rima Hassan crée le malaise chez LFI » (p. 46-49). Et ce n’est pas un hasard. L’excellent article de Serge Halimi & Pierre Rimbert ; l’art de la diffamation politique10 est très instructif à ce sujet : « Depuis le 7 octobre 2023, quiconque émet des critiques contre la stratégie de M. Benyamin Netanyahou à Gaza en particulier, contre la politique d’Israël en général, ou apporte simplement son soutien aux Palestiniens s’expose à des accusations d’antisémitisme. Loin de chercher à lutter contre la haine des Juifs, cette imputation infamante vise au premier chef La France insoumise et son fondateur. Arme habituelle des médias, elle les discrédite au moins autant que leurs cibles ». Leur thèse principale :  « Le coup de force de M. Emmanuel Macron a été rendu possible par la mise en scène politique et médiatique d’un mensonge : M. Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise (LFI) seraient antisémites. L’accusation a permis de réaliser trois objectifs à la fois : ostraciser le premier groupe parlementaire de gauche, réhabiliter l’extrême droite (qui aurait cessé, elle, d’être antisémite), justifier ainsi la mise à l’écart de la coalition qui comptait le plus grand nombre d’élus à l’issue d’élections législatives marquées par un fort taux de participation ».

Après la presse de caniveau, la presse poubelle. Le JDD va relayer Marianne, en publiant un article de Marianne Lecach, le 28/01/2025, dont le titre ne s’embarrasse pas de détails, au diable « la métaphore de la cruauté absolue » soyons plus simplistes : « « Gaza va supplanter Auschwitz » : la comparaison choquante de l’ex-patron de Médecins sans frontières »11. « À l’occasion du 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz, l’UJFP et Tsedek!, deux organisations juives d’extrême gauche, ont organisé un colloque à Paris. Durant l’événement, les intervenants, dont l’ancien patron de Médecins sans frontières Rony Brauman, n’ont pas hésité à faire une douteuse comparaison entre la Shoah et la situation à Gaza. Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières (de 1982 à 1994), a notamment pris la parole. « Gaza va supplanter Auschwitz dans ce qui relève de la métaphore de la cruauté absolue », a-t-il analysé. Selon lui, « la mémoire d’Auschwitz apparaît comme une espèce de crachat à la figure des Palestiniens » ».

Ce qui est très instructif c’est que le JDD donne la parole au collectif « Nous Vivrons » qui n’y va pas par quatre chemins : « L’organisation de ce colloque a scandalisé le collectif « Nous Vivrons », qui a dénoncé une instrumentalisation de la mémoire des juifs morts dans des camps d’extermination [Souligné par nous]. Des dizaines de membres de cette organisation, créée après le 7 octobre 2023 pour lutter contre l’antisémitisme, ont manifesté devant les lieux du colloque, dans le 10e arrondissement de la capitale. « Touche pas à la mémoire », ont-ils notamment scandé. La présidente Sarah Aizenman a estimé que Tsedek!, l’une des associations organisatrices, faisait « office d’idiot utile pour les ANTISEMITES COMME LES ELUS DE LE FRANCE INSOUMISE [Souligné par nous] » : « Ils instrumentalisent l’antisémitisme afin de rendre les juifs coupables de ce qui leur arrive ». »

Ainsi, nous pouvons constater que les articles de Marianne et du JDD contre le colloque décolonial sur Auschwitz, s’inscrivent non seulement dans la chasse en meute envers Jean-Luc Mélenchon et la FI initiée depuis longtemps12 et activée une nouvelle fois à l’occasion du 7 octobre par le gouvernement en instrumentalisant l’antisémitisme13, mais que les juifs sionistes de gauche de droite du RAAR, visent aussi à lutter contre les juifs antisionistes qui sont selon eux « la caution juive du déni de l’antisémitisme »14.

Il en est de même concernant la tribune-pétition publiée par Libération, le 19 février 2025 : « Défendre la mémoire d’Auschwitz pour les combats d’aujourd’hui », écrite par des membres du même RAAR, Robert Hirsch, historien et Alain Policar, politiste15, qui est une reprise du tract et qui accuse elle aussi Rony Brauman d’avoir exprimé « l’idée qu’Israël fait pire que le nazisme ». Ce dernier y répond dans « Rony Brauman répond à une pétition diffamatoire parue dans Libération »16.

La réponse de Rony Brauman est claire : « J’ai voulu prendre acte d’une réalité, à savoir que la mémoire de la Shoah est sans cesse invoquée par les autorités israéliennes pour justifier les crimes commis contre les Palestiniens [Souligné par nous], et singulièrement le carnage commis à Gaza, en nazifiant le Hamas, comme elles le faisaient il y a peu de l’OLP et du Fatah. Les auteurs de la tribune évoquent à juste titre l’ « utilisation frauduleuse de de la mémoire de la Shoah par les gouvernants israéliens », mais semblent en faire un détail alors que c’est l’essentiel, car c’est bien cet usage idéologique qui marque les consciences [Souligné par nous] ». Le RAAR fait de l’inversion accusatoire. Ce n’est pas Brauman qui instrumentalise la Shoah mais l’État d’Israël qui s’en sert comme, ce qu’on pourrait appeler, un TOTEM d’IMMUNITÉ. Et, c’est le RAAR qui utilise les mêmes ficelles que l’État colonial génocidaire pour justifier les actions et la politique de ce dernier.

Manque de chance pour les fervents pratiquants de l’inversion accusatoire, nous avons la VAR (Assistance Vidéo à l’Arbitrage) : « 80 ans après la libération d’Auschwitz, 25 janvier 2025, avec l’UJFP et Tsedek! »17 et donc les propos dans leur totalité et contextualisés !
A 42mn 28s : Question de Béatrice Orès : « Est-ce que tu voudrais rajouter un mot par rapport à aujourd’hui et comment Israël utilise la Shoah dans la guerre qu’il conduit aujourd’hui ? »
Réponse de Rony Brauman : « Oui en partant du constat que la Shoah est une ressource de légitimation quasiment illimitée, en tout cas mobilisable à tout moment [Souligné par nous] comme on l’a vu par exemple lorsque le terme de génocide a été prononcé par la CIJ en janvier dernier ou de crimes contre l’humanité lors de l’émission des mandats d’arrêt de la CPI. L’idée que des gens qui dirigent un État issu d’un génocide puissent eux-mêmes être accusés de commettre un génocide était considéré comme absolument irrecevable, scandaleuse voire dégoûtante [Souligné par nous]. C’était grosso modo le thème des réactions d’Israël et de ses alliés (notamment françaises : nous n’en croyons rien, ça n’est pas possible, Israël est une victime, ça ne peut pas être un bourreau) [Souligné par nous] ». […]
Question de Béatrice Orès (46mn 42s) : « Que représente la mémoire d’Auschwitz aujourd’hui ?  »
Réponse de Rony Brauman : « Moi mon sentiment c’est que la mémoire d’Auschwitz apparaît comme une espèce de crachat à la figure des palestiniens. Ce n’est pas que je m’en réjouisse, je ne trouve pas que c’est une bonne chose, mais c’est tout de même relativement mérité. L’invocation constante d’Auschwitz comme une sorte de garantie d’impunité suite à toutes les exactions commises au nom précisément des victimes d’Auschwitz voilà où on en est. Gaza va supplanter Auschwitz dans disons ce qui relève de la métaphore de la cruauté absolue [Souligné par nous] ».

Pour comprendre ce que voulait dire Rony Brauman, il aurait fallu prendre en considération ce qu’a dit son interlocuteur Eylal Sivan qui va beaucoup plus loin que lui. A la question de Béatrice Orès à 34mn 41s : « Quelle est la place du procès Eichmann dans la société israélienne à l’époque et aujourd’hui ? » Eyal Sivan à répondu : « Les années qui précèdent le procès Eichmann, 1948-1960, ce sont des années dans lesquelles la question du génocide des juifs, la Shoah, est vue à travers une perspective qui est la question de l’héroïsme de la résistance sioniste contre les nazis et dans laquelle d’une certaine manière les victimes, les rescapés, ont été pas seulement pas écoutés ou muselés, ils étaient méprisés d’une façon ouverte et claire. Qui se réduisaient à des expressions, par exemple on appelait les rescapés : les « savons » ou comme des gens « qui sont allés comme des moutons à l’abattoir ».
Il y avait un grand mépris, on ne voulait pas entendre, il y avait comme ça une chape de plomb et on mettait en avant les résistants, les combattants des ghettos […] ».
Et à 47mn 27s, Eyal Sivan continue : « Moi je voudrais revenir sur ce que tu as appelé l’instrumentalisation de la mémoire d’Auschwitz […] (50mn 00s) Mais par rapport à l’instrumentalisation de la mémoire. […] Ce n’est pas qu’Israël instrumentalise la mémoire d’Auschwitz, Israël EST l’instrumentalisation de la mémoire d’Auschwitz. [Souligné par nous] C’est-à-dire, si on regarde la création même de l’État d’Israël, les 40 ans d’échec du mouvement sioniste, les premiers 20 ans qui vont jusqu’à 1917, la déclaration Balfour, qui est une certaine réussite, eh bien le mouvement sioniste est extrêmement minoritaire, sectaire, et l’opposition juive est énorme. Puis durant les 20 ans après 1917, le mouvement sioniste ne réussit pas son projet de mobiliser les masses juives pour immigrer en Palestine. C’est justement le génocide et c’est le fait que le mouvement sioniste se prend comme l’héritier, le « survivant » d’une certaine manière. Et l’utilisation de la mémoire d’Auschwitz qui fait que la solution de l’antisémitisme light : on ne veut pas de vous ici allez là-bas, c’est-à-dire sans extermination, c’est-à-dire cette rencontre qui est historique entre une vision antisémite non exterminatrice et le mouvement sioniste, va donner au sionisme sa réussite. C’est à partir de 36, 37 que commence une immigration plus importante. Et c’est à partir de là, et ils le disent dans la déclaration de l’indépendance de l’État d’Israël, et de façon très claire par la bouche de Ben Gourion, c’est Auschwitz et l’extermination qui justifient la création d’un Etat d’Israël et le retour des juifs en Israël. Et donc l’idée de l’instrumentalisation de la mémoire de l’Etat d’Israël [Souligné par nous], ce n’est pas qu’il y ait un mouvement, qu’il y a une politique de mémoire instrumentalisée au sein d’Israël, l’idée même de l’existence d’Israël est la réponse ».

Alors, «Instrumentalisation de la mémoire des juifs morts dans des camps d’extermination » et instrumentalisation de « lantisémitisme afin de rendre les juifs coupables de ce qui leur arrive » ? En fait c’est l’INVERSE. Ce sont les sionistes qui se sont appropriés, qui ont instrumentalisé, et qui instrumentalisent la Shoah à des fins de propagande et de justification de l’existence de l’État d’Israël et de ses exactions. Et ce sont les sionistes qui instrumentalisent l’antisémitisme, qui le confondent avec l’antisionisme, pour faire taire leurs adversaires politiques.

Tony Greenstein dans son article du 10 juillet 2025 : « Le traumatisme de l’Holocauste en Israël est un mythe (Electronic Intifada) »18 explique : « Le professeur Idith Zertal, de l’université hébraïque de Jérusalem, a expliqué comment : « Le transfert de la situation de l’Holocauste à la réalité du Moyen-Orient… n’a pas seulement créé un faux sentiment de danger imminent de destruction massive. Il a également déformé l’image de l’Holocauste, minimisé l’ampleur des atrocités commises par les nazis, banalisé l’agonie unique des victimes et des survivants et diabolisé les Arabes et leurs dirigeants ». […]
Plutôt que de tirer de l’Holocauste des leçons universelles sur la nécessité de combattre le racisme, le sionisme a tiré la conclusion inverse. Le racisme, le nettoyage ethnique et le génocide sont justifiés par l’Holocauste. Le sionisme a rendu exceptionnelle la souffrance juive, l’isolant de ses origines politiques et économiques et donc de ses leçons universelles sur la nécessité de lutter contre le racisme. […]
Comme l’a écrit le chroniqueur israélien Gideon Levy en 2019 : « Je n’ai pas encore entendu un seul adolescent revenir d’Auschwitz et dire que nous ne devons pas maltraiter les autres comme nous avons été maltraités. Il n’y a pas encore eu d’école dont les élèves sont revenus de Birkenau directement à la frontière de Gaza, ont vu la clôture de barbelés et ont dit : « Plus jamais ça ». Le message est toujours le contraire. Gaza est autorisée à cause d’Auschwitz«  [Souligné par nous] ».

Le RAAR élude l’essentiel. Il en reste à un récit sioniste plutôt commode : comme « Israël est une victime, ça ne peut pas être un bourreau ». Le 20 mars 2024 Franck Barat recevait Eylal Sivan19 qui expliquait au sujet de l’obéissance à l’ordre donné par Yitzhak Rabin « cassez les membres (des jeunes palestiniens) » par les jeunes soldats israéliens durant la 1ere intifada. « Comment c’est possible que des gens qui ont été élevés dans l’héritage du génocide, qui sont issus d’un peuple avec une tradition de souffrances et d’opprimé arrivent à se conduire de la sorte ? Je pense que là il faut réfléchir à deux choses. On sait bien que sur le plan individuel, les enfants battus ne sont pas forcément des parents cléments. Donc on peut dire qu’il y a ici une forme de répétition psychologique. Mais je ne crois pas que la psychologie individuelle peut s’appliquer au collectif.
L’autre chose, c’est peut-être qu’on a un rapport faussé avec la notion de mémoire. C’est-à-dire, nous prenons la mémoire et nous disons qu’elle est opposée à l’oubli. Il y a cette idée que la mémoire serait un vaccin contre le crime. C’est-à-dire si on se rappelle du crime on va [inaudible]
Eh bien je pense que justement il faut se rappeler que la mémoire n’est pas opposée à l’oubli. La mémoire, elle englobe l’oubli. Là où il y a mémoire, il y a oubli. Et d’une certaine manière l’éducation israélienne, c’est une éducation qui insiste sur l’aspect que nous sommes la victime, nous sommes toujours la victime. Et nous sommes héritiers de la position de victime. Rappelons que « victime » est associée à l’idée d' »innocence », tout ce que nous faisons, tout ce que fait l’israélien, est un acte d’une victime innocente qui se défend. Et à partir de là la mémoire ne devient pas ce qui empêche de commettre le crime mais dévient la permission accordée de commettre le crime. C’est-à-dire elle devient permissive. Et on l’a vu très bien dans les discours d’après le 7 octobre qui étaient : puisque nous sommes les victimes nous avons le droit de tout faire. Et nous sommes innocents jusqu’au bout. Tout ce que nous feront est un acte en réalité d’innocence et d’autodéfense, y compris le processus génocidaire qui se déroule aujourd’hui à Gaza. Ce n’est pas nous, disent les israéliens, c’est le Hamas. C’est-à-dire, nous sommes du côté de l’innocence. Et dans cette période dans laquelle Israël perd sur le plan international, en tout cas les populations, peut-être pas les dirigeants dans lequel le 7 octobre a été profané en réalité par les autorités israéliennes, ma crainte profonde, serait que les israéliens vont chercher à retrouver leur position de victime pour justement retrouver leur innocence. Et ça c’est un processus extrêmement dangereux ».

Alors, effectivement Brauman et Sivan ont mille fois raison : il faut opérer une « remise en cause de la spécificité du génocide des juif/ves avec la volonté de considérer qu’Israël fait pire que le nazisme ». Et cela n’est absolument pas une « aberration ». Mais cela « [n’] aboutit [pas non plus] à relativiser ce que fût le nazisme ». A moins bien-sûr de faire une pétition de principe qui consiste à considérer qu’Israël ne peut pas commettre de génocide à Gaza puisqu’il est dépositaire du génocide par excellence : la Shoah. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas faire pire. Nous y reviendrons.

Le RAAR est plus malin ou plus hypocrite – c’est selon – que les sionistes d’extrême-droite. Il n’a toutefois rien à leur envier. Concernant l’appropriation de la Shoah par les sionistes, c’est flagrant, par exemple, dans les propos simplistes d’Yvon Attal dans l’émission de Frédéric Aziza sur RodioJ20 : « Yvon Attal balaye les accusations de génocide à Gaza visant Israël « Depuis 1948, ces palestiniens se sont construits en miroir d’Israël et ont voulu se réapproprier notre histoire. Ils ont envie d’être nous. Même notre Shoah, ils nous l’envient. Ils veulent absolument un génocide parce qu’ils pensent que le monde nous a donné Israël après la Shoah donc après un vrai génocide. Ils disent donc on va émouvoir le monde en disant que nous aussi on est victimes d’un génocide et on va nous donner des territoires« . ». Attal ne réalise pas du tout qu’il fait de l’inversion accusatoire. Qu’il ne parle pas des palestiniens mais des sionistes. Ce sont ces derniers qui dénient aux palestiniens, depuis 1948, d’avoir leur propre histoire. Il ne réalise pas non plus à quel point la Shoah n’appartient pas aux sionistes mais, tout comme l’Etat d’Israël, à l’histoire de l’Europe coloniale. Enfin, il ne réalise pas à quel point il éclaire le mécanisme de légitimation par la victimisation donc par la Shoah de la création de l’État d’Israël. Le génocide à Gaza n’existerait pas car il serait une création des palestiniens qui souhaiteraient s’en servir pour faire comme les juifs et avoir un Etat à eux. Comme les juifs qui ont instrumentalisé et qui instrumentalisent la Shoah à des fins de justification de l’État d’Israël et de justification de ses exactions.

Nous trouvons les mêmes éléments de langage chez Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre du Travail du gouvernement Barnier, alors députée renaissance de Paris, qui a tenu des propos qui illustrent parfaitement l’instrumentalisation que les sionistes peuvent faire de la Shoah et la négation du génocide en cours à Gaza, le 3 avril 2024, lors d’une conférence sur le thème de « l’union sacrée face au terrorisme et à la barbarie islamique » organisée par Frank Tapiro dans la synagogue Copernic à Paris. Le publicitaire a notamment créé avec le soutien du gouvernement israélien la Diaspora Defense Forces, une armée citoyenne de défense de la diaspora juive. Rien que ça !
« C’est pour ça qu’il est indispensable que l’on reste aux côtés de l’État d’Israël, explique Astrid Panosyan-Bouvet. A la rhétorique du « peuple de trop » qui a été celle de l’antisémitisme européen des années d’avant guerre, il y a une petite rhétorique maintenant sur l’État de trop. Comme si Israël était une erreur historique. C’est pour ça que les accusations de génocide, outre le fait qu’elles sont totalement non pertinentes et infondées au regard de la définition des termes de génocide de 1944 et qui ont été utilisées à Nuremberg, c’est aussi une petite musique qui consiste à dire : parce qu’il y a génocide, on pourrait justifier la création d’un État palestinien au même titre que le génocide aurait justifié la création d’Israël. Donc il faut faire extrêmement attention à toute cette rhétorique verbale, voilà, et à cette bataille de mots »21.

Et, concernant l’instrumentalisation de l’antisémitisme, dans l’émission « Dimanche en Politique » du 5 mars 202522 (soit 15 jours après la tribune du RAAR), à la question de l’interviewer (à 15mn45) : « Vous estimez que l’antisionisme est une nouvelle forme de l’antisémitisme. L’antisionisme c’est la négation de l’État d’Israël. Ça pourrait être inscrit dans la loi ? » Aurore Bergé alors ministre du gouvernement Bayrou, qui préparait ses fameuses « assises sur l’antisémitisme », répondait, « Je pense qu’il faut être lucide, aujourd’hui derrière l’antisémitisme il y a l’islamisme. Et ca se ressent et ça se voit. Ca se voit sur des campus, à l’université … c’est très lié antisionisme et islamisme …
Question de l’interviewer : Là vous êtes sur une étape supplémentaire ? Je ne sais pas si c’est une étape supplémentaire, c’est de la clairvoyance
Question de l’interviewer : Derrière l’antisémitisme il y a l’antisionisme et derrière, vous ne l’aviez pas dit, il y a l’islamisme ? Et moi je vous le dit et je vous l’affirme très clairement parce que c’est malheureusement ce que subissent beaucoup trop de nos compatriotes juifs … L’islamisme c’est pas une religion … il y a une spécificité de l’antisémitisme qui a continué à se propager à travers les siècles qui se réinvente, qui mute, qui se renouvelle dans ses formes et aujourd’hui ben regardez ce qu’il s’est passé en Israël, regardez les attentats terroristes du 7 octobre dernier, si c’est pas au nom de l’islamisme c’est au nom de quoi que le Hamas a perpétré ces actes insupportables ? En France oui je considère que l’antisionisme est alimenté par l’islamisme. Ce n’est pas une religion l’islamisme ». Mais bien-sûr ! L’« islamisme n’est pas une religion », tout comme l’intégrisme catholique ou juif n’en est pas une ! « Les attentats terroristes du 7 octobre dernier … au nom de l’islamisme »23. Les accointances sionistes d’Aurore Bergé24 lui font débiter d’énormes fadaises.

Non seulement, ce sont les sionistes qui ont instrumentalisé et qui instrumentalisent la Shoah à des fins de propagande et de justification des exactions de l’État d’Israël, et ce sont les sionistes qui instrumentalisent l’antisémitisme pour faire taire leurs adversaires politiques, mais ce sont Auschwitz et l’extermination des juifs qui justifient la création de l’État d’Israël et ce qu’est cet État depuis sa création et permettre d’être dans le déni concernant le génocide palestinien.

Nous retrouvons tout cela dans l’article déjà cité de Tony Greenstein du 10 juillet 2025 : « Le traumatisme de l’Holocauste en Israël est un mythe (Electronic Intifada) »25, « L’explication paresseuse de la mentalité génocidaire et exterminatrice d’Israël est le « traumatisme de l’Holocauste ». L’utilisation de l’Holocauste comme explication fourre-tout est pratique, car elle dispense de chercher la véritable cause de la violence sioniste israélienne. […] Le problème est que les Israéliens ne sont pas les victimes – et que très peu d’Israéliens sont des survivants de l’Holocauste.
Le projet sioniste, depuis ses débuts à la fin du XIXe siècle, était un projet de nettoyage ethnique de la Palestine. L’État israélien n’est pas le produit de l’Holocauste. […]
Si les Israéliens souffrent d’un traumatisme, c’est celui des colons qui ont vécu un cauchemar longtemps refoulé, à savoir que le peuple indigène – qu’ils ont soumis pendant si longtemps – se soulèverait contre eux ».

Il est pourtant visible aujourd’hui à Gaza que la barbarie israélienne est, au moins, du même niveau que la barbarie nazie. Dire cela ne conduit pas, comme l’écrivent les rédacteurs de la tribune de Libération « à relativiser ce que fut le génocide des Juif·ves, ce que fut le nazisme », mais à prendre en considération la gravité du génocide du peuple palestinien qui se déroule sous les yeux du monde entier, encouragé par la société et le peuple les plus moraux du monde26, perpétré par l’armée la plus morale du monde, et soutenu par les la plupart des occidentaux. L’État d’Israël se trouve depuis 1948 dans une contradiction fondamentale qu’Ilan Pappé à pointée dans le film documentaire Tantura27 : « Je pense que l’image qu’Israël a de lui-même, en tant que société morale est une chose que je n’ai vue nulle part ailleurs. A quel point c’est important pour lui d’être une exception, « nous sommes le peuple élu », cela fait partie de l’auto-identification d’Israël, en tant que peuple particulièrement moral. Et j’ai grandi avec cette idée d’armée la plus morale du monde », et les israéliens ont beaucoup de mal à admettre qu’ils commettent des crimes de guerre parce que fondamentalement, le projet sioniste a un problème. En un sens c’est une tragédie. Les juifs ont dû fuir l’Europe pour se trouver un refuge sûr, mais vous ne pouvez pas créer un refuge sûr en créant une catastrophe pour un autre peuple ».

Vous ne pouvez donc pas vous concevoir vous-même comme un peuple moral si vous avez pratiqué tout au long de votre histoire ce qui a été pratiqué contre vous par les nazis : le nettoyage ethnique, la déportation, les massacres de masse et le génocide28. Et, bien-sûr, si vous avez cherché à vous donner bonne conscience en cachant cela de toutes les manières possibles et même en projetant la faute sur les palestiniens. Il est très clair que la mémoire collective traumatique des israéliens n’arrête pas de flamber, et qu’ils répètent inlassablement les horreurs qu’ils ont subies en faisant aux palestiniens ce que les nazis leur ont fait. Cette « tragédie » les a rendu insensés29.

Tous les israéliens ne sont pas dans le déni. Et quelques uns, très rares il est vrai, n’ont pas hésité à comparer les horreurs commises par les israéliens aux horreurs commises par les nazis. Par exemple, bien qu’il soit devenu négationniste du génocide à Gaza aujourd’hui30, en 2004, l’historien israélien Benny Morris dans, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, 2004, à propos du massacre de Tantura par la brigade Alexandroni, qui a eu lieu dans la nuit du 22 au 23 mai 1948, a « décrit ce qu’il appelle des « indices troublants », tels qu’un journal intime tenu par un soldat d’Alexandroni, Tulik Makovsky, [qui] fait apparaître : « … que nos garçons maîtrisent assez bien l’art du meurtre, en particulier les garçons dont les proches avaient été assassinés par les Arabes… ou ceux qui avaient été victimes d’Hitler [ce sont les mêmes fascistes]. Ils se sont vengés personnellement et ont vengé nos camarades qui étaient morts entre leurs mains, contre les tireurs embusqués »31.

Ou alors, toujours à la même époque et sur le même sujet, Teddy Katz qui dit dans sa conférence, Olean, NY du 14 avril 200532 : « Tous les hommes de Tantura [en Israël] ont été emmenés au cimetière du village, et ils les ont mis en lignes, et ils leur ont ordonné de commencer à creuser, et chaque ligne qui finissait de creuser était abattue et tombait dans les trous. Ce qui, je suppose, rappelle à au moins quelques-uns d’entre vous quelque chose qui concernait les Allemands, trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. »33.

Tony Greenstein dans son article (déjà cité) du 10 juillet 2025 : « Le traumatisme de l’Holocauste en Israël est un mythe (Electronic Intifada) »34 explique : « Citant le journal de l’un des combattants des milices sionistes qui ont procédé à l’expulsion massive des Palestiniens pendant la Nakba, Idith Zertal a expliqué que « les plus désireux [de commettre des atrocités] étaient ceux qui venaient des camps [de concentration]«  ».

Ou encore, plus près de nous, à Gaza, ce soldat traumatisé : « « Je me sentais comme un nazi… on aurait dit que nous étions en fait des nazis et eux des Juifs », aurait déclaré un soldat qui souffrait de conséquences mentales. […] « Un nouveau commandant est venu chez nous. Nous sommes sortis avec lui lors de la première patrouille à six heures du matin. Il s’arrête. Il n’y a personne dans les rues, juste un petit garçon de 4 ans qui joue dans le sable de son jardin. Le commandant se met soudain à courir, attrape le garçon et lui casse le bras au niveau du coude et la jambe ici. Il a marché trois fois sur le ventre et est parti. Nous étions tous là, la bouche ouverte. Le regardant sous le choc… J’ai demandé au commandant : « Quelle est votre histoire ? Il m’a dit : ces enfants doivent être tués dès le jour de leur naissance. Quand un commandant fait cela, cela devient légitime », a déclaré un soldat »35

Le 7 octobre et Gaza ont été les révélateurs de la nature fondamentalement génocidaire du sionisme. L’historien Omer Bartov, qui a connu la guerre comme jeune réserviste dans l’armée israélienne en 1973, et est devenu l’un des plus grands spécialistes du génocide. Son dernier livre, Anatomie d’un génocide. Vie et mort dans une ville nommée Buczacz, a été publié en poche le 30 octobre 2024. En novembre 2023, sous le choc du 7 octobre, il a publié, dans le New York Times, un texte intitulé « Ce que je crois en tant qu’historien du génocide »36 dans lequel il estime n’avoir « aucune preuve qu’un génocide soit en train de se dérouler actuellement à Gaza ». Neuf mois plus tard il publie dans The Guardian : « En tant qu’ancien soldat des forces armées israéliennes et historien du génocide, j’ai été profondément troublé par ma récente visite en Israël », Un texte dans lequel il fait un virage à 180° et pense qu’il y a des « actions génocidaires systématiques à Gaza ». Ce texte magistral a été publié en français par Orient XXI le 5 septembre 2024 sous le titre : « Un historien du génocide face à Israël »37.

Dans une interview de François Bougon dans Médiapart publiée le 4 octobre 2024, « Les Israéliens sont intoxiqués par leur propre traumatisme du 7-Octobre »38 à la question du journaliste : « Peut-on comparer ce moment à ce qu’ont vécu les États-Unis avec la guerre du Vietnam ? »
Omer Bartov répond : « C’est une question compliquée, mais je ne crois pas que l’analogie avec les États-Unis soit pertinente. Car ce qui a mis fin à la guerre, c’est le recours à des appelés, comme en Algérie pour la France, et pas simplement aux militaires professionnels. Quand vous appelez des jeunes pour une guerre impopulaire qui a été menée par des soldats professionnels, les gens se disent : « Je ne sais pas si cette guerre est bonne ou non, mais je ne vais pas me faire tuer là-bas. » Puis leurs parents s’impliquent aussi, et c’est toute la société qui se mobilise.
En Israël, la société a toujours été mobilisée. Ce qui se passe actuellement renforce considérablement les sentiments des Israéliens. Mais, contrairement à la France, aux États-Unis et à d’autres pays qui ont mené des guerres coloniales, il existe en Israël après le 7-Octobre un énorme sentiment d’insécurité qui n’a pas disparu et qui est utilisé par le gouvernement et par l’extrême droite pour mobiliser les gens, mais en se basant sur la peur.
Et c’est là encore que l’Holocauste s’insinue, car c’est comme s’il allait y avoir un autre Auschwitz. Si ce discours sur un nouvel Holocauste est associé à des sirènes aériennes, à des roquettes et à la mort de personnes, il engendre l’indifférence à l’égard du sort de ceux que l’on détruit et il produit une volonté de destruction ».
Omer Bartov continue par évoquer sa rencontre avec des jeunes gens qui reviennent de combattre à Gaza et tentent d’empêcher son intervention. « Il s’agit de jeunes hommes et de jeunes femmes appartenant aux organisations d’extrême droite. Mais ce qu’ils disaient reflétait un sentiment beaucoup plus large. Ils étaient furieux d’avoir été accusés, du moins le pensaient-ils, de génocide. Ils tenaient à expliquer qu’ils étaient humains. En même temps, ils justifiaient entièrement ce qu’ils avaient vu et ce qu’ils avaient manifestement eux-mêmes participé à faire à Gaza, c’est-à-dire à détruire tout l’endroit. […]
J’ai étudié d’autres soldats dans d’autres guerres et j’ai trouvé ce mécanisme intéressant : d’une part, ils justifient la destruction qu’ils causent et la brutalité de ce qu’ils font et, d’autre part, ils veulent être perçus comme des êtres humains décents, alors qu’ils ne le sont pas du tout ».

Ce qui est remarquable c’est que les holocaustes des juifs et des palestiniens se répondent. Omer Bartov est passé du déni à la conscience du génocide à Gaza, certes, mais il n’échappe pas non plus à l’inversion de réalité. Le génocide à Gaza est bien réel et renvoie à celui qui a existé dans le passé mais qui n’existe plus présentement sinon de manière quasi hallucinatoire dans l’esprit des israéliens et des juifs sionistes. Il est lui aussi dans l’inversion victimaire. Comme ces jeunes militaires, les israéliens ne peuvent pas assumer leur contradiction fondamentale. Ils ne sont pas victimes ici et maintenant d’un génocide, ce sont les palestiniens qui, eux, en sont victimes.

Omer Bartov continue : « Nous avons cru autrefois que nous pouvions parler avec les Palestiniens, bien qu’il n’y ait aucune preuve que quelqu’un ait cru pouvoir parler avec eux. Mais on a prétendu que nous y croyions autrefois, et maintenant nous n’y croyons plus parce que nous savons qu’ils veulent juste nous tuer tous. C’est pourquoi, bien sûr, le génocide, l’Holocauste s’insinuent dans le débat, et que le Hamas est qualifié de nazi. Puis, on en déduit alors qu’il s’agit de tous les Palestiniens. Et donc, la seule façon de traiter avec eux est soit de les tuer, soit de les remettre dans une cage ».

En fait, c’est de l’identification projective. Et c’est quasiment une affaire de perversion narcissique39. Ce n’est pas parce que les israéliens détruiront le Hamas qu’ils détruiront les palestiniens et seront plus en sécurité, et ce n’est pas parce qu’ils détruiront les palestiniens qu’ils iront mieux parce que, Liban, Syrie, Iran40…, ils sont soumis à une interminable fuite en avant. Ils ne régleront pas ainsi, par la guerre et l’injustice, leur contradiction fondamentale qui est qu’ils souhaitent, que dis-je ? que, puisque c’est le peuple qui a subit le pire des génocides, qu’ils doivent être le peuple le plus moral du monde et être en sécurité, alors qu’ils tentent d’exterminer les palestiniens et ne se comportent pas mieux que les nazis, et même pire.

Mais il y a beaucoup plus. Une des spécificités des guerres coloniales israéliennes par rapport aux guerres coloniales d’Algérie ou du Viet-Nam, c’est que, comme dans ces dernières ce ne sont pas des gens qui ont été dominants qui colonisent, mais un groupe social plus ou moins homogène qui a été dominé, discriminé, persécuté, bouc-émissairisé et, qui a subi un terrible génocide. La spécificité des guerres coloniales israéliennes c’est qu’elles sont menées par d’anciennes victimes qui se considèrent encore comme des victimes et qui n’arrivent pas à considérer leurs victimes comme de vraies victimes. Et les israéliens ne sont pas n’importe quelles victimes. Il est remarquable que ce soit ce peuple qui, ayant subit un génocide, en commette un à son tour. C’est ici que les mots de Rony Brauman prennent tout leur sens :  « L’idée que des gens qui dirigent un État issu d’un génocide puissent eux-mêmes être accusés de commettre un génocide était considéré comme absolument irrecevable, scandaleuse voire dégoûtante ».

C’est en cela que les israéliens sont pires que les nazis. Ils le sont visiblement concernant les horreurs commises. Les conséquences sur les soldats génocidaires semblent être les mêmes41. C’est pourtant ce qui est réfuté dans un article par Amos Goldberg et de Daniel Blatman du 30 janvier 2025, sous un titre mi figue mi raisin mais publié dans Haaretz : « Il n’y a pas d’Auschwitz à Gaza. Mais c’est toujours le génocide »42. « Ce qui se passe à Gaza n’est pas l’Holocauste. Il n’y a pas d’Auschwitz ni de Treblinka. Cependant, il s’agit d’un crime de la même famille, un crime de génocide ». En fait si, Gaza possède toutes les différentes dimensions qu’a eu la Shoah. C’est d’abord à la fois un Ghetto43 que les israéliens détruisent à grands coups de bulldozers44 et de bombardements, un énorme camp de concentration45 et d’extermination46 dans lequel les populations sont sans cesse déplacées47, bombardées et soumises aux privations jusqu’à la famine. Où des « Einsatzgruppen »48 commettent des tueries par balles49 et enterrent les corps dans des charniers50, sans compter l’état d’apartheid51 et les pogroms en Cisjordanie occupée52. La différence c’est que la Shoah était une extermination industrielle – que l’on retrouve aussi à Gaza – alors que le génocide des palestiniens est une extermination technologique assistée par IA. C’est cette dernière qui décide la quantité de nourriture à envoyer à Gaza53 et comment organiser la famine54, les personnes qu’il faut tuer, qui permet de gérer les drones tueurs55, qui organise la systémiticité des bombardements56, et gère les robots qui font exploser les maisons57.

Mais, ils sont pire que les nazis surtout parce que, dépositaires de la morale universelle et du droit international, ils les violent et les bafouent sans vergogne. Il vont même jusqu’à les annihiler, eux sur lesquels repose leur légitimité. Comment dénoncer l’antisémitisme, la Shoah, si d’un autre côté l’État juif est raciste envers les palestiniens et commet un génocide envers eux ? C’est très visible concernant la seconde affirmation de Roni Braumann critiquée « la mémoire d’Auschwitz apparaît comme une espèce de crachat à la figure des Palestiniens »  ». Cela a été pour moi évident dans le discours du président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, lors de la commémoration des 80 ans d’Auschwitz, lorsqu’il à souligné sans vergogne, là-aussi, « que les horreurs d’Auschwitz et l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 étaient toutes deux inspirées par « la haine ancestrale des Juifs » »58. Personne, ni sur place ni dans la presse ni chez les politiques, pour rétablir au moins un semblant de mesure face à ce négationnisme exacerbé. Et pas un seul mot, bien-sûr, pour le génocide en cours à Gaza.

La seule solution à mon sens¨pour ne pas que l’État d’Israël s’autodétruise, c’est qu’il dépose les armes et fasse amende honorable. Qu’il reconnaisse ses torts, qu’il répare ce qu’il a consciencieusement détruit et qu’il indemnise les victimes. Et, il en est loin. Très loin.

Et, il n’est pas aidé en cela par les juifs sionistes de France y compris de « gauche » qui continuent de mettre de l’huile sur le feu en soutenant des positions sionistes relativistes voire négationnistes et attaquent le camp de la paix, les juifs non-sionistes et les pro-palestiniens, y compris ceux de gauche « extrême » comme ils disent. Une autre tribune celle-ci parue dans Le Monde59, est emblématique de cet état d’esprit. Il s’agit, sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, de combattre la gauche radicale et les pro-palestiniens et de valider le sionisme et sa propagande la plus nauséabonde.

Nous en resterons au début emblématique de l’article : « Nous sommes affolés de voir nos amis et nos familles avoir peur pour leurs enfants quand ceux-ci sont insultés ou menacés à l’école. Sidérés de voir que beaucoup n’osent plus s’exprimer lors d’échanges avec leurs collègues, ou en arrivent même à cacher leur judéité sur leur lieu de travail. Devant les croix gammées, les graffitis antisémites tagués sur nos vitrines ou boîtes aux lettres, nous n’avons rencontré que le silence, le déni ou l’indifférence de la gauche extrême ». Au lieu de dénoncer avec fermeté le crime de génocide pire que la Shoah qui se déroule à Gaza, les juifs sionistes de gauche français vont se victimiser.

Cela paraît toutefois too much. C’est la position de l’historienne Sophie Bessis le 6 mars 2025 dans son article critique, « Réponse aux « juifs de gauche » » : «J’aimerais, à cette occasion, demander aux personnes qui ont signé ce texte, et je les croirai sur parole, si l’une d’entre elle a vu sa boîte aux lettres souillée d’une croix gammée, un mur de son habitation taguée de slogans antisémites, ou s’est faite insulter dans la rue pour le fait d’être juive. Oui l’antisémitisme existe, non il ne frappe pas partout ni tout le monde de la même façon. La reprise d’éléments de langage destinés à installer la peur parmi les juifs participe à attiser les braises au lieu d’éteindre le feu. La mise dans le même sac d’exactions antisémites en France et du sort des otages du 7 octobre à Gaza relève du même objectif, celui d’entretenir chez les juifs français ou vivant en France la crainte de subir un sort funeste »60.

Et, last but not least, une autre tribune publiée dans le journal Le Monde, le 21 mars 2025 : « Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme ! »61 à l’initiative du collectif « Nous vivrons », un collectif de plus de 200 personnalités, parmi lesquelles : Sarah Aizenman, présidente du collectif Nous vivrons ; Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France ; Gabriel Attal, ancien premier ministre ; Elisabeth Badinter, philosophe ; Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations ; Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre ; Michaël Delafosse, maire (Parti socialiste) de Montpellier ; Christian Estrosi, maire (Horizons) de Nice ; Jérôme Guedj, député (PS) ; Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe ; Anne Hidalgo, maire (PS) de Paris ; François Hollande, ancien président de la République ; David Lisnard, maire (Les Républicains) de Cannes ; Mathias Ott, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT ; Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du travail et de l’emploi ; Laurence Rossignol, sénatrice (PS) ; Anne Sinclair, journaliste ; Mario Stasi, président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme ; Manuel Valls, ministre d’Etat, ministre des outre-mer ; Caroline Yadan, députée (Renaissance)., donc toute la crème des sionistes de droite droite qui pointe « la montée d’un antisionisme qui cache un antisémitisme actif ». Et, bien-sûr, les signataires utilisent toutes les ficelles de la propagande sioniste que nous venons de dénoncer pour victimiser l’Etat colonial génocidaire d’Israël et se victimiser eux-mêmes. Et nulle part ils ne condamnent les exactions d’Israël en particulier le génocide en cours.

Ces tribunes sont clairement des aveux d’échec total des propagandistes sionistes français. Ils ne sont pas arrivés à occulter le fiasco militaire. Israël n’a jamais été aussi peu en paix et en sécurité qu’en ce moment. Puis il y eu le fiasco de la bataille du droit, la CIJ étant en train d’instruire le crime de génocide à Gaza et la CPI ayant émis des mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, faisant d’eux, et de l’État d’Israël, des parias internationaux. Et là, les sionistes et leurs soutiens ont perdu la bataille de l’information parce qu’ils ont perdu la bataille de la morale. Un génocide est un génocide et c’est un crime réprouvé par la morale et condamné par le droit international. Et que ce soit Israël, l’Etat qui se dit légitimé par un génocide qui commette un génocide, est une horreur encore plus insoutenable.

Déjà le 22 mai 2021 Norman Finkelstein62. dans une interview d’Aaron Maté63 disait : « « Vous me posez la question « Est-ce qu’Israël a le droit de se défendre ? » Mais je pose la question différemment. Je la pose comme une question rhétorique différente. Ma question à Bernie Sanders, pour qui j’ai le plus grand respect, et pas seulement parce qu’on est allés au même lycée, à Omar Shaker, pour qui j’ai un encore plus grand respect, car il a vraiment été remarquable cette semaine, à Hagai El-Ad, pour qui j’ai encore plus, plus de respect, car je dis tout cela depuis mon appartement à Ocean Parkway, Brooklyn, certes un vieux quartier juif où il y a plein de Russes dingos, mais c’est Brooklyn, alors que lui s’exprime depuis Israël, donc en termes de courage physique, je reconnais qu’on n’est pas du même gabarit. Je dis à tous ceux-là : vous posez tous la question rhétorique « Israël n’a-t-il pas le droit de se défendre ? », mais je vous pose la question : « Est-ce que des gardiens de camps de concentration ont le droit de se défendre ? » C’est à mes yeux une question qui laisse perplexe, à laquelle la réponse est parfaitement évidente. Est-ce que les gardiens de camp de concentration ont le droit de se défendre ? »

Thèse qu’il explique plus profondément après le 7 octobre : « Condamnez-vous ce que le Hamas a fait le 7 octobre ? Je pense que les personnes honnêtes reconnaîtront que ce n’est pas une question facile. Et, cela m’a pris beaucoup de temps pour trouver comment répondre à cette question. Je savais instinctivement, intuitivement, que je ne pouvais pas condamner ce que le Hamas a fait. Non pas parce que je suis un radical enflammé ou un djihadiste détraqué, la raison pour laquelle je ne pouvais pas le condamner était parce que j’avais passé les 15 dernières années à documenter ce qui avait été fait au peuple de Gaza. Et là où ils se trouvaient le 6 octobre, face à cette connaissance, quelque chose me disait que je ne pouvais pas condamner. A quoi est-ce que je fais référence ? Le simple fait est que depuis 1948, quand Gaza est devenue Gaza en 1948, depuis 1948, chaque fois – et je devrais clarifier pour les plus jeunes dans la salle, Gaza était sous contrôle administratif égyptien de 1948 à 1967, en 1967 elle est passée sous contrôle israélien -, mais il y a un dénominateur commun entre ces deux expériences, égyptienne puis israélienne. Le dénominateur commun était que chaque observateur externe qui venait à Gaza repartait en la décrivant comme un camp de concentration. C’est vrai pour les responsables de l’ONU dans les années 1950. C’est vrai, pour les plus âgés dans la salle, le père de notre ancien candidat présidentiel, Al Gore. Le père d’Al Gore est allé visiter Gaza, son père était aussi sénateur. Il est allé visiter Gaza juste après qu’Israël l’ait conquise. Il s’est présenté devant le Congrès et a dit : « Gaza est un immense camp de concentration ». En 2004, le chef du Conseil de Sécurité nationale d’Israël, l’équivalent de notre directeur de la CIA, a écrit, je cite : « Gaza est un immense camp de concentration ». Chaque observateur venant à Gaza repartait avec la même image mentale. Pour ceux d’entre vous qui ne le savent pas, la moitié, la moitié des détenus de ce camp de concentration sont des enfants. Imaginez que cette salle soit à moitié remplie d’enfants, d’ici à là-bas, au milieu jusqu’au bout, des enfants, c’est ça Gaza. Et tous, tous, sont nés dans un camp de concentration. Mais ce n’est, je suis désolé de le dire, ce n’est que le début car à partir de 2006, Israël a imposé ce blocus brutal sur Gaza, un blocus où ils ont interdit le chocolat d’entrer à Gaza. Ils ont interdit au linge pour bébé d’entrer à Gaza. Ils ont interdit aux chips de pomme de terre d’entrer à Gaza. La liste des choses qu’ils ont interdites était si longue qu’ils ont finalement décidé de simplement composer une liste de ce qui peut entrer à Gaza. Donc nous avons un camp de concentration, aggravé par un siège brutal, médiéval, criminel de Gaza. Et puis Israël lance périodiquement ses tueries high-tech à Gaza. Certains d’entre vous se souviendront des noms, 2008-9, Opération Plomb durci, 2012, Opération Pilier de défense, 2014, Opération Bordure protectrice. Pendant Bordure protectrice, le chef , le chef du comité International de la Croix Rouge, Peter Maurer, a fait un tour de Gaza après ce qu’Israël a fait pendant Bordure protectrice. Et il a commenté, je cite : « dans toute ma vie professionnelle, je n’ai jamais vue une telle destruction que celle que j’ai vue à Gaza ». « Dans toute ma vie professionnelle », une personne dont le CV entier consiste à visiter des zones de combat. Il a dit, « je n’ai jamais vu une telle destruction que celle que j’ai vue à Gaza ». Maintenant devinez quoi, vous êtes prêts pour ça ? Pendant l’Opération Bordure protectrice, il y avait 2,5 millions de tonnes de décombres laissés derrière, 2,5. Ça semble terrible, n’est-ce pas ? Ça semble horrible, n’est-ce pas ? Ça semble épouvantable, n’est-ce pas ? Ça vous laisse stupéfait, n’est-ce pas ? Pour moi, oui. Mais l’estimation actuelle est qu’Israël, à ce jour, a laissé derrière lui 50 millions de tonnes de décombres. 20 fois plus que Bordure protectrice quand Peter Maurer disait « je n’ai jamais vu une destruction comme celle-ci auparavant ». Pendant Bordure protectrice, 18 000 maisons ont été détruites ou gravement endommagées. Vous savez quel est le chiffre maintenant ? Environ 300 000. 92% des maisons à Gaza, ont été endommagées ou détruites.92%. 92%, c’est une sacrée réussite. Pas étonnant que les israéliens soient si heureux. C’est une accomplissement assez impressionnant. Donc, voilà ce qu’était Gaza. Un camp de concentration aggravé par un siège médiéval, aggravé par des tueries périodiques. Et à vrai dire, le monde avait oublié Gaza au 6 octobre. Toutes les discussions en ville portaient sur les Accords d’Abraham et si les Saoudiens allaient les rejoindre. Et il semblait aux habitants de Gaza que tout le conflit régional allait être résolu par-dessus leurs têtes. 60% des jeunes à Gaza étaient sans emploi. Tout ce qu’ils avaient à attendre chaque jour, pour toute leur vie, parce que la plupart d’entre eux sont nés après que le siège ait été imposé en 2006. Donc, ces jeunes hommes à gaza qui ont fait sauter les portes le 7 octobre ont fait sauter les portes du camp de concentration. Ces jeunes hommes, ils sont nés dans un camp de concentration. Il fait 42 km de long, la longueur d’un marathon, 8 km de large. Tout ce qu’ils avaient à faire chaque jour était de longer le périmètre du camp de concentration. Ils n’avaient pas de passé, ils n’avaient pas de présent, ils n’avaient pas d’avenir. Ils sont nés dans un camp de concentration. Ils ont langui dans ce camp de concentration. ET au 6 octobre, ils étaient destinés à y mourir. Face à ces faits, il me semble qu’on peut, même si cela peut sembler contradictoire, on peut dire simultanément que des horreurs se sont produites le 7 octobre, je ne crois pas qu’en l’état actuel de nos connaissances on puisse contester que le Hamas a commis des atrocités de masse le 7 octobre. Je crois qu’on peut reconnaître ce fait, mais dire simultanément, je refuse de condamner ceux qui ont perpétré ces actes parce qu’on ne leur a laissé aucun choix, aucune option, sauf de naître, de languir, et de mourir dans un camp de concentration »64.

Comme le disait Rony Brauman lors du colloque : « L’idée que des gens qui dirigent un État issu d’un génocide puissent eux-mêmes être accusés de commettre un génocide était considéré comme absolument irrecevable, scandaleuse voire dégoûtante ». Mais cela c’est transformé aujourd’hui. Qu’un «État issu d’un génocide puisse commettre un génocide est absolument irrecevable, scandaleux voire dégoûtant». Et, il est « absolument irrecevable, scandaleux voire dégoûtant » que des personnes soutiennent un tel État. Comment ces sionistes peuvent-ils oser dénier, relativiser voire justifier l’horreur absolue 2.0 que commet l’État colonial génocidaire d’Israël ? Ils sont bien au-delà de la banalité du mal chère à Hannah Arendt. Ils sont dans le mal absolu.

 

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4 « Nous, Français juifs, n’avons rencontré que le silence, le déni ou l’indifférence de la gauche extrême face à l’antisémitisme » Publié le 01 mars 2025
L’explosion antisémite que traverse notre pays ne trouble pas ceux qui, d’ordinaire, s’insurgent contre le racisme, dénonce un collectif de personnalités, parmi lesquelles la sociologue Eva Illouz ou l’historienne Annette Wieviorka, dans une tribune au « Monde ». https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/01/nous-francais-juifs-n-avons-rencontre-que-le-silence-le-deni-ou-l-indifference-de-la-gauche-extreme-face-a-l-antisemitisme_6570985_3232.html

5 Voir : « Chroniques sur la question palestinienne (1) Comment Macron-Darmanin-Dupond-Moretti et le CRIF ont instrumentalisé l’antisémitisme après le 7 octobre. » Jean-François CHAZERANS,1er juillet 2025.
« Une polémique a éclaté, mardi 14 novembre [2023], après les propos tenus sur RMC par Abdelali Mamoun, un des imams de la Grande Mosquée de Paris : « Où sont ces 1 200 [1 518 en réalité] actes antisémites ? J’aimerais bien qu’on les dévoile pour que nous puissions être véritablement solidaires. Je ne dis pas que les chiffres sont faux mais ils ne sont pas dévoilés, pas apparents. J’aurais voulu qu’on dise : “Telle synagogue a été profanée, tel cimetière a été profané, tel individu de confession juive a été agressé.” »…https://chazerans.fr/2025/07/chroniques-sur-la-question-palestinienne-1/

6 « Chroniques sur la question palestinienne (2) Carole Delga est-elle la « porte-parole de la duplicité et la complicité abjecte de cette bourgeoisie blanche » et coloniale ? » Jean-François CHAZERANS 11 juillet 2025. « Suite au visuel posté par rima Hassan lors de la dernière campagne pour les européennes : Delga, PS : « Oui il faut interdire les manifs pro-palestiniennes en France », l’un de mes amis a posté le message suivant que j’ai relayé : « Soutien militant d’un crime contre l’humanité qui dure depuis 20 mois, H24. Justifier l’assassinat de milliers d’enfants palestiniens, car une vie israélienne n’a pas le même prix que celle d’un « animal palestinien »☠️☠️☠️ J’attends le tribunal qui va juger et condamner la duplicité immonde et la complicité abjecte de cette bourgeoisie blanche veule et barbare qui a cru rééditer les génocides tropicaux d’antan en toute impunité au XXIème siècle ». https://chazerans.fr/2025/07/chroniques-sur-la-question-palestinienne-2/

7 Voir par exemple : « Israël-Palestine, le 7 octobre et après (1) : un cadrage médiatique verrouillé » par Julien Deroni, lundi 12 février 2024, https://www.acrimed.org/Israel-Palestine-le-7-octobre-et-apres-1-un

10 Publié à l’origine dans le Monde diplomatique d’octobre 2024, https://www.monde-diplomatique.fr/2024/10/HALIMI/67664 , republié dans Le Monde diplomatique. Manière de voir « L’antisémitisme et ses instrumentalisations » (fév.-mars 25) https://www.monde-diplomatique.fr/mav/199/

12 Voir par exemple « NKM et Alain Juppé condamnés pour avoir diffamé Jean-Luc Mélenchon » Ouest-France, Modifié le 18/11/2015 à 14h53.
« Nathalie Kosciusko-Morizet et Alain Juppé ont été condamnés pour avoir accusé Jean-Luc Mélenchon, en 2012, d’accointances antisémites. Jean-François Copé a été relaxé ».
« La cour d’appel de Paris a relaxé mercredi Jean-François Copé, poursuivi en diffamation par Jean-Luc Mélenchon pour l’avoir accusé en 2012 d’accointances antisémites, mais a confirmé la condamnation de Nathalie Kosciusko-Morizet et Alain Juppé. En première instance, ils avaient tous trois été condamnés à une amende de 1 000 euros avec sursis et avaient fait appel. En trois jours, Nathalie Kosciusko-Morizet, Alain Juppé et Jean-François Copé (Les Républicains) avaient successivement mis en cause l’ancien coprésident du Parti de gauche. Ils faisaient tous référence au compositeur grec Mikis Theodorakis, dont Jean-Luc Mélenchon avait relayé en 2011, sur son site, l’appel contre le régime d’austérité imposé à la Grèce. Un lien que les trois personnalités de l’UMP mettaient en parallèle avec des déclarations antisémites faites en 2003 par le même Mikis Theodorakis. Le 11 juin 2012, Mme Kosciusko-Morizet avait taxé, sur France 2, M. Mélenchon d’accueillir « sur son site, des gens qui (faisaient) profession d’antisémitisme ». Le lendemain, sur France Inter, Alain Juppé l’avait accusé d’« entretenir des relations sulfureuses avec certaines personnalités (…) qui (prônaient) l’antisémitisme. Mikis Theodorakis, c’est un copain de Jean-Luc Mélenchon ». M. Copé fermait le ban le surlendemain en reprochant au coprésident du Front de gauche de « (cautionner) des propos qui ne sont pas les nôtres », citant « l’antisémitisme ». M. Mélenchon a depuis nié avoir eu connaissance, à l’époque, des déclarations faites par M. Theodorakis en 2003. » https://www.ouest-france.fr/societe/justice/nkm-et-alain-juppe-condamnes-pour-avoir-diffame-jean-luc-melenchon-3849501
Voir aussi par exemple : « Antisémitisme : ce qu’a vraiment dit Jean-Luc Mélenchon » Par RÉDACTION, Publié le 25/03/2013 à 15:22, mis à jour le 01/06/2017 à 16:49. « Accusé en creux d’antisémitisme, en particulier par le premier secrétaire du parti socialiste, Jean-Luc Mélenchon a finalement été dédouané, après un dimanche très polémique. » https://www.lanouvellerepublique.fr/france-monde/antisemitisme-ce-qu-a-vraiment-dit-jean-luc-melenchon

13 Voir l’article déjà cité : « Chroniques sur la question palestinienne (1) Comment Macron-Darmanin-Dupond-Moretti et le CRIF ont instrumentalisé l’antisémitisme après le 7 octobre. » https://chazerans.fr/2025/07/chroniques-sur-la-question-palestinienne-1/

14 Voir : Robert Hirsch, historien « De quoi l’UJFP et TSEDEK sont-ils le nom ? » Raar, 23 juin 2025 https://raar.info/2025/06/de-quoi-lujfp-et-tsedek-sont-ils-le-nom/

19 « Eyal Sivan : « Israel est un pays qui n’a pas de limites » » https://www.youtube.com/watch?v=6Z4JZrUmESE [8mn 37s – 11mn 59s]

22 https://www.youtube.com/watch?v=jqc5jgn9tg8

23 Voir plus bas la conférence de Norman Finkelstein : «On peut dire simultanément que des horreurs se sont produites le 7 octobre, et refuser de condamner ceux qui ont perpétré ces actes parce qu’on ne leur a laissé aucun choix, aucune option, sauf de naître, de languir, et de mourir dans un camp de concentration ».

24 « Le printemps israélien d’Aurore Bergé, députée en chef », Jean Stern, 8 février 2021. « Enquête · Aurore Bergé, devenue le 20 juillet 2023 la nouvelle ministre des solidarités et des familles, affiche un soutien constant à la cause israélienne, et préside à l’Assemblée nationale le groupe d’amitié France-Israël. L’ambitieuse députée des Yvelines est également une proche du courant ultra-laïc du Printemps républicain, qui compte parmi ses partisans d’autres éminents pro-israéliens ». https://orientxxi.info/magazine/le-printemps-israelien-d-aurore-berge-deputee-en-chef,4502

26 « Gaza : «L’arête impossible à avaler dans la gorge d’Israël» », par Selim Nassib, écrivain publié le 4 mars 2025.
« Le désir ou le fantasme de la disparition des Palestiniens ne date pas d’hier, ni de la saillie délirante de Donald Trump. En réalité, la machine à confisquer des terres et à implanter des colonies n’a jamais cessé de tourner. Rien ne semble en mesure de s’opposer à la nouvelle ambition trumpiste, sinon deux millions d’habitants ». https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/gaza-larete-impossible-a-avaler-dans-la-gorge-disrael-par-selim-nassib-20250304_EVVOLLP6KRDZFDCCTSBGFAJBQU/?redirected=1
« La majorité des Israéliens soutiennent la proposition de Trump de déplacer la population de Gaza dans d’autres pays » 03/02/2025 https://jppi.org.il/en/%D7%A1%D7%A7%D7%A8-%D7%94%D7%97%D7%91%D7%A8%D7%94-%D7%94%D7%99%D7%A9%D7%A8%D7%90%D7%9C%D7%99%D7%AA-%D7%9C%D7%97%D7%95%D7%93%D7%A9-%D7%A4%D7%91%D7%A8%D7%95%D7%90%D7%A8-%D7%A8%D7%95%D7%91-%D7%92%D7%93/

27 Pour obtenir le film : https://www.tantura-film.com/ Concernant ce film, voir : « Nakba : la preuve par « Tantura » » Dominique Vidal 15 février 2023. « « Tantura » est un film documentaire qu’on ne peut pas oublier. Même moi qui écrivis, en 1998, le premier livre de synthèse des travaux des « nouveaux historiens israéliens », sa vision m’a sidéré par le rythme haletant de son alternance de films de l’époque et de témoignages, sans oublier les intervention d’historiens spécialisés ».
Ilan Pappé, qui s’inscrit depuis longtemps en faux contre le négationnisme étatique, résume : « C’était un nettoyage ethnique. Il n’y avait pas de grand programme, pas d’ordre supérieur de Ben Gourion. Vous vous assurez juste que les gens comprennent que moins il y aurait d’Arabes dans ce qui deviendrait l’État juif et mieux ce serait. Il n’y avait pas de “Guide du débutant de la purification ethnique”. Si vous pouvez le faire en les intimidant, deux jours avant, par des histoires d’horreur, c’est bon. Si ça ne marche pas, et que vous tirez sur deux ou trois d’entre eux et qu’ils partent, très bien. Si ça ne marche pas non plus parce qu’ils résistent et qu’il faut massacrer, alors vous massacrez. » https://blogs.mediapart.fr/dominique-vidal/blog/150223/nakba-la-preuve-par-tantura
Voir aussi « Israël ne peut plus enterrer le massacre de Tantura » Ilan Pappe, 5 février 2022. « Tantura participe du crime global contre l’humanité commis par Israël en 1948 et qui continue à ce jour – un crime qui est encore largement nié. Les films ou les thèses de juifs israéliens consciencieux ne suffisent pas à le rectifier ». https://www.middleeasteye.net/fr/opinionfr/palestine-israel-massacre-tantura-nakba-crime-pappe-katz-histoire
« Israël, 1948. Le massacre de Tantoura a bien eu lieu » Sylvain Cypel, 2 février 2022. « Révélé en 2000, le meurtre de plus de deux cents civils palestiniens par les forces israéliennes dans le village de Tantoura a longtemps été contesté et l’auteur des révélations calomnié, ostracisé, marginalisé par l’université. Vingt ans plus tard, un film confirme ses travaux : le massacre de Tantoura a bien eu lieu ». https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/israel-1948-le-massacre-de-tantoura-a-bien-eu-lieu,5338

28 Ne pas oublier que les massacres de Sabrah et Chatila sont considérés comme des crimes de génocide par l’ONU. Voir : « Résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies: Résolution 37/123 » (16 décembre 1982)
L’Assemblée générale,
Rappelant sa résolution 95 (I) du 11 décembre 1946,
Rappelant également sa résolution 96 (I) du 11 décembre 1946, dans laquelle elle , entre autres , que affirmait Le génocide est un crime de droit international que le monde civilisé condamne et pour lequel les auteurs et les complices – qu’il s’agisse de particuliers, de fonctionnaires ou d’hommes d’État, et que le crime soit commis pour des motifs religieux, raciaux, politiques ou autres – sont punissables.,
Se référant aux dispositions de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l’Assemblée générale le 9 décembre 1948, 6 /
Rappelant les dispositions pertinentes de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, 2 /
Consterné par le massacre à grande échelle de civils palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila situés à Beyrouth,
Reconnaissant l’indignation et la condamnation universelles de ce massacre,
Rappelant sa résolution ES-7/9 du 24 septembre 1982,
1. Condamne dans les termes les plus fermes le massacre à grande échelle de civils palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila ;
2. Détermine que le massacre était un acte de génocide. https://www.jewishvirtuallibrary.org/un-general-assembly-resolution-37-123-december-1982

29 Voir l’article déjà cité : « Chroniques sur la question palestinienne (3) Les soldats israéliens, bourreaux ET victimes ? » Jean-François CHAZERANS, 23 août 2025 https://chazerans.fr/2025/08/chroniques-sur-la-question-palestinienne-3/

30 « Israël ne commet pas de génocide à Gaza. Mais il pourrait s’y engager ». Benny Morris, 30 janvier 2025, mis à jour: 2 février 2025. « Israël ne commet pas de génocide à Gaza. Le procureur de La Haye et tous les éminents professeurs, depuis Omer Bartov jusqu’à ses subordonnés, qui parlent de génocide ont tort. Le gouvernement n’a aucune politique de génocide, les dirigeants israéliens n’ont pas décidé de commettre de génocide, il n’y a aucune intention délibérée d’exterminer les Palestiniens, et il n’y a aucun ordre du gouvernement à l’armée, ni des chefs militaires aux rangs opérationnels, d’assassiner « les Palestiniens ». » https://www.haaretz.com/opinion/2025-01-30/ty-article-opinion/.premium/its-either-two-states-or-genocide/00000194-b831-d5a7-ab9d-ffb9b2450000
Disponible sur : https://blogs.mediapart.fr/yves-romain/blog/020225/benny-morris-c-est-pas-un-genocide-mais-cela-y-ressemble
Voir aussi : « L’égarement sioniste : le cas de Benny Morris », Ivan Segré, Lundi matin, le 1er juillet 2025. « Un entretien avec l’historien israélien Benny Morris est paru dans un journal allemand (Frankfurter Allgemeine) le 20 juin dernier. La Revue K en a publié une traduction française dans son édition du 25 juin [1]. Morris y aborde successivement l’opération militaire israélienne en Iran (l’entretien est paru la veille de l’intervention nord-américaine), la guerre à Gaza, des points d’histoire relatifs à la situation en Palestine dans les années 1930-1948, enfin l’état politique de la question israélo-palestinienne. Ayant analysé précédemment dans LM le délire antisioniste d’Andreas Malm, je me propose ici d’analyser le délire sioniste de Benny Morris. Ainsi, l’état des lieux du délire antagonique sioniste/antisioniste sera provisoirement esquissé, à défaut d’en présenter un tableau clinique exhaustif. https://lundi.am/L-egarement-sioniste-le-cas-de-Benny-Morris

32 Tantura Massacre: Katz, Haifa University (#3 of series) https://www.youtube.com/watch?v=N4CBj_fQ678

33 Cité dans l’article : « Le massacre de Tantura en 1948 et la diffamation académique de Teddy Katz » Par Jonathan Ofir, Mondoweiss, 3 mars 2016
https://mondoweiss.net/2016/03/the-tantura-massacre-of-1948-and-the-academic-character-assassination-of-teddy-katz/

35 « Dénoncer l’armée israélienne : témoignages de sadisme et d’atrocités commises par des soldats en Palestine » par Quds News Network 24/12/2024 https://countercurrents.org/2024/12/exposing-israels-army-testimonies-of-sadism-and-atrocities-committed-by-soldiers/

39 Voir ici aussi : « Chroniques sur la question palestinienne (3) Les soldats israéliens, bourreaux ET victimes ? » Jean-François CHAZERANS, 23 août 2025.https://chazerans.fr/2025/08/chroniques-sur-la-question-palestinienne-3/

40 Ajout du 9 septembre 2025 : et Qatar.

41 Voir l’article déjà cité : « Chroniques sur la question palestinienne (3) Les soldats israéliens, bourreaux ET victimes ? » Jean-François CHAZERANS, 23 août 2025 https://chazerans.fr/2025/08/chroniques-sur-la-question-palestinienne-3/

43 « Le Ghetto de Varsovie et Gaza : troublantes similitudes » Par Steve Hutcheson https://archives-ism-france.org/analyses/Le-Ghetto-de-Varsovie-et-Gaza-troublantes-similitudes-article-8436

44 « Des soldats israéliens, bourreaux et victimes, soignés pour des troubles de stress post-traumatique : « Pour vous, nous sommes des monstres, n’est-ce pas ? » », par Isabelle Mandraud (Sitria, Tel-Aviv, envoyée spéciale), publié le 18 novembre 2024. «Le sort d’un autre réserviste apporte une lumière plus crue. Eliran Mizrahi, 40 ans, père de quatre enfants, conducteur lui aussi d’un D-9 bulldozer déployé à Gaza, s’est suicidé en juin, après cent quatre-vingt-six jours sur le terrain. Selon le témoignage de sa mère, rapporté par les médias israéliens, il disait ressentir du « sang invisible » s’écouler de son corps. Une semaine après, son copilote, Guy Zaken, avait affirmé, devant une commission parlementaire de la Knesset, le Parlement israélien, que les soldats avaient dû, à de nombreuses reprises, « écraser » des Palestiniens, « morts ou vivants, par centaines » ».

45 « La dernière vision d’Israël pour Gaza porte un nom : un camp de concentration » Par Meron Rapoport, le 1er avril 2025 « Incapable d’expulser immédiatement et massivement les Gazaouis, Israël semble déterminé à les forcer à vivre dans une zone confinée – et à laisser la famine et le désespoir faire le reste ». https://www.972mag.com/israel-gaza-concentration-camp-expulsion/
« Gaza : vers un “camp de concentration” ? » AJ+ français 8 avril 2025. « Le dernier plan d’Israël pour vider Gaza : “enfermer tous ses habitants dans un camp de concentration” ? » https://www.facebook.com/ajplusfrancais/videos/9485897124809919

46 « Israël commet le crime d’extermination et des actes de génocide à Gaza ». « La privation d’eau généralisée imposée par les autorités israéliennes menace la survie des habitants de Gaza » https://www.hrw.org/fr/news/2024/12/19/israel-commet-le-crime-dextermination-et-des-actes-de-genocide-gaza
« Les habitants de Gaza ne sont ni morts ni vivants, ce sont des cadavres ambulants.» Ces propos glaçants ont été rapportés mercredi 23 juillet 2025 par Philippe Lazzarini, le chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA), à propos de la famine en cours dans l’enclave palestinienne ».
« Comment Israël orchestre mathématiquement la famine à Gaza » Nina Bailly – 1er août 2025 à 20h55. https://www.slate.fr/monde/israel-orchestre-mathematiquement-famine-gaza-calories-guerre-aide-alimentaire

47 « Le transfert forcé de la population de Gaza n’est pas acceptable, juge l’ONU » 8 juillet 2025. « Alors que la guerre continue de faire rage dans la bande de Gaza, en attendant un hypothétique cessez-le-feu, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a critiqué mardi le projet relayé dans les médias concernant le transfert des quelque deux millions d’habitants de Gaza dans des lieux « plus sûrs » en dehors des territoires palestiniens occupés ». https://news.un.org/fr/story/2025/07/1157084
« À Gaza-Ville, la population exténuée n’a même plus la force de fuir » Par Vinciane Joly, 7 septembre 2025 à 18h27. « Israël, qui se prépare à envahir massivement l’enclave, a ordonné aux Palestiniens de partir vers Al-Mawasi une grande zone désolée située dans le sud-ouest de la bande, où la population manque de tout ». https://www.la-croix.com/international/a-gaza-ville-la-population-extenuee-n-a-meme-plus-la-force-de-fuir-20250907

48 Voir l’article déjà cité : « Chroniques sur la question palestinienne (3) Les soldats israéliens, bourreaux ET victimes ? » Jean-François CHAZERANS, 23 août 2025 https://chazerans.fr/2025/08/chroniques-sur-la-question-palestinienne-3/

49 « Des centaines de Palestiniens abattus sans discrimination par des soldats israéliens dans la « zone de mort » de Gaza » Par le personnel du MEE, 19 décembre 2024. « Le témoignage de soldats décrit des enfants abattus dans le centre de Gaza et qualifiés à titre posthume de « terroristes ». https://www.middleeasteye.net/news/hundreds-indiscriminately-shot-dead-israeli-soldiers-gaza-kill-zone

50 « Mass graves in Gaza show victims’ hands were tied, says UN rights office », UN, 23 avril 2024, https://news.un.org/en/story/2024/04/1148876

51 « Israël : l’apartheid contre le peuple palestinien expliqué en 5 réponses ». Publié le 24.02.2022 | Mis à jour le 29.07.2022. https://www.amnesty.fr/discriminations/actualites/apartheid-contre-le-peuple-palestinien-explique-questions

52 Voir par exemple : « Série de pogroms meurtriers en Cisjordanie ». Contre-attaque, 27 juin 2025 https://contre-attaque.net/2025/06/27/serie-de-pogroms-meurtriers-en-cisjordanie/

53 « Comment Israël orchestre mathématiquement la famine à Gaza » Nina Bailly – 1er août 2025 à 20h55. « En évaluant le nombre de calories nécessaires à la survie d’un individu et en laissant entrer ou pas de la nourriture, l’État hébreu calcule de manière millimétrée comment affamer la population de l’enclave palestinienne ». https://www.slate.fr/monde/israel-orchestre-mathematiquement-famine-gaza-calories-guerre-aide-alimentaire

54 « Gaza : le mécanisme de distribution de nourriture meurtrier mis en place par Israël et les États-Unis doit être immédiatement arrêté et le siège levé » MSF, 27 juin 2025 https://www.msf.fr/communiques-presse/gaza-le-mecanisme-de-distribution-de-nourriture-meurtrier-mis-en-place-par-israel-et-les-etats-unis-doit-etre-immediatement
Voir aussi : https://www.facebook.com/61578671425562/videos/1292721495659896

55 « « Bizarre et terrifiant » : des quadricoptères israéliens harcèlent et attaquent les habitants de la ville de Gaza », Maha Hussaini dans la ville de Gaza, Palestine occupée, 22 août 2025, 13 h 52. « Les Palestiniens affirment que l’utilisation croissante de drones armés pour attaquer les civils vise à les pousser vers le sud avant l’occupation prévue ». https://www.middleeasteye.net/news/bizarre-and-terrifying-israeli-drones-harass-and-attack-gaza-residents-ahead-occupation

56 « « Lavande » : l’IA qui dirige les bombardements israéliens à Gaza » Yuval Abraham, le 3 avril 2024. « L’armée israélienne a identifié des dizaines de milliers de Gazaouis comme suspects d’assassinat, en utilisant un système de ciblage par IA avec peu de surveillance humaine et une politique permissive en matière de pertes, révèlent +972 et Local Call ». https://www.972mag.com/lavender-ai-israeli-army-gaza/

57 « Environ 300 logements à Gaza détruits chaque jour par les robots chargés d’explosifs de l’armée israélienne » 1er septembre 2025. https://euromedmonitor.org/en/article/6844/Around-300-Gaza-residential-units-destroyed-each-day-by-Israeli-army%E2%80%99s-explosive-laden-robots

58 « 80 ans de la libération d’Auschwitz : un survivant condamne la « montée énorme » de l’antisémitisme » Par Le Nouvel Obs avec AFP Publié le 27 janvier 2025 https://www.nouvelobs.com/societe/20250127.OBS99571/80-ans-de-la-liberation-d-auschwitz-un-survivant-condamne-la-montee-enorme-de-l-antisemitisme.html

59 « Nous, Français juifs, n’avons rencontré que le silence, le déni ou l’indifférence de la gauche extrême face à l’antisémitisme » Publié le 01 mars 2025
L’explosion antisémite que traverse notre pays ne trouble pas ceux qui, d’ordinaire, s’insurgent contre le racisme, dénonce un collectif de personnalités, parmi lesquelles la sociologue Eva Illouz ou l’historienne Annette Wieviorka, dans une tribune au « Monde ». https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/01/nous-francais-juifs-n-avons-rencontre-que-le-silence-le-deni-ou-l-indifference-de-la-gauche-extreme-face-a-l-antisemitisme_6570985_3232.html

60 « Réponse aux « juifs de gauche » » Sophie Bessis Historienne 6 mars 2025
L’antisémitisme est un fléau trop grave pour abandonner le combat contre lui à des esprits enfermés dans une lecture univoque de la souffrance et de l’histoire, qui contribuent à en accroître les méfaits plutôt que de tenter de les limiter. Réaction à la tribune publiée dans Le Monde sur la supposée indifférence de la gauche face à l’antisémitisme. https://blogs.mediapart.fr/sophie-bessis/blog/060325/reponse-aux-juifs-de-gauche

62 Fils de juifs survivants du ghetto de Varsovie, il se fait connaître par sa thèse de doctorat démontant un best seller publié en 1984 par Joan Peters (en), From Time Immemorial (en) reprenant le mythe que la Palestine aurait été une « terre sans peuple pour un peuple sans terre », puis par ses écrits sur le conflit israélo-palestinien et sa critique de ce qu’il a appelé « l’Industrie de l’Holocauste », terme par lequel il désigne les organisations et les personnalités juives (notamment le Congrès juif mondial ou Elie Wiesel) qui, selon lui, instrumentalisent la Shoah dans un but politique (soutenir la politique israélienne) ou mercantile (obtenir des réparations financières de la part de l’Allemagne et de la Suisse).

63 « Norman Finkelstein : à Gaza, Israël commet un triple crime contre l’humanité », Interview du Professeur Norman Finkelstein par Aaron Maté, le 22 mai 2021, consacré au dernier affrontement entre Israël et Gaza. « Pour Norman Finkelstein, poser la question « Israël a-t-il le droit de se défendre face aux roquettes de Gaza ? » revient à demander si un gardien de camp de concentration a le droit de plaider la légitime défense lorsque les prisonniers essayent de se libérer. En somme, Israël a-t-il le droit de perpétuer ses crimes ? » http://newsnet.fr/191957

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